Fleshgod Apocalypse est devenu, en un album et un clip, un groupe "superstar" à ne pas manquer. C'est avec Agony que les italiens ont pris un virage à 90°, délaissant leur brutal death extrême et sans fioritures, pour un brutal death symphonique et beaucoup plus nuancé, bien que très rapide et parsemé de blast-beats. Le groupe ne laisse pas indifférent, notamment les fans de la première heure, que ce soit en studio ou en live. Avec leur nouvel album, Labyrinth, sorti le 16 août dernier, le défi risque d'être corcé pour Fleshgod Apocalypse s'ils souhaitent contenter l'ensemble de son public.
Difficile de revenir en arrière après un tel album. Comme nous pouvions nous en douter, Labyrinth est la suite logique de Agony, comme en témoigne la piste d'ouverture "Kingborn" qui aurait pu sans aucun problème se trouver sur le précédent opus. C'est un Fleshgod Apocalypse survitaminé qui tape très vite et très fort. Est également présente une femme, Veronica Bordaccini, chanteuse d'opéra qui vient contre-balancer le rôle quelque peu changé de Paolo Rossi, bassiste et second chanteur du groupe.
Le début de l'album ("Minotaur", "Elegy", "Toward The Sun") se révèle plutôt réussi grâce à des variations bienvenues. Bienvenues, car le principal défaut de l'album précédent était clairement sa linéarité et sa répétition. Ici, les chansons ont l'air plus travaillées, plus variées.
Bien que déroutante, la construction de "Minotaur" et son rythme plus mid-tempo donne bien plus de groove et de poids à la musique des italiens. La progression jusqu'au au final, soutenue par le solo de guitare, se révèle d'ailleurs assez intense et parvient à nous attraper les tripes. "Elegy" repart de plus belle dans un style beaucoup plus classique pour le groupe (c'est à dire une musique la plus rapide possible et des orchestrations de tous les côtés), mais reste néamoins efficace grâce à des riffs variés et bien pensés, ainsi que des changements de tons. Le solo est de rigueur, tout comme les cris sur-aigus de Paolo, qui semble effectivement vouloir crier lui aussi le plus fort et le plus aigu possible. Enfin, "Toward The Sun" surprend par ses couplets contrastés avec le reste de la chanson, beaucoup plus libérés du mur de son généralement de rigueur. Moins dans la brutalité et plus dans la mélancolie (un peu comme "The Forsaking" de Agony) mais bien plus variée que cette dernière, la chanson est la troisième surprise de l'album. C'est à ce moment que la chanteuse Veronica apporte un vrai plus à la chanson. L'écoute de ces trois titres à la suite est des plus agréable, jusqu'au piano final de "Toward The Sun".
La suite se montre plus corcée. Alors qu'il aurait été agréable de souffler un peu avec une interlude plus calme et plus posée, Fleshgod Apocalypse enfonce le clou et reprend de plus belle ses riffs éfreinés avec "Warpledge", "Pathfinder" et "The Fall of Asterion". Paolo revient crier plus fort que jamais, trop fort à mon goût ce qui devient particulièrement irritant. Il est clairement de trop sur ce disque.
Passées les bonnes surprises du début de l'album, la suite est aussi prédictible et frustrante qu'à l'écoute de Agony. Bien sûr, c'est très bien exécuté (les guitares se permettent d'ailleurs quelques envolées techniques remarquables), mais ce sont à nouveau exactement les mêmes recettes qui sont réutilisées : tempo le plus rapide possible, blasts-beats dans tous les coins, orchestrations dits "épiques" en fond sonore, bouillie en premier plan, et alternance entre le growl de Tommaso Riccardi, le chant devenant insupportable de Paolo, et la voix de la chanteuse d'opéra. Malheureusement, ces chansons s'oublient aussi rapidement qu'elles sont passées, ne disposant d'aucun moment phare ni marquant. Elle n'apportent rien à l'album, bien au contraire.
"Prologue" vient (enfin !) totalement couper l'élan de l'album, et c'est plutôt une bonne nouvelle. Le mal de tête n'était pas loin. Ceci-dit, je ne sais pas ce qu'une chanson avec un titre pareil nage en plein milieu de l'album, surtout directement suivie par "Epilogue". Quoi qu'il en soit, cette dernière, malgré son statut visiblement un peu spécial, n'apporte finalement rien de transcendant.
Veronica Bordaccini
Heureusement, la longue "Under Black Sails" parvient à rehausser le niveau, malgré sa longueur et son rythme éfreiné. On y retrouve des influences très symphoniques (comme sur "Elegy") nous rappelant une ambiance d'opéra, comme avait pu le faire Fleshgod Apocalypse avec le titre "The Violation" notamment. L'album se termine en beauté avec le magnifique piano du titre éponyme "Labyrinth", au moins aussi prenant que "Minotaur". On aurait bien souhaité un tel repos (et une telle pièce musicale) un peu plus tôt et un peu plus souvent !
Finalement, ceux qui ont aimé Agony aimeront Labyrinth. Les autres n'aimeront clairement pas ce nouvel album. Fleshgod Aocalypse maintient clairement le cap de sa violence mais ses chansons manquent encore de pertinence. J'entend par là que l'album dans son intégralité est tellement compact (comme Agony) qu'il perd largement en efficacité. Là où The Faceless parvenait à rentabiliser au maximum les passages les plus violents de Autotheism grâce à la variété de l'album, Fleshgod Apocalypse mise sur la violence coûte que coûte.
Les efforts de variations sont bien présents mais finalement trop maigres pour me permettre d'apprécier des riffs intéressants mais trop noyés dans une bouillie de riffs tous les plus violents les uns que les autres. Car, en effet, la violence à mon sens ne s'apprécie que si celle-ci est pondérée, mise en valeur, balancée par des passages moins violents, ces passages qui disent : "Attention, là tu va chier dans ton froc" (The Faceless, Converge, Anaal Nathrakh...). De la violence entourée de violence devient trop anodine pour être intéressante.
Unna
5,5/10
Tracklist :
01. Kingborn
02. Minotaur (The Wrath Of Poseidon)
03. Elegy
04. Towards The Sun
05. Warpledge
06. Pathfinder
07. The Fall Of Asterion
08. Prologue
09. Epilogue
10. Under Black Sails
11. Labyrinth