Heavy Week-End 2024 – Jour 1 (21.06.24)

La Lorraine a toujours été une terre de rock et de metal : avec la sidérurgie certes mais aussi avec bon nombre de festivals qui ont tenté leur chance sans pour autant pouvoir percer. On se souvient bien sûr des éditions du Sonisphere, du Metal Therapy, de Nancy on the Rocks qui malheureusement n'ont pas réussi à durer dans le temps. Cette année, le Zénith de Nancy, dans le cadre de la récente initiative Nancy Open Air qui avait déjà accueilli Muse l'année dernière, décide de tenter l'expérience du festival de hard rock/heavy metal.

Il faut dire que les lieux s'y prêtent bien : amphithéâtre en plein air pour accueillir "Those about to rock", salle en forme de guitare, proximité avec la capitale en TGV et surtout proche de nations frontalières fans de musiques amplifiées. La liste des groupes invités sur cette première édition du Heavy Week-End ressemble à un mini Hellfest ou Sweden Rock Festival, mais des craintes quant à l'affluence ont commencé à pointer le bout de leur nez lorsque des billets à 21 euros en fosse ont été mis en vente une dizaine de jours avant l'événement. Il reste également beaucoup de places en gradins et enfin la météo peu clémente du mois de juin menace de troubler la fête... Alors, que penser de cette première édition et notamment de cette première journée qui promettait beaucoup avec du lourd : The Last Internationale, Extreme et Scorpions ?

The Last Internationale - 18h30

Il est 18h30 pétantes lorsque The Last Internationale entre sur scène après un before assuré par le DJ Mathieu David (ou Vyuuse pour ceux qui l'ont connu lorsqu'il faisait partie de La Grosse Radio). Les gradins sont clairsemés et il est facile de se retrouver à la barrière pour observer le show des Américains. Lourde tâche donc pour le groupe d'insuffler de l'énergie aux spectateurs qui viennent de se prendre une bonne rincée.

Sans chichi, The Last Internationale commence par "Kick out the Jams", reprise de MC5 et dernier single en date. Edgey (guitare) est déjà bien excité et nous offre son jeu qui part un peu dans tous les sens. Le morceau bien engagé est suivi de "Life, Liberty and the Pursuit of Indian Blood", un classique du groupe. La vocaliste Delila Paz assure clairement dans le jeu de scène en n'hésitant pas à investir l'avant-scène. Malgré la forte luminosité en ce 21 juin, jour le plus long de l'année, on peut admirer déjà de beaux jeux de lumière. Mais le plus important est ce qui se passe devant nos yeux. Après un très led zeppien "1984", l'atmosphère se réchauffe lorsque la chanteuse demande au public de sauter, sur un gros riff de basse. Le contrat est rempli mais dans les gradins, c'est encore un peu timide.

Aucun problème pour Delila qui, malgré la mélodie calme de "Soul on Fire" décide d'aller titiller l'amphithéâtre. Après une bonne partie de la chanson au piano, elle enjambe les barrières et donne la parole à un fan puis va dans les gradins pour en faire chanter un autre qui porte un t-shirt à l'effigie du groupe. Il bruine un peu, mais qu'importe lorsqu'on est face à un tel esprit rock n' roll. Comme si escalader, courir et grimper ne suffisait pas, la chanteuse prend la basse pour entonner le classique "Wanted Man". De son côté Edgey gesticule dans tous les sens et crée un léger décalage entre la chanson et le public légèrement amorphe. Dommage car le groupe aurait mérité un accueil un peu plus enthousiaste. Il faut dire que certains en ont un peu soupé du groupe qui est déjà passé par deux fois dans l'Est en un an, en première partie de Shaka Ponk et Måneskin. Le public adhère quand même notamment en accompagnant Delila sur des "ouhou" du refrain.

Le groupe entonne ensuite "Hard Times" aux accents très bluesy. Aucune surprise quand on sait que Nina Simone est une des influences de la chanteuse. Mais l'esprit rock est toujours là notamment avec une belle impro de fin et un Edgey complètement possédé qui fait tourner sa guitare (en prenant soin de ne pas la fracasser contre les amplis).  Le concert se termine, au bout d'une heure pile, par le très rock "1968". Prenant sa mission de réchauffer le public à cœur, Delila redescend dans le public pour faire un circle of love. Faisant s'agenouiller le public, elle leur ordonne ensuite de sauter d'un coup. Contrat réussi pour The Last Internationale qui sera la bonne surprise de cette soirée. A revoir dans une salle un peu plus petite pour que l'énergie ne se perde pas, et avec un public acquis à sa cause.

Setlist The Last Internationale :

Kick out the Jams
Life, Liberty and the Pursuit of Indian Blood
1984
Hero
Soul on Fire
Wanted Man
Hard Times
1968

Extreme - 20h00

Après un nouvel interlude avec DJ Mathieu David, il est temps de laisser place à Extreme qui fait encore mieux que The Last Internationale niveau ponctualité puisqu'il démarre avec quatre minutes d'avance. Et on sait tout de suite qu'on va passer une heure et quart de pur bonheur. Gary Cherone très en forme démarre avec "It('s a Monster)". Le morceau très groovy met en valeur la basse de Pat Badger qui assure comme un monstre. Pendant tout le set, il sera d'une justesse et d'une puissance hallucinante. Le son est très bon et tout est audible, même les chœurs assurés par Pat et Nuno Bettencourt. Pas de répit puisqu'on enchaîne direct avec "Decadence Dance". La pyro est déjà utilisée, Gary s'amuse avec son pied de micro, on sent le groupe à l'aise. Sur les écrans apparaît le singe du dernier album Six et il est temps de passer à "#REBEL". Nuno signe un solo magnifique mais le guitariste est un peu limité physiquement avec notamment une attelle au genou droit. Petite pause dans la promotion du nouvel opus avec le classique "Kid Ego" et son gros groove led zeppien.

"BANSHEE" semble un peu moins bien reçu. Il faut dire que le groupe n'est pas vraiment en terrain conquis, la plupart du public ayant sécurisé les places aux premiers rangs pour Scorpions. Pas facile de s'immerger totalement dans l'énergie magique d'Extreme quand plusieurs spectateurs discutent ou même tournent le dos à la scène. Gary tente de faire bouger le public en entonnant un petit "We Will Rock You" qui rappelle la prestation au concert hommage à Freddie Mercury. Cette reprise sert d'intro à "Play With Me" joué à un train d'enfer. Le chanteur en profite pour monter sur les amplis et sauter sur scène. Gary Cherone, même après trente ans de carrière montre à quel point il est un frontman impressionnant.

Petit temps calme avec la mise en place du set acoustique. Pendant ce temps, Nuno prend la parole et demande au public qui a déjà vu Extreme et qui vient pour la première fois. Confirmation : les spectateurs sont venus pour Scorpions. Le guitariste blague en disant que ces derniers ont annulé, avant d'entonner "Hole Hearted". Ce moment intimiste est bienvenu et permet à Nuno de nous montrer sa sublime guitare douze cordes. On sent une vraie cohésion dans le groupe : tout le monde chante autour de Pat. Nouvelle intervention du guitariste qui explique que la chanson qui va venir est son moment préféré du show puisqu'il peut s'asseoir et que quand on a 58 ans, s'asseoir est presque comme avoir un orgasme. Seul au centre de la scène, il démarre "Midnight Express" et son sublime solo. Malheureusement peu en profitent, certains spectateurs arrivant à peine ou partant aux toilettes. Petite digression pour dire qu'on les comprend, les sanitaires étant LE point négatif du week-end (à peine une dizaine pour 15 000 spectateurs).

Il est temps de passer au moment de communion avec le public qui chante "More than Words", LE tube du groupe. Pour ne pas qu'une partie s'endorme, Extreme passe au très énergique "Cupid's Dead". Pat et Nuno changent de place, le bassiste joue même sur la guitare de son camarade. Leur belle complicité est communicative. Pour introduire l'épique "Am I Ever Gonna Change", Nuno se relance dans un solo stratosphérique puis le groupe déroule ce morceau dantesque même si Gary commence un peu à peiner dans les aigus. Mais on lui pardonne : à 62 ans, nous donner autant d'énergie, c'est plus que louable.

Comme si Nuno ne nous avait pas assez dégoûtés de notre niveau en guitare, il prend sa guitare signature Van Halen pour le classique "Flight of the Wounded Bumblebee". Il testera même son instrument en jouant un petit riff d'Eddie. Le groupe décide de nous achever avec un "Get the Funk Out" repris par le public sur injonction de Gary Cherone qu'on ne tient plus, qui court partout, danse jusqu'à la fin. Retour des jets de flamme pour réchauffer encore plus le public. Enfin, le set se termine par "RISE" issu du dernier album avec son refrain hyper efficace. Extreme a fait bien plus que le job malgré un public peu acquis à sa cause. Dommage pour un groupe qui mérite bien plus que de tourner en première partie de Scorpions. 

Setlist Extreme :

It ('s a Monster)
Decadence Dance
#REBEL
Kid Ego
Play With Me (avec un extrait de We Will Rock You)
Hole Hearted
Midnight Express
More Than Words
Cupid's Dead
Guitar Solo
Am I Ever Gonna Change
Flight of the Wounded Bumblebee
Get the Funk Out
RISE

Scorpions - 22h00 

Il est 22h03 lorsque Scorpions arrive sur scène et d'entrée l'atmosphère est différente : les gradins sont bien fournis, la fosse est remplie à plus de la moitié. Et ce n'est pas l'intro qui va nous faire mentir : le groupe n'a pas fait l'impasse sur les moyens. Le lightshow met directement dans l'ambiance. On a bien fait de patienter jusque 22h00 pour admirer les lumières et l'écran géant. Le batteur Mikkey Dee arrive sur son promontoire puis Klaus Meine entonne les premières notes de "Coming Home". Oui, il est ici chez lui, car la Lorraine a accueilli plusieurs fois le groupe avec grand succès. Ce morceau est issu de Love at First Sting, le grand classique de Scorpions et ce soir, les Allemands comptent bien fêter les quarante ans de cet opus quasi best-of.

Pourtant c'est avec le récent "Gas in the Tank" qu'enchaîne le groupe. Le bassiste Pawel Mąciwoda semble extrêmement solide, les guitaristes Rudolf Schenker et Matthias Jabs assurent le show avec leurs sourires et leurs prouesses et épaulent Klaus Meine qui reste statique. Il faut dire qu'à 76 ans, le chanteur a eu quelques soucis de santé. Il restera souvent devant son micro. Mais cela ne pose aucun souci, on a l'impression que Scorpions délivre une masterclass de heavy : rien n'est laissé au hasard, c'est pro et carré, sans en faire des caisses. Le public est encore assez calme alors pour réveiller la ferveur patriotique de la France (il faut dire qu'en même temps joue une équipe de foot sans panache à l'Euro), un énorme drapeau bleu-blanc-rouge est affiché sur les sublimes écrans. Et voilà que démarre "Make it Real". Le son est un peu brouillon, Klaus peine dans les aigus mais le spectacle est bien là avec ce représentant de l'album Animal Magnetism. Issu du même opus, "The Zoo" est dantesque : le public se réveille notamment lorsque Klaus Meine distribue une montagne de drumsticks. Cela lui permet de dérouiller ses muscles et il s'avance sur le devant de la scène. "Coast to Coast" est un grand moment musical avec ses parties instrumentales épiques. Cela permet également au chanteur de reposer sa voix mais il ne compte pas rester inactif : il prend sa guitare pour épauler Rudolf et Matthias dans un superbe moment de connivence.

Puis Klaus demande au public s'il est prêt à repartir dans les années 80. Cela annonce bien sûr le retour de morceaux tirés de Love at First Sting. "I'm Leaving You" ouvre le bal, une demi heure est déjà passée et elle a filé à toute allure. Grand moment que "Crossfire" avec sa rythmique martiale balancée par Mikkey Dee. L'ex Motörhead brille de mille feux et est d'une précision et d'une efficacité redoutable. Un bonheur de le voir s'exprimer tout en haut de sa batterie. Quelques faussetés de la part de Klaus mais on lui pardonne et le public se charge de reprendre certaines parties tout comme sur "Bad Boys Running Wild". Dès les premières notes, les spectateurs s'agitent un peu plus et une belle communion entre Klaus et le public nait.

Il est temps pour Matthias de briller encore une fois avec son instrumentale "Delicate Dance". Rudolf part se reposer et laisse la place à Ingo Powitzer, un des techniciens guitare. Puis le quart d'heure américain arrive avec tout d'abord "Send Me An Angel" reprise en douceur par le public et bien sûr "Wind of Change". Le morceau est déjà puissant à la base mais avec tout Nancy qui chante et les images de mur barbelé qui se brise au fur et à mesure, c'est un grand moment. Pour le premier couplet, le groupe a même mis les paroles mais personne n'aurait eu besoin de ce karaoké pour chanter en chœur.

"Tease Me Please Me" contraste énormément avec ses gros riffs qui tranchent et les jets de flamme bienvenus pour réchauffer l'atmosphère un peu humide. Instant photo avec les trois musiciens qui prennent la pose dans un vrai moment rock. Ils continuent avec "The Same Thrill" aux accents punk : efficace mais sans plus. Puis Mikkey Dee prend les commandes pour un solo dantesque quoiqu'un tantinet long. Il termine avec une projection de machine à sous de casino assez hilarante.

Le groupe termine son set avec "Blackout" et "Big City Nights". Ce dernier, aux accents très 80s marche très bien et le public reprend en chœur le refrain. Certains spectateurs quittent déjà l'amphithéâtre mais il reste deux chansons très attendues. Le rappel commence par "Still Loving You" repris en chœur par les 15 000 spectateurs qui agitent également leurs téléphones. Klaus se permet même de diriger, tel un Freddie Mercury, le public pour le faire chanter. Il est temps d'enfoncer le clou une bonne fois pour toutes avec "Rock You Like a Hurricane" et son déluge de flamme. Klaus encore un peu à la peine laisse le public continuer avec le rythme de Mikkey Dee.

Le groupe termine ce concert de façon magistrale et montre encore une fois que malgré les années, il est toujours là. Les deux guitaristes ont régalé le public avec leurs prouesses techniques et leur gentillesse, Pawel a su tenir la baraque, Mikkey Dee fut impressionnant et virevoltant et enfin respect à Klaus qui malgré les années arrive toujours à nous faire vibrer.

Setlist Scorpions :

Coming Home
Gas in the Tank
Make It Real
The Zoo
Coast to Coast
I'm Leaving You
Crossfire
Bad Boys Running Wild
Delicate Dance (avec Ingo Powitzer à la place de Rudolf Schenker)
Send Me an Angel
Wind of Change
Tease Me Please Me
The Same Thrill
Solo de Mikkey Dee
Blackout
Big City Nights

Rappel :
Still Loving You
Rock You Like a Hurricane

Crédit photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe. 



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