Mennecy Metal Fest 2013 : 1er jour (vendredi 20 septembre)


"Mennecy", "Metal" et "Fest" : trois mots qui, alignés, auraient pu paraître surréalistes il y a quelques années. Et pourtant, la mairie de cette charmante bourgade du 91 (Essonne) a su organiser son mini-Hellfest à elle, à la tombée des feuilles et la rentrée des classes, pour notre plus grand bonheur !

Partie en expédition par un vendredi ensoleillé, pour le premier jour du triptyque, c'est avec entrain que votre fidèle serviteur a répondu à l'appel du 20 septembre !

In the Guise Of Men

C’est au groupe francilien qu’incombe la lourde tâche d’ouvrir les festivités. Le parc de Mennecy se remplit alors très doucement, et c’est sous les cruels rayons du soleil que le groupe arrive sur scène. D’emblée, on s’étonne de voir la régie si étrangement rapprochée de la scène, et que le son soit si fort. Des basses bien trop imposantes sabotent d’entrée de jeu l’écoute d’un groupe que l’on était pourtant impatients de voir sur scène, forts d’un EP très prometteur (Ink, en écoute sur leur site internet).
 

Accordage bas, riffs syncopés, alternance de chant clair / screams, le groupe propose ce que l’on pourrait qualifier du « metal moderne », parfaitement dans l’air du temps et très catchy. Mais si malheureusement l’EP mettait en appétit, force est d’admettre que la sauce prend plus difficilement sur la scène du Mennecy Metal Fest aujourd’hui. Le chanteur, Krys, éprouve manifestement quelques difficultés de justesse, et malgré un entrain et une bonne volonté qui force le respect, le groupe peine à s’imposer.

 

Tous les ingrédients sont pourtant là, et les musiciens ne se débinent pas : en dépit de nombreuses gênes palpables, ils se démènent et jouent le jeu à fond. On reste sur notre faim, et attendons de revoir le groupe dans des conditions plus idylliques et rendant mieux hommage à leur musique.

 

Hell Of A Ride

Avec près de 25 minutes d’avance sur le programme, arrive le cocktail survitaminé du groupe Hell Of A Ride. Accordage bas là aussi, et style clairement rock / metal US dans la lignée d’un Alter Bridge ou encore d’un Black Stone Cherry. Remontés comme des coucous Suisses, la bande de Djej (particulièrement en forme aujourd’hui, tant vocalement que scéniquement) donne le maximum. Les trois guitares (Low & Noré aux guitares, Franck à la guitare basse) en imposent, et font preuve d’une sacrée présence.

 

Les classiques du groupe, dont les véritables tubes « Fast As Lightning » et « Holding Back The Years » sont visités, et représentent les points d’orgue du show d’aujourd’hui. Même si l’affluence est encore timide, le groupe donne tout ce qu’il a, et offre une performance très classe. Dans un cocktail détonant laissant entrevoir un rêve de guitares et de grosses cylindrées, Hell Of A Ride s’impose comme un des groupes dont on devrait bientôt entendre (beaucoup) parler.

 

Noré, Djej & Low


Notamment avec la sortie de leur album, prévu pour 2014, dont ils nous proposent en avant-première un extrait, « Aphrodisiac Cadillac », au groove imparable et aux chœurs très en-place, qui table exactement sur ce qu’il manque dans la scène metal française actuelle : ce mélange de gros riffs tantôt heavy tantôt up-tempo, de chant clair bien rock (avec des pointes de screams parfois), et de tout le fun à l’Américaine - tant dans l’imagerie que dans le propos. Coup de cœur de cette journée !

 

Flown

Vus pour la dernière fois en 2012 au Réservoir à Paris, Flown est un groupe qui démarrait très fort il y a quelques années. Créature du chanteur / guitariste Flo Gargaro (à la base excellent batteur), le quatuor officie dans un style beaucoup plus feutré que ses prédécesseurs sur la scène du MMF, entre metal et rock alternatif à mi-chemin entre Tool et Soundgarden, avec accents groovy. Le son des guitares quelque peu brouillon, et un chant pas vraiment bien placé, ne flattent pas l’entrée en matière d’un groupe normalement béton.

 

Alors que l’été Indien s’évanouit alentour, l’on est en droit d’attendre une performance beaucoup plus romancée et poignante que ce dont nous fait grâce le groupe aujourd’hui. Restant clairement sur ses acquis, il se contente de jouer d’une manière très plate les titres de leur album, Gravity, et n’établit aucune communion avec le public. Alors que la matière est pourtant là, on ne voyage pas pour un sou. Le manque de chaleur et de contact – avec la presse et les divers collaborateurs en orbite sur le fest ce jour-là, notamment – nous laissera une sensation très tiède de groupe blasé et faisant feu du strict minimum. C'est à se demander si le groupe ne serait pas précisément tombé dans la fameuse pesanteur décriée à travers leur première oeuvre discographique... Que dire à part que l’on attend avec impatience plus d’actu du clan Flown, et une performance bien plus convaincante et avec plus de pêche la prochaine fois ?

 

K.A.

Deuxième coup de cœur de la journée, le groupe K.A. était pour nous une énigme. Fort de deux EP plutôt réussis, on se demandait vraiment ce que pouvait valoir « l’autre groupe » de Raf Pener de chez T.A.N.K. Si l’on connait tous le chanteur, peu savent en revanche qu’il joue également de la guitare.

 

Raf & H.RaM

Avec K.A., on a une gradation dans l’atmosphère dark de la journée, et c’est tout naturellement que l’on passe du côté obscur avec leur death metal puisant clairement ses racines dans la scène thrash américaine des 80’s-90’s (on pense à Metallica, Slayer, Anthrax, Exodus, etc…) mais bénéficiant d’une approche très moderne et accrocheuse façon 2.0. Raf se débrouille fort bien à la guitare, les solos de O.H.M. à la guitare lead vraiment sympas, et H.RaM à la basse et au chant impeccable et n’hésitant pas à faire un peu d’humour entre les chansons – ce qui met instantanément à l’aise le public et le familiarise avec sa musique.

 

On grimpe d’un échelon dans le professionnalisme, avec la performance de nos amis, qui oeuvrent de manière énergique et soudée. La grosse surprise de la prestation reste le batteur, R.U.L., impressionnant de justesse et d’originalité dans le jeu. Aidés par un très bon son, les guitares sont incisives et le tout sonne précis et puissant. Le climax est atteint sur « Fire Control », sur lequel le public adhère une fois pour toutes.

 

Loudblast

Plus besoin de présenter Loudblast, connu comme le loup blanc dans le paysage thrash / death français. Fleuron de la scène il y a quelques années, dans la droite lignée d’un Slayer et de la scène US des 80’s-90’s, le groupe bénéficie d’une grosse crédibilité, et c’est donc avec impatience que l’on attendait la date d’aujourd’hui (et pour les avoir vus live pour la dernière fois il y a quinze ans, de la part de votre humble serviteur bien-sûr).

 

Puisant dans Sublime Dementia (1993), l'excellent Fragments (1998, qui avait divisé la critique à l'époque de sa sortie) et bien-sûr Frozen Moments Between Life & Death (2011), la setlist est intéressante. Dotés d’un son vraiment costaud, la prestation du groupe est résolument bonne, mais l’ambiance bien trop religieuse refroidit. C’est comme s’il manquait quelque chose… Hervé pourtant toujours aussi carré à la batterie, les guitares harmonisées à merveille, heavy à souhait, il n’y a pourtant pas à dire : pas grand monde ne bouge dans le public. Alors pourquoi ? Après maints tours faits par-ci par-là pour tenter de déceler le bug dans la matrice, la constatation aussi froide qu’implacable se fait évidente : pas beaucoup de pêche et d’entrain ce soir, comme si le groupe se contentait de donner le strict minimum.
 


Très sports, ils font monter H.RaM, de K.A. donc, pour pousser la chansonnette avec eux, et l’on constate que l’enthousiasme du chanteur insuffle toute l’énergie et la spontanéité qu’il manquait. On rentrera écouter les disques à la maison, et attendra un jour meilleur où le groupe produira un live digne de la fougue d’antan.

 

Moonspell

C’est en pantalon de vinyle noir et paré d’un casque que l’on croirait emprunté à l’armée Spartiate de Leonidas, que Fernando Ribeiro et sa bande débarquent sur la scène du MMF. Guitares très mélodiques, son massif, et toile de fond un poil goth, Moonspell propose une ode à la Lune. Le jeu des Portugais est énergique, et le chanteur aux faux airs de Jim Morrison harangue sans cesse un public qui le lui rend bien. « Opium » (Irreligious, 1996) fait entrer le public en communion, et parvient à imposer l’imaginaire mi-horrifique mi-glamour du groupe au monde peuplé de loups-garous et de femmes-vampires.

 

(photo tirée du site officiel du groupe)


Toujours aussi charismatique, Fernando lance « Vampiria » (Wolfheart, 1995) et prend ici toute sa dimension de chamane. La messe est dite, les ouailles converties, et tous de prier sous une Lune presque pleine. « Ataegina » (extrait de la version digipack de Wolfheart) parvient à faire danser le public, sur fond de paroles en portugais et d’une conviction sans faille de la part du groupe à l’unisson, et là c’est un peu le "fado des ténèbres". Fernando fait des efforts constants pour bien parler français, ce qui est fort apprécié par fans et profanes à la fois. « Mephisto » (Irreligious) est la dernière élégie de la soirée, avant un rappel sur le titre-phare du groupe,  « Full Moon Madness » (Irreligous, toujours), qui ficèle de façon magistrale le programme de ce premier jour de MMF.

Liens utiles :

In The Guise Of Men
Hell Of A Ride
Flown
K.A.
Loudblast
Moonspell

Retrouvez notre photographe Raphaël Bobillot sur le net !

Un grand merci à la mairie de Mennecy, Alain Lemaire, Yannick Anzolin & mon fidèle ami photographe Raphaël Bobillot "l'oeil du tigre" !

Nos excuses aux groupes Flown & Moonspell : des problèmes techniques ont empêché la prise de photos lors de leurs prestations. 

 



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