On comprend aisément à l'écoute de cet album pourquoi le processus a été si long. Le groupe a fait le nécessaire pour concrétiser ses ambitions, rien n'est laissé au hasard dans ce concept album futuriste d'une richesse hallucinante. 7 ans de composition, 5 ans d'enregistrement, le tout sans le moindre soutien d'une quelconque maison de disques, pour aboutir à une oeuvre qu'il est difficile de qualifier autrement qu'un opéra métal. Mais là où les tentatives de Tobias Sammett avec Avantasia, ou d'Arjen Lucassen avec Ayreon (qui apparaît en guest), s'avéraient assez naïves et désuettes dans leur prétention à s'approcher d'un opéra (indépendamment de ce qu'on peut penser de la musique en elle-même donc), le projet s'en rapproche ici réellement dans le sens où toutes les parties sont inextricablement liées. Le découpage n'est là qu'à des fins pratiques, on se trouve bien en face d'un opéra au sens wagnérien du terme.
C'est bien beau me direz-vous, mais et la musique donc ? Elle s'adresse à tous les amateurs de progressif, de death mélodique, de curieux, d'amateurs de projets fous, de mélomanes que le métal ne rebute pas. Difficile de décrire Cybion avec des mots, tant les influences sont variées, quelque part entre DREAM THEATER, CYNIC, la scène death mélodique, l'industriel parfois, avec des voix robotisées, des rythmes martiaux et des passages teintés d'électro, orchestrations classiques, passages planants à la ERA, passages intimistes et explosions furieuses, le tout étant d'une variété vertigineuse tout en restant d'une cohérence parfaite. Certes, on est à des années lumière de la musique passe-partout qu'on entend trop régulièrement, mais en ces temps ou le métal se fait plus consensuel, c'est tellement énorme de se retrouver avec un projet original, jusqu'au boutiste et parfaitement maîtrisé, qui nous fait un peu oublier les copies d'in flames et consorts où tous ces groupes touche-bite insipides (pardon Ju) !
Plutôt que de décrire cet album pendant des heures, je vous invite à faire un tour sur le myspace du groupe pour vous faire une idée de visu. Quelques lignes supplémentaires pour vous parler de la démarche du groupe. Leur but, vousl'aurez compris, n'est pas de faire carrière, mais d'aller jusqu'au bout de leur projet artistique. Ils sont en auto-production et ont pourtant fait un maximum d'efforts pour que leur bébé soit à la portée du plus grand nombre. L'album est disponible en dur, dans un somptueux digipack proposant l'album et la démo skies, épuisée aujourd'hui, agrémentée de 4 reprises : "how could I" de CYNIC, avec Angela Gossow d'Arch Enemy au chant, "a fortune in lies" de DREAM THEATER, "I am the black wizards" d'EMPEROR, et "the dazzling abyss" de LOUDBLAST avec Ludovic Loez de SUP au chant et Paul Masvidal de CYNIC à la gratte. Ce luxueux objet est disponible à 14 euros sur le site du groupe, qui ne gagne pratiquement rien mais espère offrir ainsi un maximum de chances à sa musique d'être écoutée par le plus grand nombre. A noter que l'album est également disponible en téléchargement légal en haute qualité à 3 euros. Amoureux de métal en tous genres, mélomanes de tous les pays, unissez-vous et soutenez KALISIA !
Plus d'infos sur le concept de l'album sur le site, et possibilité d'écoute sur myspace :
www.kalisia.com/
www.myspace.com/kalisia
Et puisque les chroniqueurs habituels ont l'habitude de donner des notes, voici la mienne : 5/5
