Dans le flot des sorties d’album, il est difficile, voire carrément impossible en étant franc, de tout complètement suivre. Chaque année, il y a donc de fortes chances que vous passiez à côté de petites perles (ou de sombres merdes), en général pas forcément connues, mais qui sont bien là. A ce titre, le dernier album de Persefone, groupe de métal progressif originaire d’Andorre, est l’exemple typique de l’album que vous avez sans doute loupé, mais qui mérite pourtant bien des éloges.
Groupe assez confidentiel, Persefone a pourtant sorti une poignée d’albums d’une qualité notable, le précédent, Shin Ken, ne faisant pas exception. Et le petit dernier, Spiritual Migration, est de la même veine artistique. Ce qui frappe à l’écoute de cet album, c’est la qualité des compositions, en tout points remarquable. Certes, rien dans cet album ne révolutionne le genre, mais c’est à croire que chaque note, chaque break de batterie, chaque riff ou solo a parfaitement sa place dans le tout.
Les défauts qu’on rencontre le plus dans le métal progressif sont une surcharge technique souvent indigeste, des chansons trop longues et des transitions mal senties. On ne relève rien de tout cela dans Spiritual Migration. Pas de superflu, juste un album très bien écrit, et agréable à l’écoute de la première jusqu’à la dernière seconde. En cela, chaque chanson pourrait être donnée en exemple, mais on se limitera à "Consciousness (Pt.2)", qui est bluffante de musicalité.
Au chant, nous avons toujours droit à une alternance entre chant clair et crié. Ce dernier est cependant moins varié que sur Shin Ken, se limitant à un timbre de cri aigu qui peut être lassant sur le long terme. Mais ce défaut est compensé par la qualité du chant clair, assuré par le claviériste Miguel Espinosa. On pourra aussi regretter que la basse ne soit pas plus mise en avant dans le mix.
Instrumentalement, comme on peut s'en douter, c'est la boucherie. Les deux guitaristes se plaisent à sortir l'attirail complet du shredder en herbe, et le font de la bonne manière, à savoir, toujours pour servir la musique et pas juste un public de zélotes amateur de prouesses techniques. A cela, les parties de clavier ajoutent un plus mélodique non négligeable.
En conclusion, Spiritual Migration ne risque pas de bouleverser les fans du combo Andorran, et ne fait que confirmer le talent exprimé sur les précédents opus. Le meilleur qu’on puisse leur souhaiter serait une tournée européenne, car nous avons encore en mémoire leur passage parisien en ouverture de Leprous, qui avait révélé Persefone comme une référence de performance live.