Dignity – Balance of Power

Putain ça fait du bien !

Bah ouais, quand on attend octobre pour prendre sa première grosse claque power de l'année, ça soulage, surtout pour quelqu'un qui est tombé amoureux du metal grâce à ce style il y a de cela plus de 10 ans. Alors certes, même si votre serviteur a depuis étendu sa palette et se montre donc plus exigeant avec le mélodique pur, quelques bons sons sont parus cette année avec Gloryhammer ou Nautiluz, mais surtout Stratovarius (même si on ne peut pas spécifiquement classer Nemesis dans un power metal dit "de base"). Or il manquait encore à cette année 2013 un truc, un brin de folie ou de fraîcheur, une accroche ultime, que sais-je encore.

Ainsi débarque au début du mois d'octobre le second opus des autrichiens de Dignity intitulé "Balance of Power" chez Fastball Music. Un titre prophétique, cet opus serait-il celui qui ramènera enfin l'équilibre dans la force ? Peut-être bien. En attendant, ce qu'il y a de bien lorsqu'on n'espère pas grand chose d'un disque dont on connait à peine le groupe, c'est qu'il ne peut que nous surprendre s'il s'avère agréable. Et avec ce second volet, Dignity frappe fort là où on ne l'attendait pas.

Certains grincheux détracteurs d'un style supposé mort ou en grand déclin ne vont certainement pas manquer de démonter en flèche cette chronique dythirambique, et pourtant il se pourrait bien que certains se laissent prendre au jeu. Car si Dignity ne réivente rien, il sait pertinamment se servir d'influences diverses, entre old school et quelques sonorités modernes, pour mélanger une sauce des plus succulantes et ce avec une production impeccable. Alors power oui, mais aussi heavy old school façon mélodique ("Shackles of War" pourra ravir les fans de Dio, par exemple), une pincée de prog (mais légère hein, façon Threshold par exemple sur l'excellent "Rise", voire Vanden Plas), et une approche quasi thrash par de rares moments ("Lion Attack" et son intro) clairement due à Søren Nico Adamsen, chanteur issu plus ou moins de cette scène. Ou du moins qui y a fortement goûté, l'ami vétéran (45 ans au compteur !!) étant l'ancien frontman du combo danois Artillery. Le bonhomme ayant même auditionné pour les français de Maladaptive ou performé sur quelques albums de Crystal Eyes, on comprend son goût pour le bon gros heavy des familles... mais tout en douceur, car Dignity laisse une grande place à la mélodie, et c'est avant tout sur ce point que cette nouvelle galette convainc.

D'entrée, "Rebel Empire" vous explose à la gueule en mode tube ultrasonique aux touches Rhapsody (sur des plans néo-classiques ou orchestrations bien plus discrètes mais rappelant certaines belles heures du genre), mélangeant à cela le chant habité et profondément heavy-mélodique d'un frontman au meilleur de sa forme. Sans oublier LE refrain qui tue pour mettre tout le monde d'accord, dans la plus pure tradition du style, mais bon dieu que ça torche ! Veuillez pardonner ce vocabulaire un peu trivial, mais parfois les mots manquent. Après, tel un Axxis revigoré, le morceau nous propose quelques arrangements synthés très actuels dans son solo après un passage épique façon BO Hollywoodienne... le titre quasi parfait en somme, mais une ouverture aussi bien soit elle ne fait pas un album, on est d'accord. Sauf qu'ensuite on alterne entre le correct, le bon et le très bon. Pas grand chose à jeter, les morceaux les plus faibles étant "The Day That I Die" ou "Save Me" peut-être plus simplistes et moins marquants (un peu trop ballade traditionnelle hard rock à la savatage dans son approche pour la première, certainement pas assez percutante pour la seconde malgré son intro électro-power prometteuse... trop Axxis aussi d'ailleurs, après évidemment le fan de speed d'antan va surkiffer sans mal), quant à la reprise finale (une tradition puisque le premier album était ponctué du "Don't Pay the Ferryman" de Chris de Burgh) elle s'avère superbement ficelée et à la hauteur d'un tel tube... car "Blackout" de Scorpions, ce n'est pas non plus un titre lambda, avouez-le !

Alors justement, le reste, ça file droit et de façon fluide, sans lubrifiant ni entrave au plaisir d'écoute ! Porté par un chanteur tout simplement exceptionnel, rappelant selon les passages Daniel Heiman (ex-Lost Horizon), Jan Thore Grefstad (ex-Highland Glory, Saint Deamon) ou Pekka Heino (Leverage, Brother Firetribe) mais avec sa rage personnelle (comme quoi ces années dans Artillery n'ont pas fait de mal), Dignity distille ses compos en habillement subtilement certaines structures. "Rise" sera le parfait exemple, démarrant calmement avant de partir en gros riff pour aboutir sur un refrain aux arrangements vocaux subtils, il y aurait donc aussi un peu de Queen dans leur approche... "Help Me Call My Name" sait également surprendre, placée comme une sorte d'interlude elle frôle l'exploit en s'imposant comme chanson à part entière de part sa puissance émotionnelle. "Freedom Reign", chanson à tiroirs qui la précède, est dans cette même mouvance, justifiant le lien entre les deux... vibrante, complexe proggisante sans trop tomber dans les pièges de la technique, sorte de Angra moderne potentiel au refrain totalement imparable. Frissons potentiels. C'est tout ? Non, il y aussi le très "in your face" "Lion Attack" qui ne laisse aucun restes, et là ce n'est pas le dragon qui force bien mais un félin aux griffes affûtées. Outre le "Shackles of War" mentionné plus haut et bel hommage aux travaux solos de Dieu Ronnie James, il reste à caser "Angels War". Un gros moment musical s'il en est, clairement pas le morceau le plus évident de l'album mais jouissant d'une construction remarquable et sur lequel Soren donne son meilleur avec une versatilité exceptionnelle. Tout le savoir faire du groupe résumé en ce seul titre.

Dignity 2013

Après un premier opus paru il y a 5 ans déjà fort prometteur mais manquant un peu de mordant, Dignity a su mûrir et ainsi offrir un brûlot majeur qui restera dans les annales de 2013 pour celui qui osera lui donner une chance. Parce que la surprise est tout de même de taille... cela prouve aussi que parfois la bonne musique jaillit de nulle part, sans prévenir, et qu'il ne faut fermer aucune porte sur d'éventuelles découvertes.

Note : 9/10

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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