Ce n'est pas une chronique habituelle qui est faite ici, c'est le ménestrel Luc Argobast qui sera à l'écoute et à la lecture. Le côté médiéval que l'on peut retrouver au fil de ses chants est typiquement dans l'esprit du pagan donc point de quolibets, que ouïr grand vos esgouilles ! Il s'était d'ailleurs produit en 1997 au CERNUNNOS PAGAN FEST II.
Luc Arbogast fut découvert pour une grosse partie du public via une émission de télé-crochet en début d'année 2013. Cet auteur-compositeur est en déjà à sa sixième production musicale offrant toujours cette étonnante inspiration médiévale couplée à la voix de ce contre-ténor sortant de l'ordinaire. Brian Joubert avait par le passé patiné plusieurs fois sur des chansons de l'artiste.
Odysseus est un album de 11 morceaux qui entraînera l'auditeur dans un autre temps avec ces pléiades de sons où bouzouki et laud seront fortement mis en avant au fil des chansons. Les influences de l'époque médiévale et autres chants traditionnels d'époques se mêlent via une excellente maîtrise vocale et instrumentale de la part de Luc Arbogast. Dès "Cant De Gévaudan" on se retrouve quasi sur une place d'un marché ou à festoyer le soir avec ce barde qui appelle le public à venir escolter son fabliau qui sera un hymne à une musique festive et villageoise, ce qui en fait une mélopée très accrocheuse.
Chaque chant entraîne dans une atmosphère et ambiance particulière, l'exploitation des cordes vocales dans les tons graves et aigus donnent une profonde ampleur aux chansons qui prennent une dimension plus grande quand vous l'écoutez avec un mode cathédrale (si votre chaine stéréo le permet), ce qui permet de réellement prendre conscience de la densité artistique de ce disque.
La "Nausicaa" ( La Moldau de Bedrich Smetana) est une très belle réadaptation de part Luc Arbogast, c'est d'ailleurs ce morceau qui est choisi comme premier titre promotionnel.
Les chants seront tantôt en anglais, français, latin, arabe et hébreu permettant de donner un éventail encore plus vaste dans les compositions et ambiances musicales, "Cancion Serafadi" la dernière piste sera un bel exemple de l'intensité et spiritualité qui s'en dégage (ce morceau est une version publique - du live).
L'adaptation de l'Adagio d'Albinoni "Eden" est somptueuse, frôlant même la chair de poule et le choix de reprendre un morceau de Tears For Fears (plus les vieux) qui fut ensuite repris par Gary Jules (connu lors du film Donnie Darko) de "Mad World" prouve de la capacité d'adaptation vocale et artistique de Luc Arbogast.
Odysseus est un excellent album, prouvant que des artistes peuvent faire bien autre chose que de la soupe musicale, qu'en faisant le pari de faire un télé-crochet ouvrirait les esprits aux gens. Le pari est gagné avec cet album... et, au passage, allez écouter les anciens disques qui sont tout aussi excellents.
Si une tournée se fait, il faut juste espérer que celle-ci se fasse dans des lieux où l’acoustique permettra de faire ressentir ces odes d'un ancien temps.
Tracklist :
01. Cant De Gévaudan
02. Terra Incognita
03. Nausicaa (La Moldau)
04. Le Roy A Fait Battre Tambour
05. Akhenahema
06. Yelahiah
07. Bowen's Barley Field
08. Eden (L'Adagio D'Albinoni)
09. Mad World
10. Le Grand Coureur
11. Cancion Serafadi