Le destin des rois !
Pratiquement 30 ans de carrière et toujours là ! Bon certes il a fallu attendre 9 ans pour un nouvel album successeur d'un Fates Warning X bien sympathique, mais désormais il est là ce 11ème opus studio.
La bande du gratteux fondateur Jim Matheos nous propose en cette fin septembre un Darkness in a Different Light pavé d'excellentes intentions et disponible depuis peu donc chez Century Media. Voyage au coeur d'un prog racé, pour l'un des combos pierre angulaire du genre.
Oscillant entre ce heavy prog old school qui a fait leur réputation, touches plus rock et disons-le actuelles avec notamment un gros son chapeauté par Jim en personne (une autoprod de luxe disons), Fates Warning n'oublie pas avec cette offrande d'évoluer avec son époque. J'avoue cependant avoir pris mon temps avec celui-ci, une première écoute ne se faisant jamais dans les meilleures conditions dans le style, mais là où sur d'autres (ndlr : le dernier Dream Theater et même le précédent) je n'ai pas eu envie d'approfondir, ce FW m'a de suite intriguée avec une touche assez aérienne par moments. "Desire" fut par exemple un "instant karma" avec sa mélodie qui hante l'esprit, un vrai morceau de rock lourd à peine prog qui mettra tout le monde d'accord, mettant en valeur le mix bien équilibré d'un CD qui n'oublie par exemple pas de mettre en avant la basse de l'excellent Joey Vera (aussi dans Armored Saint) sans pour autant faire déborder le pâté. Dans le même style, retenons un "O Chlorophorm" très doux et nuancé, dont les paroles écrites par un invité surprise (Kevin Moore, OSI et ex-Dream Theater) apportent une plus value inattendue. Sans oublier la grosse et imposante conclusion de 14mn, "And Yet It Moves", aux richesses plus que subtiles.
Pour le reste, on fleurte avec le très bon aussi sur "Firefly", plus ou moins le single puisque révélé en "Video Streaming Youtube" (vous savez cette nouvelle mode imposée par les labels pour faire des économies sur les clips ? Ca ou les "lyrics video" d'ailleurs), qui joue les contrastes avec son riff très néo (Deftones ?!) et son refrain quasi pop. Le genre de truc qui peut agacer tout comme convaincre, j'opte ici pour la seconde solution ("Will you stay? Will you go?" d'après les paroles... I'll stay). N'oublions pas aussi l'entame de plus de 7mn, "One Thousand Fires" et ses guitares un peu à la Muse ("Stockholm Syndrome" ?) en intro avant de partir sur des timbres plus sombres, titre qui aurait pu figurer sur un Train of Thoughts de Dream Theater par exemple. Alors oui, du bien bon, mais il y a aussi quelques légers défauts sur cet album approchant les 1h de musique...
"Into the Black" par exemple semble quelque peu de trop, "Kneel and Obey" qui suit n'a d'intérêt que dans le son utilisé (à la fois modernisant et sombre - qui rappellerait presque un Meshuggah soft et plus old school par instants voire un Tool sur le retour) car pas spécialement réussie sur le plan de la composition. Ce n'est qu'un détail, mais le défaut majeur d'un disque parfois trop longuet et qui nécessite donc une concentration d'écoute assez intense. Bah ouais, c'est du vrai prog quoi, même si "pas seulement". Après on ne saurait trop situer ce "I Am", précédé d'un petit interlude introductif "Falling", certes engageant mais qui peine à décoller malgré son riff badass juste avant un "Lighthouse" émouvant à souhait en mode ballade inattendue et où le chant de Ray Alder est mis en valeur.
Malgré donc ces quelques longueurs vers le milieu-fin, ce nouvel album des vétérans est très convaincant et conviendra parfaitement aux fans de prog plus ou moins moderne déçus par le dernier Dream Theater (et on le serait à moins). Fates Warning prouve donc qu'il n'y a pas que la bande à Petrucci dans le monde du progressif metallisé aux Etats-Unis, et c'est tant mieux ! Car eux savent encore s'inspirer et produire un album avec du gros son tout en restant passionnant. Sans se sentir obligé de pondre un éponyme pour soit disant justifier un résumé de carrière somme toute pratique (suivez mon regard).
La Folle Fougère
Note : 7.5/10