Nige Rockett, guitariste d’Onslaught

"Nous faisons toujours des albums de plus en plus agressifs"


Nige Rockett, guitariste et membre fondateur du groupe de thrash metal britannique Onslaught, vous parle de son nouvel album, VI, ainsi que de l'ensemble de la carrière du groupe, dont le projet de réenregistrer l'album In Search of Sanity et des projets de tournée.

Bonsoir Nige, merci de nous accorder cette interview. VI, le nouvel album d’Onslaught, a des titres plus directs les uns que les autres. Peux-tu nous en parler ?

Quand on a commencé à composer les chansons de cet album, le but était d’avoir les chansons les plus directes et les plus agressives possibles. Nous avons suivi la direction prise sur Sounds of Violence (2011), que nous considérions comme notre meilleur album. On a un peu changé l’approche à la production en s’en occupant nous-même, cette étape a été primordiale pour donner la forme qu’on voulait au disque. Cet album est donc très agressif et nous sommes satisfaits du résultat.

Vous avez réussi à garder un son propre et rugueux à la fois, comment avez-vous fait ?

Cet album était assez technique, pas mal de pistes de guitare qui se superposent, donc nous avions vraiment besoin d’un son clair qui mette cela en valeur. On peut remercier Thomas Johansson au mixage pour avoir réussi à bien rendre cela. En Suède, son surnom est "Dr. Brutal", je pense que ça correspond bien à son travail, il arrive à bien doser les instruments et à leur donner l’espace nécessaire, même avec les guitares agressive et la basse qui utilise beaucoup de distortion. Il a donc réussi à donner un rendu clair tout en conservant notre agressivité.

Parlons de la pochette, que vous avez designé, toi et Jeff Williams (bassiste).

Nous avons toujours fait les pochettes nous-mêmes. Cette fois-ci, l’approche est complètement différente. Nous nous sommes rappelés de l’époque où nous allions chez le disquaire et que nous voyions ces excellentes pochettes qui pouvaient te faire faire écouter ou acheter le disque. Nous avions donc cette idée des trois têtes de mort avec le "VI" sur leurs casques, c’est de là que vient le titre de l’album. Comme c’est assez difficile de nos jours de vendre des disques, CD ou vinyle, nous avons décidés d’investir dans une belle pochette réalisée par Pär Olofsson, un Suédois qui a fait des pochettes fantastiques pour Immolation et Immortal, entre autres. Le niveau de détail est incroyable, surtout quand on regarde le vinyle.

Onslaught

Cet album est aussi le premier avec Mic Hourihan à la batterie, qu’as-tu pensé de sa prestation ?

C’est un excellent batteur, ça fait maintenant deux ans et demi qu’il est dans le groupe et s’est impliqué dans tout le processus de composition et d’enregistrement de l’album. Il est excellent, très technique et agressif dans son jeu, il nous a permis d’aller plus loin dans notre direction agressive. C’est très agréable de travailler avec lui et il a eu un impact massif sur le son de VI.

Sur cet album, on trouve également des éléments nouveaux chez Onslaught, notamment sur "Children of the Sand", avec ce chant féminin et ces violons. Comment avez-vous été inspirés ?

Nous avons des amis qui travaillent avec l’armée en Afghanistan. C’est drôle d’ailleurs, ils surnomment leurs lance-roquettes "Onslaught" là-bas ! Ce sont des mecs cools et ils nous ont parlé de la situation là-bas, au quotidien. C’est assez sombre et effrayant, pas vraiment proche de ce que tu entends à la télé ou de ce que l’Etat te raconte. On s’est donc inspirés de ce qu’ils nous ont dit pour écrire les paroles de "Children of the Sand" et "Slaughterize". Ensuite, nous avons voulu donner une patte orientale la plus authentique possible à cette chanson, afin d’y inclure une illustration musicale. D’abord, on a utilisé des claviers pour voir ce comment ça rendrait, mais je n’aime pas du tout l’idée de mettre des claviers dans du thrash metal. On a donc expliqué la situation aux gars du studio en Suède et nous avons ainsi pu enregistrer des parties de violoncelle, et cela allait parfaitement avec le son de guitare. On a ensuite ajouté des vocalises féminines, qui rendent parfaitement dans le refrain, pour balancer avec l’agressivité. Tout ça va bien ensemble et les gens ont l’air d’apprécier ce mélange.

Qu’en est-il des autres thèmes abordés dans les paroles ?

Les paroles parlent en général de la situation mondiale ou de faits historiques. La chanson "Enemy of my Enemy" peut ainsi s’appliquer à de nombreux cas de figure, je pense notamment à la situation en Syrie. Les Russes semblent avoir pris leur défense contre les Etats-Unis. C’est assez étrange après la lutte des Russes contre les talibans il y a quelques années, les luttes ne sont plus les mêmes. On parle aussi de ce qu’essayent de nous faire avaler les religieux avec "Cruci-Fiction". Il y a aussi "6 6 Fucking 6", qui parle un peu du fait de « tendre l’autre joue ». On avait déjà un hymne live appelé Metal Forces, présent sur l’album The Force (1986), et on voulait en faire un nouveau. Je me souviens, au moment de la sortie de Sounds of Violence, un chrétien avait dit que cette album aurait une « influence démonique sur la vie d’autrui », que les paroles parlaient de haine et d’enfer et que la musique venait du Diable lui-même. C’est de là que vient la ligne du refrain "We play the Devil’s music" (nous jouons la musique du Diable). C’est un moyen de tendre l’autre joue face à ce type d’attaque. Je suis sûr qu’elle rendra bien sur scène.

Parlant de scène, comptez-vous jouer beaucoup de chansons de VI lors de vos prochains concerts ?

On ne va pas en jouer tant que ça. Je ne suis pas fan des groupes qui jouent tout leur nouvel album quand il sort. Les gens qui viennent nous voir veulent écouter des chansons de l’ensemble de nos albums. Nous allons donc prendre toutes les meilleures chansons de l’ensemble de nos albums. Il y aura trois ou quatre chansons de notre nouvel album. On va d’ailleurs sûrement commencer avec trois et garder "Children of the Sand" pour les gros festivals, où on pourra faire un show assez gros pour les voix féminines et les instruments à cordes.

Onslaught

Vous avez déjà annoncé plusieurs dates de tournée, mais aucune en France. Avez-vous prévu d’y passer ?

Pour la tournée qui arrive, on se concentre surtout sur la partie nord de l’Europe, avec la Scandinavie et l’Allemagne. Nous avons prévu de revenir vers février/mars et de passer cette fois par la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Et nous allons évidemment essayer de faire un maximum de festivals ensuite.

Sur l’édition limitée de VI, on retrouve un réenregistrement de la chanson "Shellshock". Pourquoi l’avoir choisie ?

Cela faisait un bon moment qu’on la jouait sur scène. De base, l’album In Search of Sanity (1989) avait été enregistré avec Sy Keeler (chanteur actuel du groupe), mais il a dû quitter le groupe et Steve Grimmet (Grimm Reaper) a enregistré les parties vocales au final. De ce fait, cet album n’a jamais reflété l’identité d’Onslaught, il était trop propret et ressemblait plus à un album de power/speed metal qu’à un album de thrash metal. Les fans ont toujours voulu entendre Sy chanter ces chansons, d’autant que, techniquement, il aurait dû être dessus ! Donc nous avons réenregistré "Shellshock" avec Sy et un mix plus agressif, conforme à ce qu’on voulait à la base. Nous avons été tellement heureux du résultat que nous avons décidé de réenregistrer l’album en entier, dans le cours de l’année 2014. Je pense que cela fera plaisir à de nombreux fans. Je suis impatient d’écouter aussi In Search of Sanity comme je l’avais imaginé en 1988. Ça va être agressif et la voix de Sy rendra bien dessus.

Qu’en est-il de votre DVD, 30 Years of Violence ?

Nous sommes actuellement en train de filmer tout ce qu’on peut, que ce soit du live ou des passages de tournée. Nous allons probablement le sortir avec le réenregistrement d’In Search of Sanity en guise de bonus. On va essayer de réunir le maximum de matériel vidéo possible. Après, dans les années 80, on ne filmait pas beaucoup, mais nous allons creuser pour tenter de couvrir la plus large partie de l’histoire du groupe.

Quel effet cela fait d’avoir commencé Onslaught il y a 30 ans ?

A vrai dire, on se sent encore frais, j’ai encore l’impression d’avoir formé le groupe hier ! Nous sommes très contents d’être encore là après 30 ans, c’est incroyable. En plus, la musique qu’on fait est toujours d’actualité. Nous avons gardé notre rage et faisons toujours des albums de plus en plus agressifs, celui qui suivra VI le sera peut-être encore plus, nous le ferons le plus agressif possible. Il y a toujours des choses qui se passent dans le monde sur lesquelles écrire, nous avons toujours de la colère à faire ressortir.

Je te laisse les derniers mots pour les fans français.

J’aimerais remercier les fans d’avoir été là pour nous et de nous avoir soutenus depuis notre retour. Si vous n’aviez pas été là, nous n’aurions pas pu faire notre album VI. Nous espérons vous revoir en 2014, nous n’avons pas beaucoup joué en France avant, mais nous en gardons de très bons souvenirs et nous attendons de pouvoir revenir. 



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