Il y a un peu plus d’un an, nous aurions pu être privés d’un des groupes les plus frais de la scène rock/métal. Eh oui, Baroness a bien failli périr dans un accident de tour-bus en Angleterre. Tous grièvement blessés, ils avaient du suspendre leur tournée… Et on apprenait quelques mois plus tard que le batteur et le bassiste quittaient le groupe, les séquelles de l’accident étant incompatibles avec le rythme de vie d’un groupe en tournée. Ils furent remplacés, et le groupe eu enfin la possibilité de finir ce qu’ils avaient commencé en 2012. Ils étaient donc au Trabendo le 1er octobre avec Royal Thunder.
Royal Thunder
Après avoir tourné avec The Dillinger Escape Plan et The Faceless cet été, Royal Thunder a enchaîné avec une tournée européenne avec Baroness. On a vu pire comme opportunités, hein ? Le Trabendo n’est pas encore bien garni quand ils commencent leur set. C’est un power trio qui délivre un rock bien burné, ce qui est une belle performance étant donné que le chant est assuré par… Une femme ! [blague de merde, personne ne rit] Miny Parsonz chante plutôt bien, avec une tessiture assez grave, ce qui est loin d’être désagréable, et change nos habitudes par rapport à ce qu’on entend dans le chant féminin du rock/métal.
La musique du groupe passe très bien le cap du live, avec un côté plus chaud que sur galette. Le son est probablement un poil trop fort, mais il reste bien précis et meilleur que ce qu’on peut souvent entendre d’une première partie.On aura droit à un bon vieux blues du delta, mais à la sauce Royal Thunder bien sûr, donc modernisé. L’ensemble est bien maîtrisé, le groupe est pro’, les multiples tournées ont sans doute énormément apporté au trio.
Les lights sont plutôt réussies, à tel point qu’on se croirait à un concert de tête d’affiche ! Le guitariste Josh Weaver déploie une impressionnante palette sonore, utilisant ses multiples pédales d’effet comme un couteau suisse, et arrive à donner une texture bien 70’s à Royal Thunder. De là où nous sommes placés, nous pouvons voir l’ensemble de la fosse. Et à en juger par le nombre de têtes qui hochent en rythme, on peut être vraiment convaincu que le groupe a pleinement réussi son job.
Baroness
Après leur terrible accident, on aurait légitimement pu craindre que Baroness serait moins bon sur scène. Que nenni, l’ami ! Ce qui frappe avec ce groupe, c’est la justesse du chant et des harmonies vocales, qui sont pourtant assez élaborées. On peut donc profiter de ces belles parties de chant tout au long du concert, avec globalement très peu de couacs.
Baroness lâche donc son stoner protéiforme avec une envie qui fait plaisir à voir : on passe allégrement du stoner au sludge, en allant parfois flirter vers des touches plus progressives.
Au niveau de la setlist, nous sommes gâtes, puisqu’on a droit à une pelletée des tubes de leur double album Yellow and Green, avec parfois quelques détours vers le non-moins excellent Blue Record ou le Red Album.
Baroness communiquera finalement assez peu avec le public, mais la musique parle à leur place, avec des splendeurs comme "Board Up The House" ou "March To The Sea". Ils enflamment le Trabendo en un clin d’œil. Le son est très bon, et permet bien d’apprécier tout la finesse des compos du groupe. Les quatre musiciens sont très bons et délivrent une performance rendant bien justice à leur musique.
Entre deux morceaux, John Baizley se mettra enfin à parler, et avouera que leur dernier concert à Paris avait été le meilleur de sa carrière, en dépit des rumeurs qui, selon lui, colportent que Paris est un public sage. L’excellent Peter Adams (guitare/chant) prendra lui aussi la parole avant le rappel pour remercier chaleureusement le public, avec une sincérité qui ne trompe pas. Et Baroness décide de nous donner le coup de grâce avec encore plus de testostérone, grâce à des morceaux tirés de son répertoire plus violent. Ou comment terminer d’une bien belle manière un concert exemplaire. Vive la baronne !
Setlist :
Photos : © 2013 Fanny Storck
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