Bilan du Hellfest 2024 : l'édition du renouveau pour le festival ?

[Hellfest] – Bilan de l’édition 2024 : l’année du renouveau pour le festival clissonais ?

Hellfest 2024 - Bilan de la dix-septième édition

Une nouvelle édition s'est achevée ! Comme l'année dernière La Grosse Radio vous propose une couverture la plus complète possible du festival. Nous avons publié de nombreux articles pour vous faire vivre (ou revivre le festival) comme si vous y étiez. Au programme,  des articles détaillés sur les plus grosses têtes d'affiche et les concerts qui nous ont le plus marqués, ainsi que quatre articles live report récapitulatif de chacune des journées du festival. Au total, c'est près d'une cinquantaine de concerts parmi les 176 groupes que nous avons pu couvrir. Désormais, il est temps de dresser le bilan de cette édition. Une édition qui aura fait beaucoup parler d'elle du fait d'une programmation beaucoup plus ouverte et diversifiée qu'auparavant. Ce qui nous a fait nous poser la question suivante : 2024, année du renouveau pour le Hellfest ?

Des concerts qui auront marqué, mais aussi divisé les festivaliers...

A commencer par les têtes d’affiche du festival : Pour commencer le jeudi, un show à la pointe de la technologie avec Avenged Sevenfold. Les Américains ont possiblement montré ce à quoi vont ressembler certains concerts dans les années à venir. A savoir des shows sur écrans hyper réalistes avec de la réalité augmentée qui remplaceront possiblement à termes les effets pyrotechniques.

Nous vous avons aussi parlé de Machine Head, qui peut surprendre pour un choix de tête d’affiche, mais qui a ravi les festivaliers fan de la formation. Le samedi, Metallica, classique et incontournable, a été à la hauteur des attentes des fans. Des fans très courageux pour avoir survécu à la météo peu favorable en fin de soirée.

Nous vous avons également parlé du show des Foo Fighters, sans aucun doute le choix de tête d’affiche le plus controversé, qui aura divisé les spectateurs, et qui en dit surtout beaucoup sur la stratégie du festival d’ouverture à un plus grand public. Le show très politisé des Shaka Ponk n’aura pas laissé indifférent les festivaliers. Déjà par le choix de les programmer, car il est vrai que le groupe n’a jamais aussi été très affilié au metal, mais aussi par le message politique porté par le sextette. Un engagement affirmé qui a une résonance toute particulière dans le contexte des élections organisées ce même week-end. 

Nous vous avons aussi fait (re)vivre le show déjà mémorable de Queens of the Stone Age et de son leader Josh Homme. Nous avons d’ailleurs pu l’interroger en conférence de presse. Ce dernier nous a dévoilé un projet particulièrement intrigant et peu commun au sein d'un lieu emblématique de la capitale.

Bruce Dickinson, échappé d'Iron Maiden, nous a également marqués. Tout comme Tom Morello, à jamais associé à Rage Against The Machine. Nous avons également voulu faire un focus sur Frank Carter & The Rattlesnakes, Polyphia et Chelsea Wolfe.

Crédit photos : Sara Jisr / @GroovyMochi 

Parmi les moments forts du Hellfest, on notera notamment l’engagement du festival avec l’association Savage Lands. Cette association s’est engagée à lutter contre la déforestation au Costa Rica avec un investissement de près d’un million d’euro sur cinq ans. Le collectif mené par Sylvain Demercastel (un activiste musicien) et soutenu par Dirk Verbeuren de Megadeth s’est d’ailleurs produit sur la MainStage lors de cette édition. Le live faisait la part belle à différents invités du monde rock metal. 

Le samedi a d’ailleurs accueilli des groupes avec de nombreuses artistes féminines, qui nous ont littéralement bluffés pour la plupart. Rien que le samedi, on a eu le droit à The Interrupters, les Françaises de Fallen Lillies, Brutus, Julie Christmas, Chelsea Wolfe ou encore Eivør. Tous ces groupes ont comme point commun d’avoir une leader féminine. On ne peut qu’apprécier une telle initiative, car ces artistes se sont particulièrement distinguées ce samedi parmi les autres groupes entièrement masculins. Ce n’est certes pas encore la parité. Mais il y a tout de même une progression de ce côté-là qui a été faite. Pour les autres jours, citons aussi Blues Pills, Sylvaine, Gel, Hotwax, et bien sûr le duo de choc coup de cœur des Nova Twins

Crédit photos : Sara Jisr/@GroovyMochi 

Nous avons aussi assisté à des shows très plaisants côté Français. Mention spéciale au duo Bad Situations, qui a rassemblé le public en nombre à 10h30 du matin. Nous publierons par ailleurs une interview du duo, avec notamment Aziz, le fameux youtubeur Dealer2metal. Autre mention spéciale aux remplaçants français de dernière minute, qui ont relevé le challenge haut la main : les Marseillais de LANDMVRKS, et leur pyrotechnie à gogo. Le public de la Main Stage était d’ailleurs en feu par la même occasion pour le groupe ayant remplacé Bad Omens. Mentionnons aussi l’électro ambiant dark synthwave de la française SIERRA sur la Valley, le dark rock des Nantais Dust Lovers, le Goth-rock de Sang-Froid ou encore le metalcore de Stinky. Et bien sûr tous les autres et très nombreux concerts du festival (plus de 200 groupes), dont nous vous racontons pour un certain nombre, les sets dans notre dossier. Certains sets ont d’ailleurs de quoi surprendre ! Jugez-en par vous-mêmes avec nos comptes-rendus de chaque journée : le jeudi ici, là le vendredi, le samedi et enfin le dimanche.

Crédit photos : Denis Adam (1-4) ; Sara Jisr (5-6)

Un Hellfest avec comme toujours son lot de nouveautés

La grande nouveauté de cette année est sans conteste l’installation d’une machine mécanique en forme de femme-scorpion. Nommée la Gardienne des Ténèbres, la machine s’inscrit très bien dans l’écosystème local et régional. On pense évidemment à l’Ile aux Machines, un des lieux les plus emblématiques de la ville de Nantes. En plus de s’animer, et de cracher du feu et de l’eau, la petite nouvelle du festival a véritablement contribué à renforcer l’immersion des festivaliers.

La “Death Alley”, ou rue de la soif du HF, installée au metal corner, a permis toujours plus de bars (six nouveaux), et toujours plus de boissons. N’étant en majorité pas trop friands d’alcool, les journalistes de La Grosse Radio ne donneront donc pas leur avis sur le sujet.

Une Fan Zone a été installée au metal corner. Cette dernière a permis à certains festivaliers qui en avaient les moyens (99 euros en plus du prix du pass) de bénéficier d’une zone avec des services supplémentaires. A savoir : des animations, des masseurs, des zones d’ombres, des places assises et un bar. Des premiers retours, qu’on a pu en avoir, le retour sur investissement d’une telle zone ne valait peut être pas le coup, et les services étaient parfois un peu limités, et trop peu nombreux. Au total, 2000 pass fan-zones se sont écoulés.

Notons aussi le nouveau Hellfest Kids, une zone de concerts l’après midi du mercredi avec des animations musicales dédiée aux jeunes écoliers scolarisés sur l'agglomération Clisson-Sèvre et Maine.

Crédit photos : Denis Adam / @d.adam.photography

Ce qui nous a plus cette année

Tout d’abord (dans l’ensemble), nous avons très souvent ressenti une bonne ambiance sur le festival. Mis à part de rares cas, l’ambiance est restée conviviale, bon enfant et bienveillante. L’application mobile du festival permet d’avoir les dernières informations importantes sur place (un remplacement, une information logistique etc).

Nous saluons également l’ouverture toujours plus grande du festival à d’autres genres de musiques en symbiose avec le metal (plus de rock, plus de musique urbaine, d’electro, de funk, de folk etc). Le tout sans renier l’essence même des musiques extrêmes du festival. La programmation est quant à elle restée excellente et variée dans son ensemble, avec de très jolis noms en haut de l’affiche. Les journées sont orientées selon des thèmes musicaux (le jeudi plutôt metal moderne, le vendredi plus prog et expérimental, le samedi plus rock heavy à l'ancienne, et le dimanche plus rock grand public). 

Crédit photos : Denis Adam / @d.adam.photography

La nouvelle Valley installée l’année dernière reste un succès et permet de mieux répartir le son et la foule. Il y avait d'ailleurs également des zones de repos acoustique autour de cette scène. Le son sur les Main Stages a quasiment toujours été excellent. 

Le festival semble toujours avoir autant de succès, et devient une réussite internationale. Pour preuve : le nombre de journalistes et spectateurs étrangers du monde entier présents pour l’événement. Autre point positif : l’application “Hellcare” pour signaler des comportements abusifs, ce qui a permis d’en calmer certains selon les témoignages. C'est également une bonne idée d’avoir des référents à qui parler en cas de besoin. Les bénévoles "Hellcare" distribuaient d'ailleurs des protections de verre anti drogue, ainsi que des protections auditives. Les bénévoles font vivre ce festival et dans des conditions tout à fait acceptables et non abusives. Ce qui est loin d’être le cas partout ailleurs.

Crédit photos : Sara Jisr / @GroovyMochi 

Les points négatifs et les petits couacs de cette édition

Le Hellfest a néanmoins eu son lot de maladresses, de ratés et d’autres points négatifs que nous nous devions objectivement de relever. Le son dans les tentes (et dans une moindre mesure à la Valley), a globalement été très inégal. Et c'est sans compter le bruit en arrière fonds des Main Stages. La localisation des tentes pose en effet toujours souci. Quelques couacs techniques sont à signaler aussi avec le show de Crosses et son problème de sono, qui a empêché aux spectateurs d’apprécier (en grande partie)  la performance tant attendue du projet électro-rock de Chino Moreno des Deftones. Et quelques petits problèmes de sono ont retardé d’autres concerts…

Nous avons constaté des problèmes surprenants sur les boissons et la nourriture comme l’impossibilité de prendre un demi de bière (que des pintes de 60cl), alors que ce n’est techniquement pas difficile à mettre en place… La raison à cela étant le manque de gobelet de 30cl… Soit… Mais l’organisation avait-elle vraiment besoin de ça pour battre le record de consommation de bière sur le festival (500 000 litres de bière, et 20 000 de vin) ? On peut aussi se demander pourquoi être passé d’une offre de jus de fruits faits maison à une marque industrielle, surtout au regard des prix pratiqués (9 euros le smoothie industriel…). Comme toujours le prix des boissons et de la nourriture du festival sont exorbitants. Est-on obligé d’avoir des standards proches de ceux du tournoi de Roland Garros ? Sans parler également des quantités servies dans les assiettes qui ne calent que rarement nos estomacs, mises à part quelques rares exceptions. 

La circulation continue d’être difficile à la sortie (embouteillages), et sur le site, notamment lors du show de la tête d’affiche en soirée. Le premier jour, rentrer au festival a pu prendre un certain temps pour les festivaliers. Malgré l’installation d’un plus grand nombre d’antennes réseau, ce dernier pose toujours problème. Il fallait vraiment ne pas perdre ses camarades festivaliers. Si le matin, le réseau tenait globalement, il se faisait de plus en plus rare l'après-midi. Notamment autour des scènes et dans les lieux où la foule se fait très dense. Cela dit, existe-t-il un aussi gros festival qui fait mieux en la matière actuellement ?

Il fallait évoquer aussi la fin du festival, qui a surpris de nombreux festivaliers, s’attendant au classique feu d’artifice. Le fait de ne pas en tirer ne pose en soi aucun problème. On pourrait d’ailleurs même saluer le fait de ne pas en faire pour des raisons écologiques. Et on espère même que le Hellfest n'aura aucun remord à ne pas communiquer en ce sens. Ce qui pose problème, c’est surtout la communication du festival. Après la pluie battante du samedi, de nombreux festivaliers ne pensaient pas que les quelques feux tirés à la fin de Metallica faisaient office de "vrai" feu d'artifice. Certains bénévoles n’étaient d’ailleurs même pas au courant qu’il n'y aurait aucun feu d’artifice le dimanche. L’application du festival aurait pu être utilisée à ce sujet par exemple.

Enfin, le festival aurait également pu remercier les festivaliers sur les écrans du festival. Et non pas rappeler simplement de manière brute sur les écrans l’ouverture des ventes de l’édition 2025 le 9 juillet, soit un peu plus d’une semaine après le dernier jour du festival. Cela a laissé un goût amer à un certain nombre de festivaliers... Alors qu’on aurait pu avoir une plus belle conclusion à ces quatre jours de musique.

Crédit photos : Sara Jisr / @GroovyMochi 

En conclusion

Ces quelques détails et axes d'améliorations restent marginaux au regard de l’expérience globale. Le Hellfest reste une expérience à vivre pour tout passionné de musique qui se respecte. On ne peut que saluer l’organisation millimétrée d’un tel événement et sa programmation artistique éclectique et de qualité. Le Hellfest est devenu année après année une institution, et un festival de référence en France et à l’international. Comme toujours, ces quatre jours ont donné la part belle à près de 180 groupes au sein d’un cadre unique et ultra-immersif. Même si on ne saurait contester le côté parfois un peu trop "Disneyland"

Certes, le Hellfest n’est plus le même festival qu’il y a quelques années. Il évolue avec une programmation plus variée et plus rock qui amène des festivaliers différents, et plus néophytes du genre metal. Ce qui a le mérite de permettre à certains de découvrir des groupes dont ils n'auraient peut être jamais entendu parler. Cette situation ne peut que renforcer la cohabitation entre des festivaliers habitués et des festivaliers novices et plus curieux. Car oui, si les puristes vont peut-être râler, le Hellfest, plus qu'un simple festival, c'est une expérience à vivre. Pour peu qu'on ne soit pas réfractaire au rock et à ses dérivés musicaux.

L'année 2024 n'est donc pas celle du changement mais de la continuité. Le festival  reste certes attaché son ADN de musique extrême, il s'inscrit cependant dans une tendance visible d'année en année. Celle de diversifier son offre, en programmant sur les scènes principales des groupes plus grand public, plus rock. S'ajoute à cela l'argument du renouvellement des têtes d'affiche metal actuelle (Iron Maiden, Metallica, Judas Priest, AC/DC...) . Pas étonnant donc que pour toutes ces raisons, la direction du festival ne ferme pas la porte à Muse,  Green Day ou Placebo...

Dans tous les cas, on a déjà hâte de découvrir l’affiche de l’année prochaine, curieux aussi de voir comment le festival pourra continuer à nous surprendre. Quoiqu’on en dise, cet événement continue d’être une bulle de fraîcheur qui fait du bien dans un contexte parfois morose et difficile.

Pour l'heure, profitez bien de ce dossier live report Hellfest 2024 !  Ecrit par nos deux rédacteurs, Jérémy C et Antoine_D, il aura pour but de vous faire vivre ou revivre le festival comme si vous y étiez !  Ce dossier sera illustré par des photos de notre team de photographes : Sara Jisr et Denis Adam. Des photographes qui ont photographié les artistes au plus près, parfois même à leurs risques et périls. 



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