Motocultor Festival Open Air : samedi 17 août
Deuxième journée de l'édition 2013 du Motocultor, avec une programmation variée, allant du punk au grind le plus sale, en passant par le thrash mélodique et le metal oriental. Si le soleil matinal a laissé place à une petite pluie en début de soirée, les ardeurs des metalleux, plus nombreux qu'au jour précédent, n'ont pas été refreinées.
Collaps Machines – Supositor Stage – 13h
La deuxième journée du Motocultor est ouverte par Collaps Machines, groupe de la région, bien décidé à faire bouger les festivaliers avec son hardcore principalement influencé par les grands de New York et des groupes de hardcore moderne. Si le frontman Bën est bien motivé et se donne à fond, on remarquera néanmoins que les autres musiciens se montrent moins mobiles.
Le groupe doit en plus faire face au problème de ceux qui jouent en premier : le public n’est pas des plus fourni. Probablement en train de récupérer d’une éventuelle gueule de bois, les festivaliers ne se pressent pas pour voir le groupe de hardcore rennais et il reste beaucoup de place devant la Supositor Stage. Heureusement, le groupe peut compter sur les fans de hardcore pour former un pit assez sympathique.
Avec une musique relativement moderne, Collaps Machines est arrivé à tirer son épingle du jeu en convaincant les quelques festivaliers venus assister au spectacle, qui n’ont pas manqué de les applaudir.
Vyuuse
Jungle Rot – Dave Mustage - 13h45
J'aime sentir l'odeur du napalm au petit matin.
Bon, d'accord, il est tout de même déjà presque 14h, mais en temps de festival, c'est encore le matin pour beaucoup de monde. D'ailleurs, le public n'a pas encore vraiment fini d'arriver.
Pourtant, c'est le moment de se dégourdir les jambes avec un bon vieux groupe de death old school comme Jungle Rot.
Certes, le nom du groupe n'est pas très vendeur, puisqu'il fait référence à une maladie des pieds attrapée par les soldats US au Viet-Nâm, dans leurs bottes perpétuellement humides.
En tout cas, leur musique elle, est très loin de sentir des pieds. Au contraire, elle aurait plutôt tendance à balancer joyeusement une grosse bourrasque sur la scène du Motocultor.
A l'écoute, on remarque assez rapidement que Jungle Rot nous propose un bon vieux death metal qui n'aurait pas fait honte à des Benediction, des Bolt Thrower ou des Obituary de la glorieuse époque des années 90.
Dave Matrise, seul rescapé de la formation d'origine datant de 1994 semble en tout cas bien en forme et son chant puissant colle bien sur les riffs rageurs.
Le public apprécie, même s'il reste encore peu nombreux pour ce second concert de la journée.
Soulignons encore une fois que l'organisation du festival sait bien dénicher les groupes efficaces, pas forcément très connus , tout en alternant tous les styles du metal.
Thomas Orlanth
Excrementory Grindfuckers - Supositor Stage - 14h35
Sous un soleil radieux et devant un public assez fourni, les Allemands foldingues d'Excrementory Grindfuckers (amis de la poésie...) viennent donner leur toute première date en France. Le chanteur Mao se présente à la foule dans une veste dorée, à la manière d'un Elton John sur fond de nappes de synthétiseur assez calmes, en clamant "nous faisons du grindcore atmosphérique".
Le public l'a bien compris, Excrementory Grindfuckers fait dans la pure déconne, et le fait bien ! Des blagues entre chaque chanson, plus ou moins en dessous de la ceinture, avec un Mao qui vante les vertus du schnaps (en levant une bouteille de whisky) ou qui se plaindra de ne pas pouvoir déféquer quand il n'est pas chez lui.
Devant une telle ambiance de déconne, le public du Motocultor s'en donne à coeur joie, en balançant des rouleaux de papier toilette, faisant des giges et des chenilles et des danses improbables. L'ambiance est au beau fixe, avec un public qui s'amuse plus que jamais devant cette orgie de blagues et de chansons improbables.
Musicalement, Excrementory Grindfuckers mélange tout et n'importe quoi. Si la base est grindcore, on retrouve des rythmiques rock n'roll, des mélodies bien trouvées et des refrains accrocheurs, comme "Ist Aber Nicht". Le groupe gratifiera même les festivaliers du tube "The Final Countdown" d'Europe en fin de set, rebaptisée "The Final Grindown" pour l'occasion.
Les organisateurs avait décrit Excrementory Grindfuckers comme un "groupe décalé [qu'ils] essaient de faire jouer au Motocultor." La description leur sied parfaitement et le public a apprécié l'initiative, comme le groupe, qui a su continuer la fête pendant le reste du festival.
Setlist :
Humor
Schnaps
Excrementory
Nein, kein Grindcore
Looking for Grindcore
Schämt Euch
Heimscheißer
Is aber nicht
Grindcore Blitz
Veganerweibchen
Ich Mach Dich Ein
Halb & Halb
Vater Morgana
Final Grindown
Rappel :
Picknick
Vyuuse
Gorod – Dave Mustage - 16h50
Le death technique de Gorod vient donner des coups de masse au public.
Vous voyez la chute d'un réservoir de plomb en fusion dans une usine sidérurgique ?
Vous imaginez le son que cela donne, en comptant évidemment les victimes qui ont eu le malheur d'être desssous ?
Et bien voilà, vous avez la musique de Gorod : les mots metal et death se combinent à merveille.
A titre tout ce qu'il y a de plus personnel, je n'ai jamais vraiment accroché à leur musique. C'est technique, c'est beau, c'est rapide, c'est puissant, c'est lourd, mais... Il manque un petit quelque chose, une résonnance avec mon âme, un peu de chaleur humaine.
Ceci dit, je suis certain que le groupe a beaucoup de vrais fans qui me brûleraient allégrement pour ce que je viens de dire, pour me faire sentir cette chaleur humaine à leur manière, mais qu'ils sachent que les goûts et les couleurs sont très personnels.
Quoiqu'on pense de leur musique, on ne peut qu'approuver leur prestation scénique. Le groupe sait bouger et aime faire des contorsions tout en assénant leur musique.
Pour ne citer que lui, Barby, le bassiste de Gorod, m'a toujours impressionné tant il semble prendre son pied sur scène tout en roulant des yeux avec un grand sourire aux lèvres.
Bref, un très bon concert qui prouve que la scène death française se porte très bien !
Thomas Orlanth
Nick Oliveri & The Mondo Generator – Dave Mustage – 18h25
Après avoir pris la température des différents alcools locaux, la bande à Nick monte sur scène bien décidé à en découdre et heureux de renouer avec les festivals en France.
Le combo n’y va pas par 4 chemins et donne une couleur Punk "In Your Face" au show. Les musiciens jouent à fond la carte de l’instinctif, du brute et du rapide. Nick, torse nu, caché derrière sa basse (avec un autocollant Eyehategod dessus) qu’il porte au niveau du genou grimace en gueulant dans le micro. On sent que les musiciens s’entendent bien et qu’ils sont là pour s’amuser. Nous on est plutôt là pour voir l’ancienne légende de Kyuss et de Queen of the Stone Age dont le titre "You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire" sera joué ce soir donnant un petit coup de fouet au public qui en a bien besoin.
Lionel / Born 666
The Exploited – Dave Mustage – 20h15
Des crêtes, il y en a parmi le public, des rouges, des vertes, des biens droites, des flasques, des longues et des petites. "Punk’s not dead quoi!!!"
Même sous la pluie une crête se doit de rester bien droite, car le temps n’est plus avec nous mais cela n’empêche pas le public de s’amasser devant la scène.
"Fuck the USA" lance les hostilités sous une pluie fine mais intense avec ce riff punk caractéristique…simpliste mais trop puissant! Les doigts se tendent dans le ciel gris de Saint Nolff ! Suivi par un "Holiday in the Sun" ravageur. Le public bouge, réagit, pogote comme dans une vieille salle enfumée d’un Londres passé comme sur "Dogs of War" et son rythme à contretemps qu’un The Clash n’aurait pas renié.
Tous se délectent de la prestation de la bande à Wattie Buchan qui n’arrête pas de déambuler sur les planches. La pluie s’intensifie et c’est à ce moment que je me décide d’aller chercher des vêtements plus adéquats pour affronter le crachin breton. Lorsque je reviens vers la scène je croise les musiciens d’Endstille, visiblement "très en forme" sortant du bar des musiciens qui m’embarquent pour me retrouver dans les premiers rangs scandant les refrains des britanniques d’une façon rageuse le majeur bien tendu. Mythique !
Lionel / Born 666
Orphaned Land – Supositor Stage – 21h10
C’est sous une pluie légère mais présente qu’Orphaned Land entre en scène. L’humidité du climat n’empêche cependant pas au groupe d’emmener le public du Motocultor dans ses terres ensoleillées, en ouvrant le show avec le riff typiquement oriental de "Barakah", titre rentre-dedans idéal pour commencer un festival de metal.
A partir de ce premier titre, on a également la preuve que la pluie bretonne ne refreine pas non plus les ardeurs du public, très participatif, qui saute sous les ordres du frontman Kobi Farhi, headbangue à tout va, chante les mélodies (notamment celle de "The Kiss Of Babylon (The Sins)") et offre au groupe une véritable orgie de slammeurs qui ne faot qu’augmenter à mesure que le show avance.
Devant une telle ferveur, le groupe affiche sa joie, multiplie les sourires, avec un Yossi Sassi qui se montre très proche de son public et en même temps complice avec son frontman, Kobi. Uri Zelha, toujours égal à lui-même, reste présent avec ses headbangs sans fin. Seul Chen Balbus, le petit nouveau à la guitare rythmique, se montre plus discret et réservé, même s’il montre bien qu’il est content d’être présent.
Côté setlist, le groupe s’axe clairement sur les albums récent, en ne jouant rien d’avant Mabool, hormis l’outro instrumentale d’"Ornaments Of Gold". Le choix est plutôt équilibré pour les trois derniers disques, avec les tubes de The Neverending Way of ORwarrior ("Sapari", "Barakah"), les pièces épiques de Mabool ("Birth of the Three (The Unification)", "Ocean Land (The Revelation)") et des perles du petit dernier ("All Is One", "Our Own Messiah") qui passent l’épreuve de la scène à merveille. Evidemment le classique "Norra El Norra" n’est pas oublié en fin de concert, avec le fameux solo acoustique de Yossi, qui utilise son bouzoukitara de la plus belle manière.
Un concert qui montre qu’Orphaned Land n’a plus à prouver sa force sur scène et qu’il est capable, avec son metal hybride, de convaincre le public extrême du Motocultor, en mettant l’accent sur le côté direct et festif pour faire danser les amoureux de voyages musicaux.
Setlist :
Barakah
The Kiss of Babylon (The Sins)
Birth of the Three (The Unification)
Olat Ha'tamid
All Is One
The Simple Man
Ocean Land (The Revelation)
Sapari
Our Own Messiah
Norra el Norra (Entering the Ark) / Ornaments of Gold
Vyuuse
Impaled Nazarene – Dave Mustage – 22h05
Juste avant Jesus sur scène avec Orphaned Land, le Nazaréen Empalé déboule sur scène tels des skins dans un magasin de "bombers". Oy Oy Oy ! Tel est la magie de la programmation. L’attitude est punk, "Roots" dans les rangers.
Le public est curieux et accroche rapidement, malgré un son plus que brouillon aux riffs acérés des islandais mais avec des titres exécutés à vive allure.
Mais pourquoi Slutti666 se cantonne-t-il juste sur le rebord de la scène devant les retours bien à l’ombre des projecteurs ? Prise de poids ou attitude qu’il lui sied bien ? Les treillis sont de mise et Slutti666 n’hésite pas à parler avec le public.
De toute façon Impaled Nazarene est heureux et fier de jouer si tard dans la journée, piochant dans toute leur discographie afin de faire plaisir aux fans les plus extrêmes venus en nombre ce soir.
Lionel / Born 666
Banane Metalik – Supositor Stage – 23h05
C’est sur une scène décorée à la manière d’un film d’horreur que les français de Banane Metalik entrent pour effectuer leur concert au Motocultor, dans le cadre de leur tournée qui fête leur retour après deux ans d’absence. Flanqués de déguisements de zombies décharnés, les punks sont prêts à offrir une heure de ce qu’ils appellent le "gore n’roll".
Bien mobiles, les membres se démènent tout le long du set, en parcourant la scène de long en large et en dansant autour de leur contrebassiste Éric. Le plus mobile de tous reste le chanteur Ced 666, qui usera d’artifices pour interpréter ses chansons, comme une batte pour se donner un petit côté Orange Mécanique. Si Banane Metalik aime la thématique des films d’horreur, le chanteur prend aussi à parti la foule pour parler de sa liberté artistique et aussi parler un peu politique. Le chanteur demandera aussi à la sécurité de prendre soin des slammeurs.
Mais le propos est avant tout festif, preuve en est avec la musique présentée par les français. Les chansons punk sont simples et accrocheuses, et surtout entrainantes. Bien sensible à cela, les festivaliers en profitent pour bouger dans tous les sens, surtout aux premiers rangs. Voyant cela, le chanteur ira jusqu’à monter sur la rembarde de sécurité pour faire chanter les volontaires du public.
Groupe un peu punk et décalé, Banane Metalik a su offrir une alternative au pendant extrème du Motocultor en mettant l’accent sur le côté festif, avec un soupçon de revendication.
Vyuuse
Annihilator – Dave Mustage – 00h00
Il est maintenant temps pour les festivaliers d’assister à l’un des clous de l’affiche de l’édition 2013 du Motocultor : la venue d’Annihilator, qui n’avait pas donné de concert en France depuis 2010. Si les canadiens avaient été accueillis avec les honneurs au Hellfest et au Divan du Monde (Paris) cette année-là, il en est de même pour le festival breton, avec des fans qui trépignent d’impatience avant l’arrivée des musiciens.
Si le début du concert est quelque peu hasardeux, avec un son très moyen sur "Smear Campaign", le groupe redresse vite le tir avec un "King Of The Kill" qui mettra tout le monde d’accord. Côté setlist, le groupe pioche un peu dans toutes ses époques. Après deux titres de Feast bien interprétés en début de show, on retrouve des classiques comme "Ultra-Motion", "Set The World On Fire" ou "W.T.Y.D.", ainsi que des titres plus rarement joués comme "Fiasco" ou "No Zone". Les classiques imparables old-school comme "The Fun Palace" ou "Alison Hell" sont évidemment de la partie.
Faisant peu cas de l’époque à laquelle sont sortis les titres, le public est heureux d’être là et le montre bien en chantant à tue-tête, moshant et surtout en slammant. En effet, le concert d’Annihilator est probablement celui où le plus de personnes se sont amusés à se faire porter par la foule, offrant quelques instants de stress à une équipe de sécurité constamment sur le qui-vive.
Devant une telle ferveur, Jeff Waters et sa bande restent égaux à eux-mêmes. Le leader, souriant et heureux d’être sur scène, court de part et d’autre de celle-ci, vient haranguer la foule et prend le micro assez souvent pour alterner avec le chanteur principal Dave Padden, bien en voix ce soir mais moins expressif qu’à l’accoutumée. Musicalement, le groupe est bien en forme et Jeff Waters peut démontrer une fois de plus la maîtrise totale de sa guitare avec des solos bien thrash comme sur "Alison Hell" ou des arpèges bien sentis sur "Fiasco".
En tête d’affiche du Motocultor pour sa première venue à ce festival, Annihilator a su servir un thrash fin et mélodique à son public, sans oublier de les exciter avec des riffs destructeurs. Une réussite totale en terre bretonne, qui donne envie de les revoir cet automne pour un set plus ample, à la hauteur du talent des musiciens.
Setlist :
Smear Campaign
King of the Kill
No Way Out
Clown Parade
Ultra-Motion
Set the World on Fire
W.T.Y.D.
No Zone
Fiasco
The Fun Palace
I Am in Command
Alison Hell
Vyuuse
Rotten Sound – Supositor Stage – 01h05
La journée avait commencé avec du hardcore et se finit avec le grindcore implacable de Rotten Sound, qui fête cette année ses 20 ans d’existence. Après la sortie de l’EP Species At War, les Finlandais opèrent une tournée intense qui fait profiter les festivaliers amateurs de sensations fortes.
Et on peut dire qu’elles sont au rendez-vous. Après la finesse instrumentale d’Annihilator, place à la porcherie jouissive de Rotten Sound, qui enchaîne ses titres bourrins à souhait, avec des musiciens qui montrent bien qu’ils s’éclatent sur scène. La voix porcine de Keijo Niinimaa résonne dans les tympans et les cages thoraciques des metalleux couche-tard et les motive bien.
En effet, grindcore oblige, les mosheurs ont l’occasion de s’en donner à cœur joie malgré le fait qu’ils ont une journée de metal dans les pattes. Pas de quartier donc, les mosheurs se dévissent la nuque et sont prêts à participer au champ de bataille apocalyptique, terme bien trouvé que le groupe utilise pour décrire sa musique dévastatrice.
Côté musical, les riffs de Mika Aalto sont servis à travers un son moyen (mais pas pourri) qui rend l’ensemble imprécis mais permet tout de même aux metalleux d’apprécier la brutalité musicale des finlandais, qui enchaînent les titres sans sourciller. Ils s’amuseront même à feinter leur public en faisant un rappel qui vaudra un joli mouvement de foule à ceux qui croyaient le concert fini.
Un final des plus bourrins pour une journée assez variée, avec de l’extrême, du punk et des groupes à la musique plus mélodique. La seconde journée du Motocultor plus fournie que la première en termes de public, aura eu le mérite de satisfaire de nombreux festivaliers avec une large palette de genres de metal.
Vyuuse
Photos : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography