Entretien avec Andy Brings de SODOM : Retour sur Tapping The Vein (1992) pour la ré-édition de l’album

À l’occasion de la réédition tant attendue de Tapping The Vein, nous avons eu la chance de discuter avec Andy Brings, guitariste de SODOM à l’époque de cet album devenu culte. Sorti il y a 32 ans, Tapping The Vein marque un tournant dans la carrière du groupe de thrash metal allemand. Alors que le vinyle original est devenu un objet de collection très prisé, cette édition deluxe, enrichie de remix, prises alternatives et enregistrements live, permet de redécouvrir l’intensité brute de cet album.

Andy Brings s’est montré particulièrement ému en partageant ses souvenirs de cette période, mais surtout en rendant hommage à Chris Witchhunter, batteur emblématique de Sodom, décédé en 2008. Cette réédition est, pour Andy et Tom Angelripper, un véritable hommage à Chris et à leur travail en tant que groupe. Andy revient également sur les liens forts qui les unissent encore aujourd’hui, et sur l’impact durable de Tapping The Vein, un album qui continue d’influencer des générations de fans et de musiciens, plus de trois décennies après sa sortie.

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Bonjour Andy, merci de nous accorder du temps pour cet entretien ! Nous allons principalement parler de l’histoire de cet album et du bon vieux temps. Cela fait maintenant 32 ans que Tapping the Vein est sorti pour la première fois. Comment te sens-tu à l’idée de revisiter cet album après tout ce temps ?

Andy Brings : Tu sais, c’est vraiment comme une poignée de main avec son propre passé. Je revisite mon moi de 20 ans. Quand j’ai rejoint Sodom en 1991, j’étais encore au lycée. J’avais donc 20 ans et j’ai terminé le lycée pendant que nous écrivions et enregistrions Tapping the Vein. Pour moi, c’était une période très innocente, car j’étais tellement jeune. Je ne savais rien de l’industrie musicale. Je ne savais rien de la vie elle-même. La seule chose que je connaissais, c’était l’école et le heavy metal, ainsi que le punk rock. Et je voulais ça plus que tout au monde. Je n’ai jamais voulu être policier ou avocat. J’ai toujours voulu être musicien. Et tout d’un coup, je suis devenu rockeur professionnel.

Alors, 32 ans plus tard, en regardant en arrière, en revisitant tout, en écoutant ce que nous avons fait – j’ai moi-même fait le remix de l’album – en écoutant ce que nous faisions réellement et en prenant vraiment du recul sur la situation, cela a été un voyage très émotionnel. D’une certaine manière, je me souviens de tout, car je n’ai jamais beaucoup bu d’alcool. Je n’ai jamais pris de drogues. Mes souvenirs sont donc cristallins. Et je me souviens de tout ce qui s’est vraiment passé, pas seulement de ma version des faits. Je me souviens de ce qui s’est réellement passé. Alors c’était très émouvant, car nous en parlions depuis des années maintenant. Et tout d’un coup, c’est devenu une réalité. Puis j’ai commencé à travailler sur la musique. J’ai commencé à travailler sur les enregistrements live, que j’ai aussi produits et compilés. Ensuite, Tom et moi nous sommes vus, et nous avons fouillé dans nos archives. J’ai apporté des boîtes de ma collection chez lui. Et nous scannions des photos, des billets, des articles de presse. Et nous ne pouvions pas finir, car chaque fois que nous ouvrions une nouvelle boîte, nous regardions les objets. Puis nous parlions, et tout nous revenait : les histoires, les moments drôles, les moins drôles. Mais nous avons réussi à tout rassembler. Et maintenant, c’est vraiment réel. C’est une vraie célébration de ce que nous étions en tant que personnes et de ce que nous avons fait en tant que groupe et en tant que musiciens.

C’est aussi un énorme hommage à Chris Witchhunter, qui n’est plus avec nous. Il est décédé il y a 16 ans maintenant, et c’est dommage que nous ne puissions pas vivre ça ensemble. Mais c’est un énorme hommage à Chris. Tom et moi sommes toujours là. Nous sommes toujours amis. Et nous travaillons toujours très bien ensemble. C’est un beau sentiment. Et je suis sûr que les fans vont adorer.

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C’est incroyable de voir qu’après toutes ces années, Tom et toi vous entendez toujours aussi bien.

Je sais. D’habitude, les membres de groupes ne se parlent même plus. Ils ne communiquent que par avocats. Juste avant cette interview, j'étais au téléphone avec Tom. On parle tout le temps. On s’envoie des textos tout le temps. Parce que c’est notre passé, notre histoire. Et c’est génial d’avoir un vieux compagnon avec qui tu peux encore discuter, t’entendre et faire affaire. C’est de l’amitié, oui, mais c’est aussi du business. Et nous sommes sur la même longueur d’onde pour tout. Nous l’avons toujours été. Nous avons toujours formé une bonne équipe. C’est une grande collaboration. Et les fans ne peuvent qu’en bénéficier. Nous n’avons pas besoin de tiers. Nous n’avons pas besoin d’un avocat pour nous parler. Si je veux parler à Tom, je prends mon téléphone et je l’appelle. C’est comme ça qu’on fait avancer les choses. Et je sais que la plupart des groupes ne se parlent plus. Ils se détestent. Et les albums qu’ils sortent reflète cette haine.

Mais ce produit, ce que nous sortons, Tapping the Vein, reflète l’amitié et l’amour. C’est un travail d’amour. Nous voulons que ce soit aussi bon que possible. Et nous avons fait tout ce que nous pouvions pour en faire une expérience agréable pour les fans. Tout coûte de l’argent aujourd’hui. Et le coffret deluxe n’est pas cheap. Ce n’est pas super cher, mais nous savons tous que la vie est devenue beaucoup plus chère. Et parfois, tu dois prendre une décision : est-ce que j’achète un ancien album de Sodom ou est-ce que j’achète de la nourriture ? Est-ce que j’achète des vêtements pour mon enfant ? Tout le monde doit prendre ces décisions dans la vie. Alors nous avons voulu que ce soit le meilleur possible.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé, Tom et toi, à décider que c’était enfin le bon moment pour rééditer Tapping the Vein ?

Tapping the Vein n’a jamais été réédité. Tout le reste de Sodom a été réédité à un moment donné. Tapping the Vein, jamais. Nous voulions initialement faire ça en 2012 pour le vingtième anniversaire. Mais ça a été mis de côté pour une raison ou une autre. Les fichiers étaient donc sur mon ordinateur depuis tout ce temps. Puis le catalogue de Sodom a été racheté par BMG International. Et ils ont dit : « Nous voulons faire ça pour le 30ème anniversaire. » Alors nous avons commencé à en parler en 2021. J’ai commencé à travailler dessus. Mais soudainement, il y a eu des problèmes juridiques, des problèmes contractuels, et tout s’est arrêté. Il y a eu une interruption de communication qui a duré plus de deux ans. Alors avec ce retard de deux ans, cela sort maintenant pour le 32e anniversaire. Mais l’important, c’est que ça sorte.

Tu sais, c’est devenu un album culte au fil des années. Les fans l’adorent. Tout le monde parle de Agent Orange, bien sûr. C’est l’album le plus réussi de Sodom. Mais d’une manière ou d’une autre, Tapping the Vein est toujours juste derrière. Les gens l’adorent. Et les fans en ont fait un album culte. Ils l’ont exigé. Et ça n’a jamais été fait correctement. Alors nous nous sommes dit : « Faisons-en la version ultime. Nous ne referons pas ça dans 10 ans, tu sais. Faisons-le comme si c’était la seule fois de notre vie. » C’était notre approche.

Tu as probablement vu que le vinyle original est devenu un objet de collection, avec des prix qui montent en flèche et une demande très élevée. Qu’est-ce que tu en penses ?

Je pense que les prix des vinyles en général sont un peu absurdes. Pendant des années, personne ne s’en souciait. Personne ne faisait attention. Tout le monde donnait sa collection pour une bouchée de pain. Et maintenant, tout est hors de prix. Est-ce que je pense qu’un exemplaire original de Tapping the Vein vaut 700 euros ? Non. Mais qui suis-je pour en décider ? Il n’y a plus qu’un certain nombre d’exemplaires disponibles dans le monde.

Je n’en ai qu’un seul, que je garde parce qu’il appartenait à mon père. Laisse-moi te montrer. (Il montre son exemplaire original du vinyle, ndlr) C’est le seul exemplaire original que j’ai encore de Tapping the Vein. C’est donc le véritable exemplaire original. Et c’est celui de mon père, car j’ai donné le mien au fil des années. Mais quand mon père est décédé, j’ai trouvé cet exemplaire dans ses affaires. C’est le pass backstage de mon père pour le concert de Düsseldorf, qui est inclus dans le coffret. Je vais le chérir pour toujours, car, tu vois, c’est celui de mon père. Mais j’ai toutes sortes de choses. J’ai la photo originale. C’est ma photo du verso de la pochette intérieure. J’ai tout gardé. Alors, si quelqu’un est prêt à payer des sommes folles pour ça, qui suis-je pour juger ?

 

Peux-tu nous en dire plus sur le processus de remasterisation des morceaux originaux et sur le remix supplémentaire que tu as fait toi-même pour cette version ?

Je n’ai pas fait la remasterisation, car je ne suis pas un ingé son. Je suis producteur et mixeur. J’ai donc fait le remix. Je ne voulais pas rendre l’album meilleur. La version originale, remasterisée bien sûr, est également incluse dans le coffret. Je ne voulais pas l’améliorer. Mais je voulais lui donner une approche différente. Et mon approche était que je me souvenais de ce que nous faisions à l’époque, de ce que ça faisait d’être dans le groupe, en studio.

Mon idée, ma vision, était que si un fan ouvrait la porte d’un studio et qu’il se retrouvait soudainement juste devant le groupe, au milieu de nous, à quoi cela ressemblerait-il ? Surtout s’il écoutait ça avec des écouteurs. Si tu fermes les yeux, que ressens-tu ? Que peux-tu entendre ? Avec Tom juste ici, te criant dessus, avec la batterie qui te donne des coups dans le ventre, et la caisse claire te claquant au visage tout le temps, tu vois, et les guitares qui sont partout. Qu’est-ce que ça donnerait ? Je ne voulais pas rendre ça meilleur. Mais je voulais offrir un complément, un autre regard.

Quelqu’un m’a dit que mon remix sonnait comme un album live sans public, ce que je trouve assez juste, car je ne voulais pas le rendre parfait. Il n’y a pas de samples sur la batterie. Je ne voulais pas le moderniser. Je n’ai pas ré-amplifié les guitares. C’est en fait plus authentique que la version originale, car j’ai supprimé toute la réverbération. C’est très brut, très direct. Et c’est ce à quoi nous ressemblions vraiment. De plus, en fouillant dans les bandes, j’ai trouvé des prises alternatives. J’ai trouvé une prise vocale alternative pour “Reincarnation,” que j’ai utilisée pour mon remix. J’ai trouvé un solo de guitare différent pour “Wachturm” que j’ai utilisé. J’ai trouvé une introduction de solo de guitare pour “Tapping the Vein,” le morceau éponyme, que j’avais complètement oubliée. Alors je l’ai laissée dans le remix. Donc, si tu connais l’album, génial. Il est dans le coffret. Mais si tu veux avoir un peu plus d’informations, c’est à cela que sert le remix. L’album original est super. Je ne voulais rien améliorer ou jouer avec les souvenirs des fans. Pas du tout. Je déteste quand les groupes font ça. Mais puisque nous avons eu la chance d’ajouter un disque supplémentaire dans le coffret, voici quelques pistes bonus.

Tapping the Vein est souvent qualifié comme étant « l’album death metal de Sodom ».

Je n’ai aucune idée d’où ça vient, car personne dans le groupe n’écoutait de death metal. Nous n’en avions aucune idée. Tom écoutait Venom, Motörhead, Tank, les classiques. Chris écoutait Iron Maiden, Helloween, Bryan Adams. Et moi, j’écoutais Skid Row, Faith No More, Ugly Kid Joe à l’époque. De plus, nous aimions tous Slayer et le thrash metal, les classiques. Mais le death metal, nous n’y prêtions pas attention. En plus, dans le death metal, les guitares et la basse sont généralement accordées plus bas. Tu baisses l’accord des instruments, donc tout est plus grave et plus profond. Et Tapping the Vein est en accordage standard, car nous ne savions même pas que tu pouvais accorder les guitares plus bas. On l’ignorait. C’est drôle. Mais peut-être que cela vient du fait que l’album est très rapide, la plupart du temps. Et parfois, la voix de Tom est vraiment dans le registre bas. Peut-être que c’est de là que viennent les références au death metal. Si les gens pensent que c’est l’album death metal de Sodom, je ne vais pas dire le contraire. Je n’en ai aucune idée.

 

C’était le dernier album avec Chris Witchhunter. De quoi te souviens-tu le plus à propos de lui pendant le travail sur Tappin the Vein ?

C’était parfois difficile. Son apogée en tant que batteur était derrière lui. Et il avait des problèmes. Il était en quelque sorte hanté par ses démons. Et il buvait beaucoup, même à cette époque. Alors obtenir ses prises était parfois difficile. Mais nous avons réussi à obtenir de très bonnes choses de lui. Et en général, c’était un gars gentil, mais il avait ses démons. Et l’un de ses démons était l’alcool. Et cela a finalement conduit à notre décision de continuer le groupe sans lui. C’est toujours un sujet difficile pour moi d’en parler, car c’était la bonne décision à l’époque. Mais je pense toujours à ce jour que c’était la pire décision jamais prise dans l’histoire de Sodom de laisser partir Chris. Ce dont je me souviendrai toujours, c’est son rire face aux choses les plus folles. Il avait un bon sens de l’humour. Il avait une sacrée frappe. Son jeu était très puissant. Si tu étais dans la même pièce que lui et sa batterie, tu l’entendais. Il avait une frappe que je n’ai jamais entendue chez aucun autre batteur depuis. Et finalement, ce sont les bons souvenirs qui restent. Et donc cette réédition est aussi un hommage massif à Chris Witchhunter.

 

À une époque où de nombreux groupes de thrash expérimentaient en prenant des directions différentes, je pense qu’avec Tapping the Vein, vous êtes restés fidèles aux racines agressives de Sodom. Étiez-vous conscients que d’autres groupes prenaient des directions différentes ?

Oui, nous étions très conscients que les choses changeaient, et que les groupes faisaient des choses différentes. Tom et Chris voulaient prouver à tout le monde qui était le patron. Et moi, j’étais jeune, plein d’énergie, et je voulais juste tout défoncer. Alors nous avions un objectif commun, et c’était d’être aussi rapides, brutaux et intenses que possible. Alors que tous les groupes devenaient plus commerciaux, Sodom allait dans la direction opposée. L’album avant Tapping the Vein, Better Off Dead, était un peu plus doux, un peu plus poli. Et nous aurions pu continuer dans cette direction, mais nous avons pris le chemin opposé. Nous voulions être encore plus brutaux. Et je pense que les fans nous ont encore plus aimés pour ça.

 

En regardant en arrière, penses-tu que Tapping the Vein a joué un rôle dans la préservation du thrash metal à une époque où le genre évoluait vraiment ?

Question intéressante. Je pense qu’à l’époque, nous ne savions pas. Tu faisais juste ce que tu faisais, tu vois ? Mais les fans nous le disent maintenant, ainsi que d’autres musiciens qui ont été influencés par ça. Tobias Kersting, le guitariste de Grave Digger, qui est un ami proche, est un peu plus jeune que moi et considère Tapping the Vein comme l’une de ses principales influences. Ou les guitaristes de Powerwolf, c’est pareil. Ils adorent Tapping the Vein. Et je n’en avais aucune idée. Alors cet album a été très influent. Nous ne le savions tout simplement pas. Et non, pas beaucoup de groupes ont maintenu le thrash metal en vie comme Sodom l’a fait dans les années 90. Donc la réponse serait oui. En regardant en arrière, c’était un album très important pour garder le thrash metal vivant et en bonne santé.

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Tu as mentionné dans une interview que des jeunes de 18 ans aujourd’hui te disent toujours à quel point ils aiment cet album. Pourquoi penses-tu que cet album continue de résonner avec les nouvelles générations ?

Si seulement j’avais la réponse à ça ! Je pense que beaucoup de groupes de nos jours sonnent tous un peu pareil. Tu sais, produire de la musique est devenu tellement plus facile. Tu as des échantillons de batterie, des profils de guitare. C’est facile de faire sonner une guitare correctement aujourd’hui et d’enregistrer chez soi. À l’époque, ce n’était pas facile. Chaque groupe avait son style unique et un son différent. Tous les groupes ne sonnaient pas pareil. Alors je pense qu’une explication pourrait être que les groupes de l’époque avaient un peu plus d’individualité et de caractère. Et ce n’était pas trop aseptisé, tu sais. Tapping the Vein n’est pas un album parfait. C’est un vrai tour de montagnes russes. Mais c’est authentique et honnête. Et tu pouvais sentir qu’on jouait toujours à fond. Le moteur était toujours poussé au maximum. On ne s’arrêtait jamais. C’était une bête incontrôlable. Et cette énergie, je pense qu’elle s’est un peu perdue dans le metal de nos jours. Alors si les jeunes de 18 ans découvrent ça et sentent que la musique de l’époque vaut le coup d’être explorée, j’adore ça. C’est un grand compliment.

 

Et que penses-tu du metal moderne ?

Le niveau de jeu des musiciens est incroyable. Le jeu est tellement meilleur. Je pense qu’il n’y a plus de mauvais guitaristes aujourd’hui, parce que tout le monde a accès à YouTube et peut s’entraîner. Et la pandémie a fait que tout le monde est resté chez soi et s’est encore plus pratiquer. À l’époque, tu pouvais être un guitariste médiocre. Je ne suis pas un virtuose. Je n’ai jamais été un guitariste fantastique. Mais j’avais cette énergie. Et je pense que nous pouvions écrire des chansons décentes. Je pense que parfois, tout est devenu un peu trop parfait de nos jours. Tout n’a pas besoin d’être parfait tout le temps. Et l’écriture de chansons, parfois, c’est juste ennuyeux. Ou ce n’est même pas de la vraie écriture.

J’en parlais l’autre jour avec Mille Petrozza de Kreator, et on est tombés d’accord : parfois, ne pas être parfait sur son instrument peut aider. Mais tu essaies de transmettre une émotion, et tu essaies d’écrire une bonne chanson. Toute ta connaissance musicale ne doit pas se mettre en travers de ton chemin. Si tu as une très grande connaissance musicale, parfois tu essaies de tout faire selon les règles. Tu te dis : « Il ne faut pas faire ça, ça ne se fait pas comme ça. » Moi, je m’en fous. Est-ce que j’aime ça ? Est-ce que ça sonne bien à mes oreilles ? C’est tout ce qui compte.

Mais il y a quand même de bons groupes de nos jours, bien sûr. Mais j’adore la bonne vieille musique. Je ne pensais pas ça quand j’avais 25 ou 30 ans, mais maintenant que j’ai 53 ans, tout ce que je peux dire, c’est que tout est mieux quand on est vieux. Mes os commencent à faire du bruit, mais c’est quand même mieux.

J’ai vu Arch Enemy en concert samedi dernier. Je suis ami avec le guitariste, Michael Amott, le boss. Et tu sais, ce ne sont plus de jeunes gars. Ils ont mon âge. Ils ont l’âge de Sodom. Et ils deviennent meilleurs avec le temps. C’était un show fantastique. Parfois, l’expérience l’emporte sur la virtuosité. Et si tu peux garder une certaine faim, si tu restes motivé et que tu cherches encore à écrire la prochaine bonne chanson, je pense que le metal est entre de bonnes mains. Mais je comprends totalement que les jeunes fans de metal de 20 ans veuillent de la musique jouée par des musiciens de 20 ans. Quand j’avais 20 ou 17 ans, je ne m’intéressais pas à Deep Purple. Je voulais Slayer. Alors je comprends totalement.

 

Tout à l’heure, tu as mentionné que travailler sur cette réédition t’avait rappelé des souvenirs bons et mauvais. Peux-tu nous en partager quelques-uns ?

Les bons souvenirs, c’était toujours de rencontrer les fans. Avec Sodom, j’ai tout expérimenté pour la première fois. J’ai fait ma première tournée en Europe, au Japon. Et rencontrer les fans, c’était toujours mon moment fort. J’ai des amitiés qui remontent à cette époque, des gens que j’ai rencontrés il y a 32 ans avec qui je suis encore ami, que j’ai rencontrés devant la salle de concert il y a 32 ans, et je suis encore ami avec eux. Et les concerts, j’ai toujours aimé les concerts. La dévotion, le dévouement des fans, et l’émotion que cette musique suscite.

Pour les mauvais souvenirs… Le premier qui me vient à l’esprit, c’est l’un de mes tous premiers souvenirs. Je suis arrivé en studio, la porte était entrouverte, et j’ai entendu Tom et Chris se disputer à propos d’argent et d’autres choses. Et j’étais tellement choqué, parce que je ne savais pas qu’ils n’étaient déjà plus en bons termes. Alors j’ai juste attendu dehors jusqu’à ce qu’ils arrêtent de se battre. Et j’étais vraiment en état de choc, parce que la seule fois où j’avais entendu des gens crier et se disputer, c’était mes parents avant leur divorce, quand j’étais enfant. Ça m’a donc vraiment secoué. J’ai attendu qu’ils aient fini, puis j’ai ouvert la porte comme si je venais d’arriver : « Hé, comment ça va ? » sans leur dire ce que j’avais entendu. Ensuite, j’ai appelé le management après la répétition, et je leur ai dit ce que j’avais entendu. Et ils m’ont dit : « Oui, on sait, Tom et Chris ne sont plus amis proches. » C’était donc un choc. Mais nous avons quand même réussi à faire le travail, et nous avons aussi passé de bons moments. Mais, des décennies plus tard, ce sont surtout les bons souvenirs qui restent.

 

Après la sortie de l’édition deluxe de Tapping the Vein, qu’est-ce qu’on peut attendre de Sodom ?

Je ne fais plus partie du groupe, mais c’est comme si j’en faisais partie maintenant en travaillant sur ça. Je pense que Sodom travaille sur un nouvel album. Mais cette autre version de Sodom, avec Tom et moi, nous parlons déjà de la prochaine réédition, qui serait Get What You Deserve. Donc oui, nous en parlons, et cela va continuer. D’après ce que j’ai entendu, Tom prévoit de faire une pause l’année prochaine en ce qui concerne les tournées. Donc tout ce qui dépasse cela, je ne le sais pas. Mais les rééditions continueront à sortir. Et oui, Sodom ne va pas disparaître. Sodom sera toujours là. Mais pour les détails, je ne saurai t’en dire plus.

 

Si tu souhaites dire quelque chose pour les fans, surtout les fans français, c’est à toi.

Je n’ai jamais été en France avec Sodom, mais j’ai joué en France plusieurs fois avec mon autre groupe, Double Crush Syndrome. Nous étions en tournée avec Hardcore Superstar il y a quelques années. Et le premier concert de cette tournée était à Paris. Et ça, je ne l’oublierai jamais, parce que les fans français étaient déchaînés. Alors j’adore la France. J’adore chaque fois que je viens à Paris, parce que, en général, les musiciens arrivent toujours à Paris en premier. C’est donc la ville que nous connaissons le mieux. Mais je l’aime toujours. Paris ne vieillit jamais. Ce n’est jamais ennuyeux. Alors j’adore les Français. Il y a toujours eu des rumeurs disant que les Allemands et les Français ne s’entendaient pas. Mais je pense que la musique, le rock and roll et le heavy metal rassemblent toujours les gens. Nous nous entendons bien. Nous ne vivons pas selon ces règles. Nous avons le même langage. Et c’est ce que j’adore. Alors j’espère venir en France bientôt.

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Entretien réalisé via Zoom le 22 octobre 2024.

La ré-édition de Tapping The Vein sortira le 15 novembre 2024 via Nuclear Blast Records.

Photographies promotionnelles - Tous droits réservés.

Merci à Frank van Liempd de Petting Zoo Propaganda pour l’organisation de cet échange.



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