Bel O Kan – Thousand of Conquerors

Que de changements pour Bel O Kan … c'est la conclusion qui saute immédiatement aux oreilles une fois Thousand of Conquerors terminé. Mais donner la fin de l'histoire avant le début, ça gâche un peu la surprise. Alors il va falloir se pencher dans les détails sur cette nouvelle mouture, survenant quatre années après le décevant Birth of a Queen, dont l'amateurisme flagrant ne cachait pourtant pas le fait suivant : en dépit d'erreurs de jeunesse, le combo lyonnais possède de bonnes idées et de bonnes intentions. Concrétisées en partie dans cette nouvelle livraison.

Et pourtant, ce n'est pas avec « A Gothic Girl » qu'on pourrait le penser. Cet opener maladroit peine à faire démarrer le disque sur les chapeaux de roue, laissant donc notre sextette français patauger dans la semoule avec une piste trop faiblarde, qui ne décolle jamais et au refrain qui ne se démarque pas assez des couplets. Avec tout ça, facile de juger les efforts des musiciens sur un seul titre. Ceci dit, on entrevoit tout de même des qualités : si le mixage n'est pas forcément optimal (le chant de la jeune Carole est placé trop en retrait), la production est nettement meilleure.

Bel O Kan, ça ne casse pas trois pattes à un canard ? Si « Dark and Light », qui succédait à la poussive « Childen Call » sur Birth of a Queen ne promettait pas une amélioration quelconque quant aux efforts de Belok, on ne dira pas la même chose de « Devil Dressed in White », un vrai morceau énergique et intelligent pensé qui nous aide à, merci, oublier le faux démarrage de Thousand of Conquerors ? Non, eux, faire de bons titres ?! N'en déplaise aux détracteurs, ce qui aurait pu être un simple cas isolé se répétera à plusieurs reprises sur le disque. Les quatre années qui séparent les deux sorties ont donc été bénéfiques quant à la créativité et à l'inspiration de la formation, n'ayant cette fois-ci plus peur de prendre le taureau par les cornes sans obtenir un résultat incohérent.

Ceci dit, en dépit de la puissance dégagée par certaines pistes adroitement construites, on regrettera tout de même le manque d'assurance dont fait parfois preuve Carole Eyraud. Récemment promue au poste de chanteuse lead, celle-ci s'en sort avec les honneurs, grâce à une voix agréable et maîtrisée. Son timbre plutôt doux s’accommode bien avec les rythmiques de Bel O Kan, lorgnant globalement vers le power metal. Seulement, la belle n'a pas toujours l'air d'avoir pleinement confiance en ses capacités, ce qui se ressent et peut pénaliser la puissance dégagée par les dix morceaux de l'opus. Cet aspect de côté, quand le groupe lyonnais cherche à instaurer une ambiance dépaysante, Carole se prête facilement au jeu et sa prestation sur l'excellente « Prayer of Isis » démontre qu'elle a plus d'un tour dans son sac. Idem sur « Requiem » où elle n'est pas prise au dépourvu par la puissance du morceau.

Bel O Kan

Une chronique E-lo-kante ? (*à mon tour de faire des jeux de mots mauvais*)

En revanche, sur une piste du calibre de « The Price to Pay », les lignes de chant sont assez plates et le refrain peu attrayant. Résultat : un morceau dispensable. C'est sur un titre comme celui-ci que les failles de Bel O Kan s'ouvrent, pas uniquement au niveau vocal où Carole y est honorable, mais plutôt dans le reste. L'écriture pêche par un manque cruel de mordant, que ce soit dans les mélodies où dans l'utilisation trop superficielle du chant. Ce défaut de platitude s'accentue surtout sur la ballade « Gorlebella », beaucoup trop longue et perdant l'auditeur en cours de route. Dommage, raccourcir le morceau de quelques minutes aurait pu sauver les meubles. Hormis cela, aucun titre n'est réellement à proscrire. Chacun à, heureusement, son petit quelque chose.

On fustigera toujours un jeu de batterie encore trop simpliste dans l'ensemble de la galette mais, au-delà de ça, on se laisse rapidement emporter quand Bel O Kan réussit à corriger le tir, apprendre de ses erreurs et garder ses principales qualités pour pondre des morceaux qui envoient ! « Requiem » est excellente, évitant de tomber dans une ritournelle trop simpliste ou d'apparaître comme répétitive, le tout en gardant une étonnante efficacité et un chant qui tient largement la route. Mais résumer les lyonnais à quelques titres directs et courts ne serait pas vrai. Quand il faut se mettre à écrire quelques compositions plus longues et intenses, l'exercice est réussi. On oubliera « Gorlebella » (les vertus de la mémoire sélective) pour ne retenir que deux pistes : « Power of the Throne » et « Battlefield ». L'une comme l'autre tiennent la longueur, sans remplissage ni redondance. Une preuve supplémentaire du gain de maturité de Bel O Kan.

Encore une fois, tout n'est pas parfait. Il reste quelques défauts handicapants qui n'enthousiasment pas à l'écoute de Thousand of Conquerors (certaines lignes de chant, une poignée de mauvais titres et un mixage ne rendant clairement pas justice aux capacités vocales de Carole). MAIS par rapport à Birth of a Queen, les progrès sont réels, avec un jeu de guitare beaucoup plus travaillé, des pistes qui promettent un sympathique rendu scénique, et une chanteuse à fort potentiel vocal. Bilan : pas mal du tout ! Au prochain effort, gageons que les défauts restants seront corrigés. On y croit.

Note finale : 6,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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