Parfois, quelques mots valent mieux que de longs discours. Nous vous donc proposons désormais, au côté de chroniques plus détaillées, des "chroniques express" afin de mettre en avant des disques qui méritent d’être écoutés !
Deux ans après l’EP Inner Wars dont on vous parlait ici, le combo bordelais Matrass présente un premier album synonyme de virage assumé vers le post metal progressif.
Matrass prend de la hauteur et joue des contrastes dans les huit titres de Cathedrals. Les compositions, ambitieuses, riches d’influences, embarquent aisément l’auditeur dans l’univers du quintette bordelais, aussi mystérieux qu’introspectif. De nombreux passages aériens et contemplatifs courent au long de l’album. De l’instrumentale atmosphérique ("Adrift") au prog rock doux et touchant, avec des perturbations et surprises distillées habilement (le chant dissimulé et le saxophone dans "Silence"), la bande touche au prog rock et cultive un univers singulier.
Cathedrals est illuminé par la présence vocale de Clémentine Browne, dont le chant clair, non dénué d’imperfections, est chargé d’émotions, mais qui se révèle vraiment dans les passages saturés et gutturaux très marquants après des temps plus doux. Matrass sait aussi varier les approches : des passages surprenants surgissent, la rythmique se dérobe comme sur "Reaching Heights", vocalement très intéressant, avec une brisure dans les aigus pour un effet poignant.
Les pistes les plus marquantes sont construites en crescendo, avec une identité post hardcore plus affirmée. "Appetite for Comfort" glisse avec fougue du prog moderne au post metal, la basse claquante de Corentin Lagrue en avant. Des vagues de puissance viennent s’abattre, la saturation est libérée, dans le chant guttural ou les riffs de Victor Roger et Simon Michot, et c’est là que le groupe délivre toute sa force émotionnelle.
Et pourtant, les moments d’explosivité, de groove et de gros riffs sont distribués avec parcimonie, comme mesurés. À la fois on savoure ces moments habilement menés, mais en même temps on regrette qu’il n’y ait pas encore plus de gnaque et d’impact. Sur l’ultime piste "Cathedrals", la belle explosion post hardcore n’arrive qu’en point d’orgue – avant l’outro à l’orgue d’église. La grosse intro pleine de saccades math rock débouche, avant la tempête, sur des passages plus calmes où se mêlent voix parlée et chant éthéré. Les cathédrales ici sont intérieures, intimes, et renvoient à cette introspection peu aisée qui est le fil rouge de l’opus.
Tracklist :
1. Shreds
2. Journey
3. Glimpses
4. Appetite For Comfort
5. Adrift
6. Reaching Heights
7. Silence
8. Cathedrals
Cathedrals, premier album de Matrass, est déjà disponible ici.