Après une première journée assez variée, la seconde édition du Mennecy Metal Fest entamme sa seconde journée ensoleillée et riche en sensations fortes, avec des groupes de thrash et de hardcore (et dérivés) principalement. De quoi réjouir le public jeune comme les vétérans avec des groupes d'âge différent.
Rosie Never Stops
Après une visite guidée du site par le responsable presse (si ça ce n'est pas de l'accueil chaleureux !), j'arrive sur le site au doux son de Rosie Never Stops, un tribute band à AC/DC. Que dis-je ? LE tribute band ! C'est simple, avec ces cinq-là, si vous fermez les yeux, vous y êtes !
Rythmique dans le fond du fond du temps avec, souci du détail, le même matos que les maîtres, un soliste reprenant le dress code d'Angus et enfilant les soli avec une précision dans la restitution qui force le respect, et au chant, Christophe, une véritable pile électrique (rapidement torse nu). Malgré le tout petit nombre de spectateurs (il faut dire qu'il est encore très tôt et que le soleil de plomb a certainement incité quelques festivaliers à une petite sieste avant de rejoindre le site), le vocaliste se démène comme un beau diable, allant chercher le public, l'incitant sans cesse à donner de la voix (rigolo d'avoir l'impression d'entendre le quintet australien avec entre les morceaux des "J'veux que tu foutes un putain de bordel !"). Pour les fans d'Angus et Malcom, c'est un délice tant le travail des guitares est minutieux et relève de l'orfèvrerie.
A grands coups de hits ultra connus ("Shot Down In Flames", "Highway To Hell"), Rosie Never Stops ouvre cette journée de fort belle manière et s'assure un joli petit succès, amplement mérité.
Par Ben l’ancien
All My Memories
Arrive ensuite All My Memories, groupe de metalcore parisien formé il y a deux ans de cela. Assez énergique, la bande est menée par Arnaud, hurleur bien énervé et mobile sur scène, qui fait de son mieux pour chauffer la foule présente. A ses côtés, les musiciens sont dedans et enchaînent riffs typiques du genre et parties mélodiques, menées par les guitaristes Clément et Nicolas. Ce dernier montre une bonne maîtrise de son instrument malgré le fait qu’il ne joue qu’avec un bras.
Le public, malheureusement peu fourni en ce début de journée, se montre assez calme et privilégie l’écoute pure afin mieux découvrir All My Memories. Les pogos et mosh ne sont donc pas encore de la partie. Si le groupe fait des efforts pour les chauffer, on peut néanmoins trouver discutable le fait qu’il quitte la scène plusieurs minutes le temps de l’intro de leur dernière chanson, diffusée sur bande.
Malgré ce petit désagrément, ce jeune groupe arrive à surfer sur la vague metalcore actuelle et a dû trouver son public en ce début de journée.
Song My
Après le metalcore Song My, groupe de Corbeil-Essonnes (region parisienne) formé en 2008. Le style pratiqué par les nouveaux arrivants est assez différent du groupe précédent, plus proche du heavy metal mélodique, avec quelques éléments progressifs et des passages growlés, qui promettent un set varié et intéressant pour les mélomanes.
Cependant, on regrette que le groupe ne soit pas techniquement au point, avec des guitaristes Jonathan et Alban qui multiplient les pains lors des solos, rendant les parties harmonisées difficilement supportables. Si le chanteur Jérémie se montre crédible dans les growls, les parties en chant clair sont inégales et parfois fausses.
Côté compos, si certaines se révèlent efficaces, on peut se poser des questions sur l’épique joué en fin de set, qui ressemble à une juxtaposition de plans agencé de manière anarchique, qui fait que l’auditeur a du mal à suivre le groupe. Le set est conclu par une reprise de Judas Priest, "The Hellion/Electric Eye", qui peut réjouir si les guitaristes ne se plantent pas sur l’intro. Heureusement, les meubles sont sauvés par les parties solo.
Si Song My est plein de bonnes intentions, on ne peut qu’attendre une mise au point instrumentale pour apprécier pleinement les compos de ce groupe. On peut tout de même applaudir le groupe de se lancer dans un genre de heavy metal plus traditionnel au milieu d’une scène underground peuplée de groupe de metalcore et de metal extrême.
Blacksygn
Vient maintenant Blacksygn, groupe de reprises d’Etampes, qui servira un set compose de classiques heavy/thrash metal des années 80, hormis la chanson d’ouverture, "Ghost", issue du premier album solo de Slash que l’audience aura du mal à reconnaître.
Si l’idée de placer un groupe de reprises a de quoi réjouir le public avec des hymnes connus de tous, encore faut-il que l’interprétation suive. C’est loin d’être le cas avec Blacksygn, qui massacre un à un les titres repris. Le membre qui semble le plus à l’aise est Kévin, le bassiste, qui est très mobile sur scène et brille pendant l’intro de "For Whom the Bell Tolls". Si le batteur Nicolas arrive à le suivre, il lui arrive de simplifier les parties, faisant perdre ainsi une partie du mordant à "Seek and Destroy". Côté guitare, Stéphane tente de s’en sortir tout seul pour interpréter des chansons souvent écrites et interprétées à deux guitares. S’il maîtrise les riffs, les solos ne semblent pas être son fort, notamment sur "Hallowed Be thy Name".
Mais le principal défaut du groupe se trouve derrière le micro. Si Jean-Marie essaie de chauffer le public, son principal exploit est d’arriver à chanter en yaourt (criant sur "Hallowed Be Thy Name") avec les paroles sous les yeux. Ajouter à cela un fort accent français et de la fausseté à tous les étages et vous obtenez sa performance à Mennecy.
Si on peut saluer ces quatre gaillards pour avoir aidé à monter le festival et apprécier le courage de reprendre des classiques sur scène, une mise au point est nécessaire pour éviter de les massacrer.
Ci-dessous une reprise d’"Ace of Spades" en 2011, similaire au final du set de Blacksygn à Mennecy (hormis la présence de deux guitares)
Setlist :
Ghost (reprise de Slash)
For Whom The Bell Tolls (reprise de Metallica)
Hallowed Be Thy Name (reprise d’Iron Maiden)
Breaking The Law (reprise de Judas Priest)
Master Of Puppets (première moitié seulement – reprise de Metallica)
Seek And Destroy (reprise de Metallica)
Ace Of Spades (reprise de Motörhead)
Over Hate
Retour au metalcore avec Over Hate, groupe formé en 2011. Cette fois-ci, pas de chichis, le groupe envoie la sauce avec des musiciens statiques mais forts d’un gros son avec des guitares qui dressent un mur de décibels, pendant que Roger Waters dressait un mur de briques blanches le même jour au Stade de France.
Malgré cette volonté destructrice, les guitaristes arrivent à inclure quelques riffs mélodiques dans leurs chansons, qui ont pour effet de les aérer. On regrettera cependant la présence d’un morceau plus ambiant, assez lent et malheureusement en décalage avec le reste du set.
Over Hate, une sympathique découverte qui joue un metal moderne et agressif. Un groupe qui a dû trouver son public en cette journée de sensations fortes.
Unscarred
Vient maintenant Unscarred, groupe de crossover thrash qui réveillera littéralement le festival en ce milieu d’après-midi. En effet, le premier groupe de thrash de la journée (et le seul avec Kreator, la tête d’affiche) fera de l’effet auprès du public, qui commencera lors de ce set à enchaîner circle pits et autre wall of death.
La horde de thrashers en fosse est menée à la baguette par Niloofar, frontwoman impitoyable qui ne les lâche pas d’une semelle en éructant sa rage à travers les différentes chansons proposées, aux riffs efficaces et aux refrains accrocheurs, repris en chœur par l’assistance. Très à l’aise sur scène, ses invectives sont toujours entendues.
Côté musiciens, la section rythmique de Brice et Franck est carrée et installe la charpente up-tempo des titres d’une bien belle manière, pendant que les guitaristes Boris et Nico enchaînent gros riffs et solos propres et bien exécutés. Le thrash présenté, teinté d’influences hardcore, est articulé autour des compos directes qui font l’unanimité auprès du public.
On peut donc féliciter Unscarred pour une performance live pro et digne des groupes de thrash actuels, et surtout pour avoir su se mettre le public dans la poche sans difficulté apparente. Une bien belle découverte de ce festival.
The Milton Incident
Après un changement de plateau de rigueur arrive le groupe de metal alternatif The Milton Incident, qui présente des sonorités modernes proches du metalcore, décidément à l’honneur en cette deuxième journée du Mennecy Metal Fest.
Leur "dark alternative metal", comme ils l’appellent, se veut à la fois brutal et mélodique. Si le groupe est carré et maîtrise bien ses compos, notamment au niveau des guitares, qui incluent des éléments mélodiques ça et là, le chanteur Sam s’occupe du chant, clair comme hurlé, pendant que le guitariste Dave s’occupe des harmonies vocales.
Si leur volonté n’est pas à déplorer, on remarque que le groupe transmet moins d’énergie que son prédécesseur, ce qui se ressentira sur le public, qui dénote une baisse d’excitation. Cependant, la foule reste fournie et présente devant le set des français.
Rise Of The Northstar
Arrive maintenant le groupe de hardcore Rise of the Nothstar, très présent et apprécié sur la scène française alors qu’il n’a encore sorti aucun album (ce qui ne saurait tarder). A l’aise sur scène, les cinq coreux, malgré leur accoutrement digne d’une bande de rookies japonais, arrivent à convaincre le public avec une musique brutale et directe.
En effet, les compos de Rise of the Northstar n’y vont pas par quatre chemins et balancent la sauce sans demander leur reste avec des riffs brutaux de Brice et Erwan, soutenus par la section rythmique carrée de Fab et Kevin. Devant la scène, le hurleur Vithia déclame ses paroles dans un mélange de cri et de rap qui semble difficilement coller au reste de la musique. Pourtant, le public réceptif montre que cela fonctionne.
Originalité du groupe, ses paroles ne traitent pas des thèmes habituels qui reviennent chez les groupes de hardcore, mais sont principalement inspirées par les mangas et la culture japonaise en général. On retrouve notamment des références à Dragon Ball avec des titres comme "Demonstrating My Saya Style".
Un groupe de hardcore venu d’ailleurs qui aura réussi à se mettre le public dans sa poche, alors que l’audience se faisait de plus en plus fournie pour apprécier les performances des têtes d’affiche qui ont suivi.
Mass Hysteria
Première tête d’affiche de la soirée, Mass Hysteria vient tâter la scène de Mennecy et entonne "Positif à bloc" alors que le ciel est déjà bien assombri. Connu pour sa maîtrise du live, Mass Hysteria ne faillit pas à sa réputation et montre qu’il est plus que prêt à botter des culs en ce samedi soir avant l’arrivée de Kreator.
Pour se faire, le frontman Mouss et sa bande se montrent mobiles (à part le guitariste Yann qui a un problème au mollet) et ne lâchent pas le public d’une semelle tout le long de leur set. Mous et le guitariste Nicolas viendront même jouer "P4"(introduite par une partie de "Raining Blood" de Slayer) au beau milieu de la foule, dans l’œil d’un circle pit. Toujours proche de son public, Mass Hysteria invite aussi des filles de l’assistance à danser sur scène pendant le titre "Respect to the Dancefloor". Un invité de marque viendra conclure le set du groupe sur le tube "Furia" : Stéphane Buriez de Loudblast.
En bon frontman, Mouss n’a de cesse de dialoguer avec la foule et n’hésite pas à communiquer ses opinions politiques, insultant copieusement Barack Obama sur l’intervention syrienne et en critiquant Bernard-Henri Lévy sur World on Fire. Adepte d’humour, il ironise également sur le festival Rock en Seine en déclarant qu’il invite "un groupe de rock tous les dix ans".
Côté performance, Mass Hysteria est toujours aussi carré, avec un orchestre au poil qui passe en revue la plupart des classique du groupe mêlés à des titres de L’Armée des ombres, dernier album en date du groupe. Le groupe se permet même un petit plaisir en reprenant le début d’"Enter Sandman"de Metallica en fin de set. Toujours en voix, Mouss s’amuse à caser ça et là de petites références à des titres connus, comme "Smack my Bitch up" (Prodigy) sur "Sur La Brèche", "Blind" (Korn) sur "L’Homme s’entête", ou encore "Seek and Destroy" (Metallica) sur "L’archipel des pensées".
Toujours irréprochable sur scène, Mass Hysteria a une fois de plus convaincu le public et montré explicitement son soutien au festival émergent de Mennecy, qui bénéficie déjà de belles têtes d’affiche.
Setlist :
Positif à bloc
Tout doit disparaître
World on Fire
Babylone
Une somme de détails
L'Esprit du temps
Failles
Plus qu'aucune mer
P4
Sur la brèche
Donnez-vous la peine
Pulsion
L'homme s'entête
Vertige des mondes
L'Archipel des pensées
Enter Sandman (jusqu’au premier refrain - reprise de Metallica)
Respect to the Dance Floor
Contraddiction
Furia
KREATOR
La journée de samedi est déjà prête à s’achever, mais il reste le bouquet final : Kreator. Maître du thrash allemand qui avait donné un concert quelque peu convenu au Hellfest après avoir incendié le Bataclan en novembre 2012. Cette fois-ci, Mille Petrozza mis les bouchées doubles pour la toute dernière date en festival de l’année 2013.
En effet, il suffit de voir Kreator en tête d’affiche pour voir toute la rage du frontman allemand s’étaler sur le long d’un set. A 46 ans, Petrozza crache avec toujours autant de conviction sa haine, aussi bien dans les titres récents comme "Death to the World" ou les vieilleries telles que "Pleasure to Kill". Pas de compromis avec un Mille qui raccourcit ses discours (set d’1h15 oblige) pour laisser l’honneur aux chansons.
Les musiciens ne sont pas en reste non plus. Si le guitariste Sami Yli-Sirniö se montre toujours assez calme, sa maîtrise instrumentale, même en acoustique pour l’intro d’"United in Hate". En revanche, le bassiste Christian Giesler se montre plus mobile et plus prompt au headbang qu’à l’accoutumée, faisant ainsi le show avec le frontman. A la batterie, Ventor tape toujours comme un sourd avec énergie et précision.
Devant un frontman aussi vindicatif et des musiciens impliqués, le public n’est pas en reste et met à sac le festival avec des énormes circle pits, notamment sur "Endless Pain" et "Civilization Collapse", preuve que les nouveaux titres sont aussi bien accueillis que les anciens, ainsi qu’un gros wall of death pendant l’intro de "Coma of Souls".
Kreator a aussi un peu revu sa setlist depuis le Bataclan en 2012. Exit les morceaux plus lents, hormis les indispensables "From Flood into Fire" et "Violent Revolution", qui donnent un aspect épique au concert, pour se concentrer sur les thrasheries destructrices. Ainsi, "Warcurse" et "Riot of Violenc"e sont réabilitées, avec une sympathique performance vocale de Ventor pour cette dernière. Si le reste des chansons est assez similaire au reste de la tournée, le groupe a revu l’ordre pour ne plus concentrer les titres anciens à la fin et ainsi inclure les nouveautés de manière plus naturelle.
Après la sortie récente de son live à Oberhaussen, Kreator montre encore une fois que sa réputation live n'est pas usurpée, pour le grand bonheur des fans, qui ont pu thrasher dans leur froc avec ferveur pour cette clôture de la seconde journée du Mennecy Metal Fest.
Setlist :
Mars Mantra [sur bande]
Phantom Antichrist
From Flood into Fire
Warcurse
Coma of Souls / Endless Pain
Pleasure to Kill
Hordes of Chaos (A Necrologue for the Elite)
Death to the World
Riot of Violence
Enemy of God
Phobia
The Patriarch [sur bande]
Violent Revolution
United in Hate
People of the Lie
Civilization Collapse
Flag of Hate / Tormentor
Until Our Paths Cross Again [sur bande]
Un grand merci à Raphael Bobillot pour les photos live.