Ouvrons grand nos oreilles, faisons le vide dans notre esprit, et laissons-nous guider sur les traces de la mélancolie, d'une lente agonie romantique, au son d'élégies : les élégies aux âmes perdues...
Angellore est un duo avignonnais né il y a deux ans, d'une rencontre amicale et musicale. Dès lors, Rosarius et Walran (qui est également le leader de Betray-Ed), les deux seuls membres du groupe, n'en finiront plus de progresser et de laisser aller leur inspiration.
Une première démo en août 2007 ("Ambrosia") et un premier EP en avril 2008 (Les Promesses De L'Aube) plus tard, et les deux compères se retrouvent début 2009 pour enregistrer un nouvel effort - au moment même où le groupe sort, grâce au label portugais Nekrogoat Heresy Productions, 5 des 6 titres de son premier opus sur un split CD avec Merankorii.
Ainsi naît en 3 jours d'enregistrement intensif le nouvel EP : Elégies aux Âmes Perdues. 6 titres répartis 3 interlude/intro/outro et 3 titres au son gothic doom excellemment bien structurés.
Cette offrande ouvre sur une introduction aux charmes grégoriens, Miserere Mei, qui nous plonge sans attendre dans une ambiance sombre et éthérée, conclue par un orgue glacial et supportée par des voix venues d'ailleurs.
La suite n'en est que plus intense avec le splendide Dans Les Vallées Eternelles, morceau déjà culte pour les fans du groupe, aux variations multiples et ultimes, aux émotions exarcerbées. Transitions travaillées aux petits oignons, guitares soutenues et mélodiques en harmonie, claviers et piano suintant d'élégance - sans oublier les parties chants qui achèvent de nous convaincre et de nous séduire. Le duo démontre ici son immense talent grandissant.
A peine le temps de s'en remettre qu'on attaque le tube de cet EP : Freeze the Sun. Un morceau à la fois gothique, triste et accrocheur. Qui donnerait presque envie de danser ! Une mélodie qui se retient immédiatement pour une composition frôlant la perfection et parfaitement servie au chant par le duo Rosarius/Walran notamment au niveau du refrain.
Le temps d'un Lament of the Lost Soul pour souffler un peu - ou à peine, tant cet interlude déborde de créativité simple mise en valeur par le chant très convaincant d'un Walran inspiré - et on enchaîne avec un autre gros morceau : I Am the Agony. Probablement le morceau le plus triste et le plus plombé de cette oeuvre Angellorienne, mais pas le moins intéressant ! Ce titre est un coup de coeur personnel, et ce malgré des transitions peut-être plus hésitantes que sur Dans Les Vallées Eternelles. Mais peu importe, le plaisir d'écoute n'en est pas gâché, bien au contraire !
Et c'est au moment où I Am the Agony se termine que l'on se rend compte à quel point l'EP est passé vite. Car il est déjà temps de déguster tendrement la conclusion, Le Murmure des Coeurs Blessés, instrumentale piano d'une légèreté épurée, qui vient sobrement nous éblouir et nous apaiser...
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce travail musical, alors quels défauts relever pour quelque peu atténuer mon enthousiasme ? Déjà, j'ai beau essayé de chercher, mais cet enthousiasme restera intact et ce même si je vous avoue ici quelques minimes maladresses. Premièrement, la production... même si celle-ci est largement à la hauteur ! Evidemment, l'EP n'a pas été mixé et post-produit en studio, le son ne peut donc être parfait mais se voit déjà relevé en profondeur et en précision par rapport au précédent brûlot du groupe. Ensuite, noterait-on quelques enchaînements parfois légèrement imprécis ? Si on veut être très sévère, oui... mais si on décide de se laisser porter au gré de la musique, rien ne viendra nous choquer. Et dernier petit défaut... euh... c'est trop court !! Car oui, désormais on attend avec impatience l'album, un EP aussi magnifique soit-il ne saura nous rassasier très longtemps !
Un solide 8.5/10 au final pour un EP respirant la volonté de faire une vraie musique inspirée venant droit du coeur ! Fans de Saturnus, Draconian ou autres Estatic Fear, ce petit bijou musical sans prétention est fait pour vous ! Et vivement l'album complet, en studio... et mon petit doigt me dit que très bientôt, nous y aurons droit !
Ma note : 8.5/10