[Hellfest 2024] Samedi 29 juin : Des artistes féminines à l’honneur pour faire oublier la pluie

Hellfest - Samedi 29 Juin 2024

La pluie joue les troubles-fêtes en cette journée du samedi. Pas de quoi décourager les festivaliers, venus assister au retour de Metallica à Clisson, ou des Français de Mass Hysteria. Pourtant ce ne sont pas forcément les plus gros groupes qui nous ont fait la meilleure impression aujourd'hui, mais certainement des groupes plus inattendus sur les scènes spécialisées. En particulier aujourd'hui, le Hellfest a fait la part belle à de nombreuses artistes féminines très talentueuses, qui nous ont parfois vraiment marqués.

En cette troisisième journée du Hellfest, il se produit en effet des artistes féminines solo tels que Eivør, Julie Christmas, Eihwar, ou encore Chelsea Wolfe. Se trouvent également quelques groupes menées par une chanteuse (The Interrupters, Brutus, Përl, Gaupa, Crystal Viper, Spotlights), et même des groupes 100% féminins (Fallen Lillies et Konvent). Au programme du jour également : des figures emblématiques du hard-rock, le prometteur fils de Van Halen, du black-metal façon western, et un groupe de death qui a fait l'unanimité.

Nos concerts du samedi 29 juin : 

Crédit Photo : Sara Jisr @ GroovyMochi

Fallen Lillies - Warzone - 11h05

Par Antoine_D,

Malgré les premières gouttes de pluie de la journée, il y avait un sacré petit monde pour aller voir les Fallen Lillies. Le combo a la particularité d’être 100% féminin (comme quatre autres groupes sur cette édition). Ce qui n’est pas sans rappeler une certaine filiation avec les groupes féminins de heavy-rock suédois, comme les regrettés Crucified Barbara, ou plus récemment les Thundermother par exemple. Fallen Lillies revient d’ailleurs cette année au Hellfest, après avoir joué une première fois en 2019 en ayant gagné le concours tremplin la même année.

L’énergie est bien présente sur scène, et la chanteuse Hélène Schmitt a une vraie présence sur scène. Elle transmet vraiment des ondes très positive au public en ce début de journée. Mention spéciale aussi aux instrumentistes qui mettent tout autant d’énergie dans leur prestation. Que ce soit Laura Barbier à la guitare, Ludivine Guignot à la basse ou encore Marine Granjon à la batterie. Pour l'anecdote, Marine mène une double vie, comme raconté en interview. Toujours ingénieure de profession, elle consacre la majeure partie de ses congés à partir en tournée et jouer de la musique pour son groupe.

Crédit photo : Denis Adam

La musique est aussi un moyen de faire passer des messages sur de nombreux faits de société chers au groupe (le harcèlement de rue, l’avortement, les violences faites aux femmes etc). Par exemple, le très bon “Puppet Show”, nous rentre bien la tête ce matin. Mais en s’intéressant aux paroles a posteriori, on constate que le morceau, tiré du dernier album No Master For Lilly, est aussi une forte critique de l’influence des médias dans la société. 

Le groupe met également en avant l’importance de la scène locale, et rend notamment hommage durant le set à l’Atelier des Môles, sa salle de concert fétiche à Montbéliard. Le temps défile sans qu’on se soucie de la pluie. D’ailleurs la chanteuse le laisse transparaître à demi-mots, si elles sont super contentes d’être là, elles ont aussi l’air assez déçu de n’avoir joué que trente minutes. 

Et ce ne sont pas quelques gouttes d’eau qui vont empêcher Hélène d’aller chanter au plus près du public devant la barrière sur “Backlash”. Le morceau est d’ailleurs bien pensé pour faire chanter le public, à l’ancienne ! Finalement et malgré le mauvais temps, on ne peut qu’ apprécier ce réveil devant ces quatre rockeuses, avec des chansons aux riffs bien punchy, Il ne fallait pas plus pour bien démarrer la journée. 

Crédit photo : Denis Adam

Sanguisugabogg - Altar - 14h20

Par Jérémy C,

 Depuis la fin de matinée, le grand ciel bleu s’est habillé de gros nuage gorgés d’eau qui s'abattent sur le Hellfest jusqu'en fin de soirée. Mais qu’à cela ne tienne, c’est du côté de l’Altar couverte que Sanguisugabogg nous donne rendez-vous en ce tout début d’après-midi. Devant un petit backdrop sombre reprenant différents supplices et tortures de façon morbide, le tout surplombé par le logo au design typiquement death du combo américain, se tient fièrement la batterie de Cody DavidsonPas de grosses caisses classiques mais bien électroniques. Le concert d’Hrafngrimr venant  tout juste de se terminer, une foule assez conséquente investit les lieux, remplissant le pit rapidement jusqu’à la régie son.

Le guitariste Drew Arnold et le bassiste Cedrik Davis entrent en premier, rapidement suivis par Cody et enfin Devin Swank, le front-man à la carrure impressionnante. Dernier regroupement autour de la batterie, ultime cri de guerre, la bagarre commence. Dès les premiers accords de « Black Market Vasectomy », piste introductive du dernier excellent opus intitulé Homicidal Ecstasy, les premiers pogos et headbangs soutenus commencent eux aussi à pleuvoir. 

Crédit photo : Denis Adam

Le son très technique du combo natif de Colombus est vraiment équilibré à la perfection. La double pédale surpuissante vient clôturer cette belle entrée en matière. Cedrik fait vraiment le show durant la quasi totalité du set, n’hésitant pas à tournoyer sur lui même et envoyer de grands chassés tout en délivrant des lignes de basse lourdes à la rythmique hyper soutenue. La fosse le leur rend bien, de nombreux circle pit l’animeront notamment pour « Hungry for Your Insides », « Feening for Bloodshed » ou même « A Lesson in Savagery ».

Assez statique sur la scène, Devin motive quand même à de multiples reprises ses troupes, les arrosant de temps en temps pour rafraîchir les esprits des plus acharnés. A l’annonce du cinquième anniversaire jour pour jour du tout premier concert ainsi que des 39 printemps de Cody, la totalité de l’Altar entonne un « Happy Birthday » improvisé avant la reprise de la violence dès les premiers growls gutturaux de Devin pour « Mortal Admonishment ». C’est enfin avec le plus gros wall of death réalisé sous l’Altar pour cette édition du Hellfest que Sanguisugabogg clôt son set sur « Dead as Shit » issue de son premier opus Tortured Whole . C’est avec ce final brutal que le quatuor américain nous quitte, confortant son statut de valeur montante de la scène death mondiale actuelle. A très vite messieurs !

Setlist

Black Market Vasectomy
Hungry for Your Insides
Feening for Bloodshed
Face Ripped Off
A Lesson in Savagery
Mortal Admonishment
Dragged by a Truck
Permanently Fucked
Necrosexual Deviant

Dead as Shit

Crédit photos : Denis Adam

Wayfarer - Temple  - 15h10

Par Antoine_D,

Un groupe un peu “OVNI” joue sous la Temple en ce début d’après-midi. Un mélange de genres assez unique puisque les américains de WAYFARER, proposent un mélange assez osé entre musique de western et black metal.  Bien que nous ne connaissions que peu le groupe, nous reconnaissons quelques classiques de la formation, tels que “The Thousand Tombs of Western Promise” ou “The Cattle Thief”. Il y a bien ce côté martial/lent qui se retrouve dans le black marié au côté bluesy voire un peu country des musiques de western.   

Pourtant, de notre place un peu à l'arrière de la scène, nous avons tout de même du mal à discerner cette ambiance western. L’impression est plutôt d’assister à la performance d’un groupe de black metal assez classique. Il est difficile d'identifier les nuances de musique western, ne serait-ce que par petites touches. Les seules parties qui rendent bien sont celles plus acoustiques, pour le coup vraiment classes. Le reste est malheureusement un peu noyé dans le mix avec une trop forte présence de la batterie. Ce qui sort un peu de l’expérience et de l’immersion. 

Cela dit, la proposition est tellement originale que cela vaut toujours la peine de s’arrêter pour assister à ce type de show, ne serait-ce que pour quelques chansons. Un groupe à certainement revoir en salle dans des conditions sonores plus favorables.

Brutus - 16h00 - Valley

Par Antoine_D,

Brutus, c’est un peu le groupe dont tout le monde parle sur le festival. Le groupe belge de post-rock porté par la batteuse et chanteuse Stefanie Mannaerts s’est en effet taillé une forte réputation. Une progression en flèche notamment en France depuis son premier passage sur la Warzone en 2019. Le Hellfest ne déroge pas à la règle, les Belges sont bien les chouchous du public sur ce festival. 

Mais le fait que le groupe soit toujours un peu vu dans l’imaginaire comme un groupe “perle rare” ou “pépite”, a peut-être causé des problèmes à l’organisation lors de la constitution du running order. En effet, il est légitime de se demander pourquoi les Belges sont programmés si tôt sur la Valley, alors que Stratovarius en face n'est pas non plus une tête d’affiche qui va attirer les foules. Résultat, la Valley est pleine à craquer pour l’heure du goûter, un fait rare sur le festival clissonnais. 

D’entrée après un accueil triomphant, les Belges nous plongent dans leur ambiance post-rock mélancolique avec “War”. Ce morceau d’intro commence tranquillement par quelques notes de guitare accompagnées de la voix légèrement râpeuse, puissante et atypique de Stefanie.  C’est le morceau idéal de montée en puissance, jusqu’à ce moment de libération qui se fait attendre entre plusieurs accords de guitares un peu saturés. Une fois arrivé à ce moment, on se laisse entrainer par des riffs bien plus rock et post-hardcore. Puis survient cet effet “mur de son” grâce aux accords et notes répétés très rapidement de la part de Stijn Vanhoegaerden associés aux doubles blast de la batterie. 

L'énergie que Stefanie Mannaerts déploie derrière les fûts est inroyable. Paradoxalement, son côté réservé entre les morceaux contraste avec l'intensité de sa performance à la batterie et au chant, ajoutant une dimension fascinante à sa présence scénique. Et c’est peut être aussi ce qui lui donne une certaine aura lors de ses prestations. Globalement, le show se poursuit dans la même dynamique, un post-rock mélancolique rempli d’émotions et d’introspection que ce soit sur le très bon “Liar” ou “Brave”. La formule ne change pas, et il n’y a pas forcément un morceau qui ressort plus qu’un autre.

Crédit photo : Sara Jisr @GroovyMochi

La prestation globale s’écoute bien, mis à part le fait qu’il semble y avoir des problèmes de son dans le mix : la basse de Peter Mulders et la batterie sont beaucoup trop fortes par rapport à la guitare. Cela donne parfois une sensation assez inconfortable. Le son du fest ayant été globalement bon, ce petit problème est peut être le gros point noir de ce set. 

Le concert se poursuit avec l’interlude ”Miles Away” sur lequel Stefanie use beaucoup de son glockenspiel ( instrument de percussion à lames de métal)  pour ajouter des sonorités douces et envoûtantes. La Belge capte toute l’attention du public et les deux autres musiciens sont un peu en retrait. Il faut dire que sa présence scénique à la batterie est telle qu’il est dur de lui prendre la place.

S'ensuit alors le morceau le plus intense du set avec “Brave”, qui voit vraiment Stefanie monter parfois assez haut vocalement. Sa voix est quand même sacrément unique et envoutante. S'ensuivent deux morceaux plus introspectifs et mélancoliques avec “What Have We Done” et “Victoria”. Ces deux titres du dernier album Unison sont les deux qui nous mettent le plus de frissons du set. Le groupe termine alors avec beaucoup de joie et de plaisir son set sur le doux et délicieux “Sugar Dragon” et son final post-hardcore très marqué. Très honorés de l'accueil chaleureux du public, les Belges semblaient vraiment très contents d’être là. 

Le seul reproche que nous pourrions formuler est la tendance à s'appuyer un peu trop sur la même formule, manquant ainsi de surprise et de variété dans les compositions. Pour ces raisons, on sort tout de même un peu mitigé et pas aussi enthousiastes que de nombreux festivaliers qui voit Brutus comme le groupe du festival. De notre côté, nous espérons que le prochain album saura vraiment faire décoller ce groupe en proposant quelque chose de différent, et d'encore plus rafraîchissant. 

Setlist :

War
Liar
Justice de Julia II
Miles Away
Brave
What Have We Done
Victoria
Sugar Dragon

Crédit photo : Sara Jisr / @GroovyMochi 

Mammoth WVH - Mainstage 1 - 16h50

Par Antoine_D,

Si tout le monde connait le guitariste Eddie Van Halen pour sa carrière et ses innovations guitaristiques, le fils est pour l'instant plus méconnudu grand public. Programmé il y a deux ans, Mammoth WVH, le groupe du fils Van Halen, n'avait pas pu venir jouer à cause des effets de la pandémie. Pas de faux pas cette fois en 2024 pour Wolfgang, le guitariste mais aussi chanteur. Dès les premiers pas sur scène, nous avons hâte de voir si la relève Van Halen est assurée ! Avec déjà deux albums à son actif (Mammoth WVH (2021) et Mammoth II (2023)), le fils Van Halen devrait avoir de quoi satisfaire nos oreilles.

Le fils joue un genre qui n'est pas tout à fait celui du paternel. Mammoth est plutôt du heavy-rock moderne, si possible avec un son saturé qui envoie bien. Malgré cela, le fils joue quand même sur des guitares EVH, l'entreprise de guitare d'Eddie Van Halen (aujourd'hui une filiale de Fender). D'ailleurs son EVH verte est sûrement une des plus jolies qu'on ait pu voir du week-end. 

Le son distinctif de Mammoth se remarque dès qu'il débute son show avec “You Are To Blame”, puis “Right?”. Les chansons sont toutes hyper efficaces, pas le temps de s’ennuyer et le son est vraiment un des meilleurs de ce week-end. La saturation est en effet très bien calibrée et heavy comme il faut. Mention spéciale au son quand il est joué un peu étouffé grâce à la technique palm-muting du guitariste : un vrai délice sonore.

Crédit Photo : Florentine Pautet pour le Hellfest

Mais ce qu’on apprécie peut être le plus c’est surtout l’attitude des artistes sur scène. Wolfie respire la musique et l’humilité, malgré une certaine introversion un peu apparente. Très focalisé sur son EVH, il fait un show sans fioriture en enchaînant les morceaux et en communiquant de manière rapide et efficace avec le public. Mais pas besoin de parler quand le bon son fait le reste après tout. On adore notamment les parties “breakdowns” des chansons, qui rendent le live beaucoup plus vivant que sur un album. C’est le cas par exemple lors de la fin de “Like a Pastime” ou encore “Optimist”.  Il y avait cette peur que le live soit un peu générique comme sur les albums, notre doute s’est vite dissipé ! 

Wolfie a une technique très impressionnante, ce qui lui permet de sublimer le genre de sa musique parfois réputée un peu générique. Entre son toucher très facile, ses rythmiques, ou encore la qualité des harmonies et des mélodies, il y a semble t-il un certain don pour la musique dans la famille. Et bien sûr que dire des solos comme celui en tapping sur le tube “Take a Bow”. Il y a un peu la patte d’Eddie Van Halen chez l’Américain sur ces parties. D’ailleurs à noter que Wolfie, en plus d'être multi-instrumentaliste est aussi le compositeur de toutes ses chansons.

Le défaut du set ? Il passe beaucoup trop vite. Le guitariste, qui a déjà participé au show des Oscars en compagnie de Slash et Ryan Gosling, conclut le show avec deux de ses meilleures chansons : “Don't Back Down” et “Another Celebration at the End of the World”. On a dans tous les cas hâte de voir la suite de la carrière du fils Van Halen. Ce jeune guitariste a sans exagération mis au tapis toutes les productions de heavy-rock mainstream actuelles en l’espace de 40 minutes ! Le phénomène est à suivre…

Crédit photo : Florentine Pautet, pour le Hellfest

Setlist

You're To Blame
Right?
Like A Pastime
Optimist
Stone
Take A Bow
Don't Back Down
Another Celebration at the End of the World

Yngwie Malmsteen - Mainstage 2 - 17h40

Par Antoine_D,

Après Steve Vai il y a deux ans, c’est un autre guitar hero qui va jouer sur la Mainstage aujourd'hui. Et pas n’importe lequel, puisqu' il s’agit du Suédois Yngwie Malmsteen, l’inventeur du genre néoclassique à la guitare. Un genre qui adapte des pièces de musique classique en version hard rock. En effet, c’est d’abord de son goût pour la musique classique (et du violon) qu’est venue l’idée à Yngwie d’adapter une telle musique sur une guitare électrique saturée. Mais s' il a certes créé un genre à lui tout seul et qu’il est certainement un des guitaristes les plus rapides au monde, le guitariste est aussi connu pour son côté un peu arrogant et bling-bling. 

En conférence de presse un peu plus tôt, le guitariste annonce la couleur. “Est-ce que c’est plus dur pour vous aujourd’hui de jouer aussi vite et aussi technique à 61 ans ?” lui demande un journaliste britannique. “Pas du tout, c’est même plus facile aujourd’hui pour moi, je n’ai jamais aussi bien joué, il suffit d’avoir une bonne hygiène de vie.” répond Yngwie. On a donc hâte de voir ce guitariste sur scène nous faire son spectacle. 

D’entrée le guitariste n’y va pas de main morte et joue peut être son morceau le plus connu,“The Rising Force”. A la suite du titre, ce n’est pas Yngwie lui-même mais son bassiste qui introduit le show en indiquant que le groupe va jouer un mix du répertoire du Suédois. Le roi Malmsteen n’allait quand même pas commencer à parler au public… 

Le show se poursuit avec des chansons sûrement difficiles à identifier pour les festivaliers. Il arrive cependant une reprise de Jean-Sébastien Bach, “Badinerie”, quant à elle un peu plus connue. Pour le reste, Yngwie Malmsteen fait une démonstration technique de son instrument fétiche : sa Stratocaster signature blanc vintage. Il n’utilise d’ailleurs que celle-là sur scène et en possède même plusieurs pour le set. Et cela malgré une collection de plus de 150 guitares !   Cela ennuie certainement certains festivaliers qui voient là quelque chose d’assez répétitif. Pourtant les fans de technique apprécieront la vitesse d’exécution de ce jeu d’arpèges, et de ces enchaînements de legato et de sweet picking. 

Ce qui marque surtout, c’est bien le côté ostentatoire du personnage. Une Rolex Daytona en or au poignet, des chaînes, colliers et des bijoux en or, en veux-tu en voilà. Yngwie Malmsteen a bien tout du cliché de la rockstar arrogante, mais lui, il l’assume complètement. Le virtuose a d’ailleurs un logo de la scuderia collé sur le dos de sa Strat qu’il montre fièrement vers la fin du set. Car Yngwie est un fan de Ferrari qui collectionne plusieurs modèles dont il est particulièrement fier. Il n’a d’ailleurs étonnamment pas sorti son collier avec le logo Ferrari en or massif. Comme il nous l’avait confié il y a quelques années dans une interview passionnante, “une Ferrari et une voiture c’est différent. Les Porsche et les Bentley, c’est bien mais ce n’est pas la vie”.

Après avoir montré qu’il n’y avait personne sur le festival pour rivaliser avec lui, Yngwie termine son set en faisant le show. Une fois un de ses solos terminés, il jette sa guitare et laisse sonner les sons stridents qu’il arrive à générer, notamment avec l’effet de feedback des amplis. Un moment très rock 'n' Roll, inspiré par Jimi Hendrix qu’il voyait alors qu’il était un enfant casser des guitares, mais sans le son ! Finalement Yngwie Malmsteen avait l’air très heureux sur scène. Il va même jusqu’à nous faire penser qu’il n’est peut-être pas si arrogant que cela. Yngwie Malmsteen salue alors théâtralement son auditoire et termine un set qui n’aura pas laissé indifférent. Bellissimo !

Setlist :

Rising Force
Top Down, Foot Down
Soldier
Into Valhalla
Relentless Fury
Badinere (Johan Sebastian Bach cover)
Far Beyond the Sun
Seventh Sign
Trilogy Suite Op: 5
Overture
Fugue
I'll See the Light Tonight

Crédit Photo : Florentine Pautet pour le Hellfest

Chelsea Wolfe - Valley - 19h45

Chelsea Wolfe au Hellfest 2024 : Un concert mystique, entre ombre et lumière

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Crédit Photo : Sara Jisr @ GroovyMochi

Mass Hysteria - Mainstage 2  - 20h35

Par Jérémy C,

C’est sous une pluie battante qui s’abat toujours sur le site du Hellfest que commence avec quelques minutes de retard le set de Mass Hysteria. Bénéficiant de la présence du snake pit de Metallica (une mini-fan zone au milieu de la scène), le quintet parisien a choisi quelque privilégiés afin de vivre une expérience live unique : le "Tenace pit" ! Côté décor, la batterie de Raphaël Mercier est encadrée par quatre cubes qui se révèleront plus tard êtres des écrans au même titre que celui du backdrop. 

« Hellfest 2024, est-ce que vous avez peur de la pluie ? Est-ce que vous êtes prêts pour une heure de furia ? », lance le chanteur Mouss encore en backstage pendant le décompte final. Entrant en masse sur scène, c’est avec « Mass Veritas », la troisième piste de Tenace Part I, que Mass Hysteria lance les hostilités. Malgré la pluie, Mouss navigue allégrement sur le Tenace pit, provoquant un premier circle pit dans la seconde fosse lui faisant face.

Les classiques « Positif à bloc » et « Chiens de la casse » déchaînent les passions, un double circle pit voit notamment le jour (le seul de cette édition du Hellfest d’ailleurs) ainsi que les premières séries de slams. Mouss n’est pas le seul a donner de sa personne, le bassiste Jamie Ryan y va de ses petites interventions au micro pour remobiliser les troupes. Il accompagnera d’ailleurs, en compagnie du guitariste Fred Duquesne, le frontman en mode électron libre ce soir sur la piste du Tenace pit rendue extrêmement glissante. Le son est d’une précision chirurgicale, réglé à la perfection. Les blasts-beats ainsi que la double pédale de Raphaël feront des ravages lors de « Positif à bloc » tandis que l’énorme solo de Yann Heurtaux sur le break de « Nerf de boeuf » offrira un léger temps de répit à la fosse bien humide à présent.

La communion avec le public est totale. Les refrains de « L’enfer des dieux » apparaissant en mode karaoké en fond de scène sont repris à l’unisson dont le dernier a capella avec Mouss. Il en est de même pour les « ça va , ça va aller, aller » de « Reprendre mes esprits » tout comme les dernières salves de refrains de « L’émotif impérieux » qui l’a précédé. L’emblématique pochette de Contraddiction apparaît en backdrop et c’est un énorme jump en rythme avec les riffs puissants de Yann, Fred et Jamie qui marque au fer rouge ce titre éponyme de celui de l’album. 

Prenant un appareil photo jetable et s’en amusant, Mouss demande de faire mieux que Slaughter To Prevail et, en guise d’au revoir, un gigantesque wall of death sous la pluie est réalisé lors du dernier breakdown de « Plus que du metal ». « Si le silence est d’or, le bruit est de metal » et le moins que l’on puisse dire c’est que Mass Hysteria en aura fait, chauffant le public à blanc et confirmant son statut de bête de scène à la française !

Setlist :

Intro
Mass Veritas
Positif à bloc
Chiens de la casse
Nerf de bœuf
Se brûler sûrement
L’émotif impérieux
Reprendre mes esprits
Arômes complexes
L’enfer des dieux
Tenace
Contraddiction
Plus que du metal

Crédit Photo : Florentine Pautet pour le Hellfest

Bruce Dickinson - Mainstage 2 - 21h30

Bruce Dickinson au Hellfest 2024 : "Le soleil c'est fini, la pluie c'est gratuit, prenez du savon"

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Crédit photo : Florentine Pautet, pour le Hellfest

Metallica - Mainstage 1 - 22h45

Metallica au Hellfest 2024 : Un set en demi-teinte

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Crédit photo : Sara Jisr @ Groovymochi

The Interrupters - Warzone - 22h50

Par Antoine_D,

Alors que la pluie qui tombait fortement commence à se calmer, nous décidons de notre côté de ne pas aller voir Metallica et de laisser sa chance à un autre concert. Pas question de  marcher dans la boue et de se faufiler pour tenter d’entre-apercevoir James Hetfield et sa bande. En plus le groupe américain n’est que très peu visible sur les écrans-géants. Nous nous résolvons alors à aller plutôt du côté de la Warzone pour le début de The Interrupters, un groupe de ska-punk-rock hyper dynamique. Déjà passé au Hellfest il y a quelques années (en 2019), le groupe des frères Bivona  et d’Aimee Interrupter (Aimee Allen) est devenu une référence de la scène punk rock moderne. Le groupe a d’ailleurs ouvert pour Green Day à la Defense Arena, il y a de cela quelques semaines.

Et alors que nous n'en attendons pas grand chose car ce n’est pas forcément notre genre de prédilection, on se retrouve dans un concert qui est sûrement un des plus festifs auquel on ait pu assister ce week-end. Le groupe commence par une chanson plutôt punk rock “Gave You Everything” et la magie prend instantanément. Le combo enchaîne avec un titre un peu plus ska-punk, comme les deux suivants “Friend Like me”, ou “Title Holder”. On note en particulier le jeu de basse de Justin Bivona, qui grâce à ses techniques “walking bass” (descente de gamme note par note) rend les chansons très groovy et dansantes. 

Mais son frère Kevin Bivona à la guitare semble lui aussi avoir une énergie inépuisable. En plus de ses rythmiques syncopées typique du ska, il nous offre très souvent des petits solos très à la "Johnny B. Goode". A de nombreuses reprises on note ses enchaînements de notes bien rapides et ses motifs rapides pentatoniques assortis à quelques bends (quand le guitariste tire sur ses cordes), typique des solos rock ‘n’ roll . Le public aura même le droit à une réplique du solo mythique de Van Halen “Eruption”. Un clin d‘oeil à Wolfgang qui jouait le même jour, qui sait ?

Crédit photo : Sara Jisr / @GroovyMochi 

Aussi, il est assez taquin et Kevin est également en charge de faire le show avec le public. Il aime aussi faire des blagues avec le public, qui a préféré venir sur la Warzone plutôt que devant la tête d’affiche américaine. A plusieurs reprises, Kevin fera mine de commencer une reprise de Metallica en jouant le riff du morceau “Enter Sandman”, ou plus tard de “Nothing Else Matters” avant de se rétracter avec un “Non, non je ne vais pas faire ça”. Metallica est décidément bien surfait ce soir.  

Mais plus que ça, le guitariste communique beaucoup avec le public tout comme la frontwoman Aimee. Et comment ne pas parler de cette chanteuse ? Outre sa joie de vivre communicative et sa bonne humeur, sa voix rauque et énergique apporte une intensité unique à la performance des Américains. Enfin parlons du dernier frère de la bande, le batteur Jesse. Son jeu de batterie est à la fois précis et dynamique. Très propre, Jesse combine des rythmes ska-punk rapides avec des breaks percutants, ce qui ajoute vraiment de la variété à un genre réputé quand même assez monotone. On voit notamment ces petites variations très présentes sur “Afterthought”. Il y a une véritable complicité entre les membres des Interrupters qui fait plaisir à voir. Par exemple lorsque Kevin, en présentant le groupe, fait croire à Aimee qu'elle est la membre la plus importante, avant de détourner le regard pour se présenter lui-même au public

Il faut également évoquer les tenues du groupe qui rendent aussi le show très plaisant visuellement. Les deux frères bassiste et guitariste arborent des costumes avec un style très vintage qui contrastent avec leur attitude plus rock et punk. Ce qui crée vraiment une esthétique très percutante. Idem d’ailleurs pour Aimee et sa veste en tweed à motifs à carreaux qui contraste aussi avec son t-shirt noir punk-rock.

Crédit photo : Sara Jisr / @GroovyMochi 

Y a-t-il mieux pour se réchauffer que ce punk rock hyper-dansant des Californiens ? A l’image des musiciens super heureux et communicatifs, les bonnes ondes sont partout dans la Warzone en cette fin de soirée. Et ce n’est pas la pluie qui va décourager le public à partir. Devant la scène le public saute et danse dans tous les sens alors que le groupe conclut son show avec ses morceaux les plus emblématiques. 

L'auditoire a alors le droit à “Bad Guy” , reprise de Billie Eilish (et oui on a bien eu le droit à du Billie Eilish au Hellfest), avec notamment la forte présence du trombone de Billy Kottage. Cet  ancien membre de Reel Big Fish présent sur scène tient  en outre le rôle de claviériste de The Interrupters. On ressent bien d’ailleurs la touche rétro du clavier et son apport tout le long du concert. C’est alors qu’Aimee enflamme le show en allant chanter au plus près des spectateurs sur “Take Back the Power”. Une chanson parfaite pour terminer le show. Enfin presque car il reste une dernière chanson, la plus connue : “She’s Kerosene”, histoire de finir en beauté. 

Qui aurait cru qu’on allait vivre un des meilleurs concerts du festival pendant Metallica ? The Interrupters a prouvé ce soir que le ska-punk pouvait être aussi très rock ‘n’ roll. Un groupe coup de cœur qui donne assurément le sourire et la bonne humeur. Le contexte dans lequel on l’a vu y est sûrement pour beaucoup. The Interrupters est clairement le remède parfait contre le froid et le mauvais temps. D’ailleurs des prestations comme ça, (bien que pas metal du tout) vont dans le sens d’un Green Day en tête d’affiche sur le festival dans les prochaines années. On prend le pari ? 

Crédit photo : Sara Jisr @ GroovyMochi

Setlist

The Specials - Ghost Town + Intro
Gave you Everything
Friend like me
Title Holder
Anything was better
Insane Guitar Solo by Kevin Bivona
On a Turntable
Babylon
By My Side
Afterthought
In the Mirror
Got Each Other
Raised By Wolves
She got arrested
Bad Guy - (Billie Eilish Cover)
Take Back the Power
She's Kerosene

Julie Christmas - Valley - 23h55

Par Antoine_D,

Après avoir repris une bonne dose d’énergie avec The Interrupters, et toujours convaincu qu’il ne faut pas retourner voir Metallica en Mainstage, nous décidons par curiosité d’aller voir l’Américaine Julie Christmas sans savoir à quoi s’attendre. Sur album, le poste metal semblait de prime abord assez expérimental et intéressant. Mais cela ne nous préparait pas à ce à quoi nous étions sur le point d’assister. 

L’entrée des artistes sur scène se fait déjà attendre, mais ça fait, semble-t-il, partie du show. Il se prépare en effet quelque chose de spécial alors qu’un son électronique un peu monotone et angoissant attire encore plus notre curiosité. Les musiciens arrivent alors sur scène. Puis il se passe encore un certain temps jusqu’à l’arrivée de Julie Christmas. Et c’est alors qu'il se passe peut être la mise en scène la plus mémorable du festival. 

La scène est plongée dans une lumière tamisée, avec des effets de brouillard. Et c’est alors qu’une femme-créature enveloppée dans un costume  élaboré fait son apparition. Avec un masque en forme d’insecte, la New-Yorkaise prend dans les bras un de ses musiciens et commence sa performance. Elle débute avec une reprise “Bones in the Water” de de son ancien groupe post-metal Battle Of Mice. La chanson sûrement la plus marquante du set.

Le metal joué par le groupe de Julie est tout de suite sombre et dissonant. Ajouté à cela le côté torturé de l’insecte qui nous fait face. La chanteuse donne à ressentir une sorte de dilemme. Dans une première partie douce, la chanteuse fait une sorte de discours de manière assez calme mais avec des sons de guitare qui suggère la possible fracture. La chanson part alors dans une toute autre direction lorsque des gros riffs de guitare accompagnés de cris de la chanteuse transcendée nous arrivent en pleine face.

Crédit photo : Sara Jisr @GroovyMochi

Alors que la musique monte en intensité, Julie Christmas se positionne au centre de la scène. Dans un geste dramatique, elle retire son masque, et révèle ainsi son visage au public. Le retrait de ce masque peut alors faire penser à une transformation, comme si elle se libérait d'une enveloppe extérieure pour révéler sa véritable identité artistique. Un peu comme un papillon qui sort de son chrysalide. Julie Christmas dévoile alors un maquillage, avec des lignes blanches sur le visage qui contrastent avec le noir de la tenue et ajoutent un effet tribal, voire un peu mystique.

Il faut d'ailleurs parler  du costume de Julie. Il est principalement noir, avec une texture brillante qui capte et reflète la lumière de la scène. Des câbles lumineux de différentes couleurs y sont intégrés. Ils créent d’ailleurs un effet visuel saisissant lorsqu'ils s’allument de différentes couleurs lors de la performance. Un visuel très cyberpunk qui va très bien avec l’aspect avant-gardiste de la performance. Pour ceux qui se poseraient la question, non son nom "Christmas" n'est pas lié à a sa tenue. Il est lié au fait qu'elle soit né le jour de Noël, tout simplement.

Le show continue avec “Thin Skin”, une chanson particulièrement émotionnelle. Sur cette chanson, Julie Christmas oscille entre des murmures vulnérables et des cris perçants, créant un sentiment de fragilité et de puissance à la fois. En même temps, la chanson est à la fois marqué par des changements de rythmes soudains pour marquer ce contraste. C’est alors qu’arrive le morceau le plus emblématique de Julie Christmas, “Supernatural”. Ce titre très mélodique mêle des éléments de metal, de post-rock et d'ambiant. Ce qui marque dans la performance de l’artiste de Brooklyn, c’est qu’elle est quasiment tout le temps possédée, voir en transe. Il n’y a pas un instant ou l’artiste s’arrête ou prend une pause. Elle passe son temps à bouger sur la scène en renversant les portes-micros ou en s'emmêlant dans les fils de la scène par la même occasion.

Sur ces deux dernières chansons ou sur d'autres comme "Not Enough", ou "Lighthouse", Julie adopte parfois une tonalité délicate, voire presque enfantine et rêveuse. Cette voix renforce d'ailleurs l'aspect mélodique et ambiant des morceaux. Une double-voix qui renforce la dualité de son expression artistique torturée.

Lors de “End of The World”,une chanson en featuring avec Johannes Persson de Cult Of Luna est particulièrement marquante. D'ailleurs le guitariste fait partie du groupe de musiciens sur scène. La détresse ressort de la chanson, ainsi qu'une vraie puissance dramatique. L’artiste qui a déjà collaboré avec l’artiste américaine a d’ailleurs aussi créé un label (redcrk) dans lequel se trouve aujourd’hui Julie Christmas. Profitons-en également pour parler du groupe de l'artiste américaine. Il se compose également de John LaMacchia, le guitariste du groupe Candiria, connu pour son mélange unique de metal, jazz et hip-hop. Quant aux autres instruments, Tom Tierney est aux claviers, alors que Chris Enriquez est à la batterie.

Intense, torturé et bien heavy, le post-metal de Julie Christmas nous prend aux tripes du début à la fin. Que ce soit sur le très chaotique et noise rock "Blast" ou encore la ballade mélancolique et progressive "The Lighthouse", cette prestation ne laisse personne indifférent.  Le set se termine alors sur "July 31st", chanson bien progressive, avec des riffs de guitare particulièrement lourds. Julie Christmas utilise alors plutôt du chant clair et monte de manière impressionnante très haut dans les aigus jusqu'à l'implosion finale. Un morceau explosif à l'image de l'ensemble du set. Il sera suivi d'une image mignonne puisque les enfants de musiciens montent alors sur scène, alors que les techniciens rangent leur matériel. Si vous ne connaissiez pas l'artiste, foncez la découvrir sans attendre !

Setlist

Bones in the Water
Thin Skin
Not Enough
Supernatural
End of the World
The Ash
Secrets All Men Keep (Salt Bridge, Part II)
Blast
The Lighthouse
Bow
Silver Dollars
July 31st

Eivør - Temple - 01h00

Par Antoine_D,

Le show de Metallica (enfin) terminé, nous aurions pu aller voir la performance de Saxon sur la Mainstage. Un set qui a apparemment ravi les fans de heavy metal. Et cela notamment grâce à la la présence de Brian Tatler, guitariste emblématique du groupe Diamond Head (le groupe le plus repris par Metallica !)

Mais dans un registre encore complètement différent, nous préférons finir la soirée avec un peu de douceur sous la Temple. Un peu de folk nordique, de pop éthérée, et de musique traditionnelle en provenance des Îles Féroé, le tout saupoudré de quelques sonorités électroniques. C’est là toute la recette de la Nordique Eivør. La chanteuse multi-instrumentiste chante d’ailleurs quasiment toutes ses chansons dans sa langue natale. C’est aussi la première fois que le Hellfest accueille un artiste en provenance de ce pays. Un moment spécial qui promet d’être éthéré, et sûrement très onirique. 

C’est d’ailleurs exactement ce qui se ressent lorsque le show débute avec le magnifique morceau "Gullspunnin" qui signifie "tissé d'or" en féroïen. Tout de suite on est frappé par la voix si à part d’Eivør. Son chant de soprano est à la fois aérien et puissant. On se demande même parfois si ce n’est pas un instrument qui chanterait à sa place tellement sa maîtrise vocale est impressionnante. 

Ce qui marque également, c’est aussi le côté doux et atmosphérique des titres. Il est notamment accentué par la présence de synthés et d’effets sonores, qui modernise la pop-folk de l’artiste nordique. C’est le cas sur “Salt”, où la thématique du rapport à la mer et à l’océan est très présente. Le rapport à la nature est un élément essentiel des compositions d’Eivør. D’ailleurs sur ce titre, elle utilise un tambours traditionnel pour accentuer le thème marin et tribal de la chanson. 

Crédit Photo : Sara Jisr @GroovyMochi

Depuis le début du set, l’influence nordique de l’artiste se voit notamment grâce à l’éclairage bleu marine qui rappelle à la fois le froid et l’océan. Ce qui confère au show un visuel vraiment à part, accentuant l'atmosphère mystique et envoûtante de la performance d’Eivør. L'éclairage tourne parfois un peu au violet, un moyen de mettre en avant les nouvelles chansons d’Eivør, aux couleurs de la pochette de son album Enn sorti en juin 2024. Une nouvelle chanson est d’ailleurs la chamanique “Jarðartrá”, marquée par l'utilisation de boucles sonores avec des basses bien profondes. L’apport électronique donne vraiment ici une dimension très puissante à la chanson.

Eivør enchaîne alors dans un registre plus traditionnel avec une de ses chansons les plus emblématiques Trøllabundin. Un moment fort du concert puisque c’est un morceau assez mystique et tribal sur lequel elle utilise son chant de gorge. Cette technique vocale est vraiment une signature d’Eivør. Un moment où l’artiste module sa voix pour produire des sons gutturaux et résonnants. Ce qui ajoute une dimension unique et traditionnelle à la performance. Elle superpose également des couches de chant à l'aide de boucles vocales en direct, ce qui rend la performance encore plus fascinante.

De retour avec des chansons de son dernier album, Eivør joue “Enn”, sûrement une des meilleures de l'opus. Le morceau est vraiment prenant, et monte en puissance. On ressent vraiment la modernité des sonorités électroniques avec la présence de la basse qui se mêle à la performance vocale très poignante, et introspective de l’artiste. Et quels frissons lorsque Eivør commence à plaquer des accords un peu saturés, pour la conclusion du morceau. 

 La chanteuse enchaîne sur “UPP ÚR ØSKUNI". Ce morceau donne la part belle à quelques riffs de guitare un peu rock qui ravissent les âmes des quelques metalleux présents sur place. L’utilisation de la guitare est d’ailleurs accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part du public. Et Eivør en rajoute un peu en exagérant ses gestes pour l’occasion. Sur cette chanson la voix d’Eivør est toujours aussi impressionnante, mêlant des montées lyriques avec des chants de gorge plus traditionnels. 

Un moment fort du concert est certainement celui où Eivør interprète "Hymn 49" alors que l’éclairage redevient neutre sans couleur. Ce morceau très calme et envoutant est même un peu cinématographique. Et c’est d’ailleurs logique puisqu’il s’agit de la bande son de la série The Last Kingdom, à laquelle Eivor a contribué pour les saisons de 2015 et 2023, diffusée sur Netflix. La chanteuse prend d’ailleurs souvent part à des projets de ce genre. Elle a notamment prêté sa voix pour la bande son pour les deux derniers jeux vidéo Sony de la série God Of War (dans la mythologie nordique) avec le célèbre compositeur Bear McCreary (en 2018 et 2022).

Eivør reste relativement discrète tout au long de sa performance, mais elle laisse transparaître une certaine joie et semble émue ce soir-là. Elle invite même le public à chanter à sa manière la partie en chant de gorge (le "Yama i Yama"). Cette demande n'est toutefois pas entièrement couronnée de succès, car le public a du mal à imiter parfaitement la technique spécifique de la Féroïenne, mais cela reste un moment très sympa du concert. Sur "Í Tokuni", on est particulièrement frappé par la variété des techniques vocales qu'elle utilise, notamment lorsqu'elle atteint des aigus et nous délivre des cris perçants, presque surnaturels.

Le concert se termine par "Falling Free", son morceau peut-être le plus délicat et émotionnel. Il traite notamment de la libération personnelle, de l'acceptation de soi et du lâcher prise face aux défis de la vie. C’est d’ailleurs la seule chanson chantée en anglais lors de ce set. Une dernière occasion d’être bercée par la douce voix d'Eivør. L’artiste pourrait certainement se produire n’importe où : festival de rock, festival pop, club de jazz ou même opéra. Son panel technique tellement large et sa voix d'un autre monde doit vraiment la faire exceller dans tous les styles musicaux. Quel beau moment pour finir une journée sur un festival tel que le Hellfest. Il est clair que le public présent se souviendra longtemps de ce concert...

L’artiste sera d’ailleurs en concert en France pour quelques dates notamment au Trianon cet automne. Elle sera d’ailleurs accompagnée de Kathrine Shepard de Sylvaine, une autre artiste qu’on a adoré jeudi et qui jouera quant à elle un set totalement acoustique. Et en attendant, on espère qu’Arte réussira à remettre rapidement la rediffusion du live de ce set si lumineux. 

Setlist

Gullspunnin
Salt
Jarðartrá
Lívstræðrir
Trøllabundin
Enn
Upp Úr Øskuni
Hymn 49
Í Tokuni
Falling Free

Encore une journée qui ne nous a pas laissé souffler une minute. Ce samedi nous a permis de faire de belles découvertes, et d'assister à la prestation de figures emblématiques du hard rock. Peut être que cette journée a encore prouvé que les meilleurs concerts sont ceux sur les petites scènes pendant que la tête d'affiche se produit sur la MainStage.

Profitons également de ce samedi pour saluer le  Hellfest d'avoir programmé plus de groupes féminins cette année (une quarantaine avec au moins un membre féminin sur les 176 groupes). Ce qui représente un peu moins de 20% des groupes (contre environ 5% environ les cinq dernières années). C'est encore peu, mais ça va dans le bon sens. Espérons que la qualité de la programmation de ce samedi permettra d'inviter encore plus de femmes artistes sur le festival dans les prochaines années. De notre côté, nous rentrons bien lessivés tant par les concerts que la pluie. Mais pour le moment, il est l'heure de dormir un peu avant d'affronter l'ultime journée du festival.

Rédaction : Antoine_D, Jérémy C
Photos : Sara Jisr / @GroovyMochi, Denis Adam / @d.adam.photography, Florentine Pautet pour le Hellfest

Toute reproduction interdite sans l'autorisation des photographes.



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