Carcass – Surgical Steel

The butcher strikes back !
 

Dix-sept ans après son chant du cygne, le légendaire groupe de death metal de Liverpool revient à la charge avec Surgical Steel. Sans Michael Ammot ni Ken Owen, on pouvait se demander ce que les Anglais étaient capables d’offrir à la scène extrême actuelle. Ni une, ni deux, Carcass montre qu’il est bel et bien ressuscité et offre un album de death metal agressif, carré et varié. Une œuvre parfaite qui montre que le groupe est plus que jamais à la hauteur de sa réputation.

Pas évident de tout miser sur Carcass en 2013. Avec le batteur et membre fondateur Ken Owen en moins (qui a quitté le groupe pour des raisons de santé), et le départ du légendaire guitariste Michael Ammot, qui a notamment participé à la confection du magnifique Heartwork et du féroce Necroticism - Descanting The Unsalubrious, on était en droit de se demander ce que deviendrait la bande de Jeff Walker et Bill Steer, qui a passé 17 ans sans rien sortir de nouveau.

Et pourtant, après avoir fait l’unanimité au Hellfest 2010, Carcass a aiguisé son scalpel et reprend du service sur le billard avec un Surgical Steel précis et destructeur, dans lequel les chirurgiens recommencent là où ils se sont arrêtés en 1996, même si le groupe semble plus draguer les fans d’Heartwork, à grand renforts de plans mélodiques harmonisés, dès l’intro "1985" et sur l’ensemble de l’album.

Cependant, les Anglais ne cèdent pas à la facilité et ne se contentent pas de refaire Heartwork, la preuve avec "Thrasher’s Abattoir", première chanson du disque, qui, avec 1:50 au compteur et sa vélocité rageuse, lorgne plus du côté du grindcore, avec la précision et la propreté que le groupe a su acquérir depuis la sortie de Reek of Putrefaction, pierre angulaire du genre. Le groupe prend aussi l’auditeur à contrepied avec les structures de ses chansons, notamment sur "316 L Grade Surgical Steel" et sa fin inattendue.

Le groupe ne finit pas de varier les plaisirs le long de ces délectables 47 minutes, en variant les tempos, tantôt véloce ("Cadaver Pouch Conveyor System", "The Master Butcher’s Apron"…), tantôt mid-tempo ("Congealed Clot Of Blood"…), en variant aussi les humeurs, avec de la rage pure ("Thrasher’s Abattoir") ou des humeurs plus mélancoliques, notamment retranscrites dans les parties instrumentales ("Noncompliance to ASTM F 899-12 Standard").

En effet, le guitariste et membre fondateur Bill Steer n’a rien perdu de son talent de guitariste et montre à quel point le son de sa Gibson allié à son jeu précis et rempli de feeling est primordial dans l’identité de Carcass. Ses riffs cliniques alternés à ses solos mélodiques font toujours mouches, avec le soutien de Ben Ash, qui arrive à remplacer l’illustre Michael Ammot. Côté batterie, remplacer Ken Owen n’était pas non plus une mince affaire, mais Daniel Wilding se débrouille comme un petit chef avec des parties rageuses à souhait ("Unfit For Human Consumption"…) et de belles montées en puissance.

Carcass

Ceux qui avaient pu apprécier les récents exploits de Jeff Walker sur scène n’avaient rien à craindre au niveau du chant. Si l’émotion gagne le cœur du fan de Carcass en réentendant le timbre facilement identifiable du leader, la quantité de rage déployée est étonnante, avec en plus une capacité à modulée plus évoluée qu'avant. A 44 ans, le chirurgien en chef n’a probablement jamais aussi bien éructé qu’en 2013.

Avec Surgical Steel, Carcass revient en force, à un niveau auquel on ne l’attendait pas. L’album est  la fois une collection de ce que Carcass a fait de mieux dans l’ensemble de sa carrière et dénote aussi une volonté d’aller encore plus,loin, notamment avec le titre final, "Mount Of Execution", pièce épique qui fait figure de nouveauté dans le groupe. Un coup de maître réalisé par Jeff Walker et sa bande, qui se placent ainsi au sommet du podium de l’extrême cette année.
 

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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