Quatre jours après son passage sur la Main Stage du Hellfest, le trio néo-zélandais conclut sa tournée européenne en tête d’affiche avec une halte à Paris avant une ultime date en Allemagne. Un public venu nombreux se presse devant Petit Bain à 20h pour une soirée qui s’annonce bien plus animée que le match de foot qui vient de s’achever.
Homecoming
On avait déjà pu découvrir le combo parisien Homecoming en ouverture du concert de Ufomammut en décembre dernier. Le quatuor propose un post rock inclassable mêlant des sonorités stoner et des moments plutôt metal, cri et riffs lourds en avant, à des passages progressifs, jazzy ou plus ambiants et mélodiques. Le projet semble ambitieux sur le papier, mais la réalisation est impeccable et le capital sympathie du groupe, ici chez lui, ne fait aucun doute. Les têtes s’agitent, et Petit Bain déjà bien rempli applaudit chaleureusement les musiciens qui quittent la scène après 30 minutes de set. Le second album de Homecoming, Those We Knew, est sorti il y a quelques semaines.
Alien Weaponry
Le public français est familier du trio qui compte déjà trois Hellfest d’affilée, et a surtout participé à l’événement du début d’année 2023 sur la planète metal en ouvrant pour la tournée de Gojira à Bordeaux, Lyon et Paris. Avec à son actif deux albums, Tū (2018) et Tangaroa (2021), le combo de thrash / groove metal originaire de Nouvelle-Zélande a une carrière déjà longue malgré le jeune âge des musiciens : les deux frères Henry (batterie, chant) et Lewis (chant, guitare) de Jong ont en effet fondé Alien Weaponry alors qu’ils étaient enfants.
Les trois musiciens ont en commun d’avoir des ancêtres maori (peuple autochtone de Nouvelle-Zélande), et la plupart des paroles des morceaux sont en te reo, la langue maori. Ce souci de préserver et de mettre en avant les traditions, les combats et la voix d’un peuple longtemps forcé au silence est la marque de fabrique du groupe, et cela se transmet dès le début du concert avec un haka guerrier signé Henry en guise d’introduction, salué par un Petit Bain bien rempli, conquis d’avance, et prêt à plonger dans la fièvre tribale et guerrière du combo.
Le son est excellent, toute la puissance et le groove résonnent parfaitement dans la salle, le chant puissant de Lewis et les choeurs des deux autres musiciens parfaitement audibles. Le public ne s’y trompe pas et les pogos endiablés qui se forment dès le premier morceau ne faibliront qu’à la fin du concert, s’interrompant à peine pour quelques walls of death spontanés sur des morceaux particulièrement puissants ("Holding My Breath", "Tangaroa"), un circle pit sur le morceau "Rū Ana Te Wheuna" (invoquant des ancêtres guerriers victorieux) ou même quelques slams courageux sur l’imparable et tribal "Hatupatu".
Extrêmement proche de son public, le groupe semble très à l’aise, bien plus que sur les grandes scènes foulées l’an dernier. Le bassiste Tūranga Morgan-Edmonds déborde d’énergie, prend des poses avec son instrument, interagit en permanence avec les spectateurs et forme un duo dynamique avec Lewis, très expressif et impressionnant techniquement : les riffs sont irrésistibles, le public s’agite, et le bateau tangue. Le seul bémol à la soirée se trouve du côté des lumières, ou plutôt de l’absence totale d’éclairage sur le batteur / chanteur / hurleur Henry de Jong. Plongé dans la pénombre en permanence, ce dernier n’a cependant pas manqué de livrer une prestation démente, assurant au chant tout en martyrisant sa batterie.
Ce moment de partage avec le public s’achève après de nombreux remerciements du groupe adressés à l’équipe, aux techniciens, mais aussi à certains membres du public repérés pour leur ferveur par Turanga. Alien Weaponry signe un sans faute ce soir avec ce set généreux et endiablé qui a retourné Petit Bain, où la température a sérieusement augmenté.
Textes : Julie L
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