Entretien avec Takami (guitariste) et Sébastien (batteur) de Doyle Airence

En pleine promotion de leur nouvel album Monolith, Takami et Sebastien, respectivement guitariste et batteur de Doyle Airence, nous détaillent l’évolution prise depuis la sortie de leur premier opus, And Gods Will en 2010, en revenant sur certains détails del’E.P Submerge.

Après avoir signés chez Lifeforce Records, les parisiens semblent se faire une place sur la scène post-hardcore française.

En six ans vous avez déjà tournés avec des groupes comme Deftones et Animals as Leaders, quel regard portez-vous sur l’évolution de votre groupe ?

Sebastien : Donc on va partir du premier album And Gods Will en 2010, on avait déjà eu l’occasion de tourner avec des groupes sympas avant comme Silverstein, 36 Crazyfists, on a donc abordé cet album avec beaucoup d’anxiété parce que ça allait être une étape importante mais en même temps on avait assez confiance en nous, quelque part on se disait que c’était la suite logique, même si on avait un nouveau chanteur, ce qui était un gros pari. Finalement l’album sort, très vite on a  des opportunités de dingue, comme tourner avec Deftones fin 2010. On n’aurait jamais espéré ça en commençant la musique.
Nous, quand on a commencé avec Tak en 2006, notre rêve c’était de jouer au Batofar  et finalement les objectifs ont évolués.

Takami : Oui on se retrouve à tourner l’Europe avec The Chariot, Between the Buried and me et Animals as Leaders. On n’avait toujours pas de label qui nous distribuait dans d’autres pays qu’en France donc dès qu’on se produisait par exemple en Allemagne, en Slovénie ou en Autriche, on constatait qu’on était pas distribués et que finalement les gens nous découvraient mais ils n’avaient pas de moyens de réagir tout de suite par rapport à leur découverte, c’était assez frustrant.

Sebastien : Donc l’idée c’était vraiment de signer sur un label qui nous permettrait d’avoir une plus grande visibilité. Et là effectivement c’est une chance d’avoir signé chez Lifeforce Records qui est un label qui a fait connaître des groupes comme Trivium, Between the Buried and Me avec qui on a tournés. Don voilà, on est très très heureux de l’évolution des choses, ça se passe doucement mais sûrement.

Où vous êtes-vous rencontrés ?

Takami : Sur internet, je sais qu’on a toujours l’image du groupe comme quelque chose qui se crée dans un lycée, dans la cour d’école mais à un moment, je me suis rendu compte que ça ne marchait pas et  j’ai donc commencé à chercher sur internet. Là j’ai trouvé Seb, par la suite Austin et Loki, le chanteur de l’époque, nous ont rejoint. On enregistre l’E.P. sans le bassiste puisqu’il a intégré le groupe après.

Sebastien : On a un bassiste qui nous a rejoint en 2007 mais qui n’est pas le bassiste qui a joué sur l’E.P, c’est le bassiste d’Enhancer qui avait joué dessus, pour nous c’était un peu la première consécration. Ensuite on engagé Alexis qui est resté avec nous jusqu’à l’année dernière, qui a fait l’album avec nous et toutes les tournées et il décide de quitter le groupe en 2012 et Pierre nous a donc rejoint pour l’écriture de ce nouvel album il y a tout juste un an. Pour stabiliser le line-up de Doyle ça a été assez chaotique entre 2006 et 2007, après on a changé de chanteur en 2009 et de bassiste en 2012. Mais bon, c’est ce qui arrive à pas mal de groupes, il y’en a toujours un qui dégage, un autre qui arrive mais on a toujours une base solide.

Vous avez aussi du récemment changer de nom.

Takami : Oui un jour on a reçu un mail de l’avocat de Doyle Wolfgang Von Frankenstein.

Sebastien : Le guitariste de Misfits donc qui est un peu une légende du punk et dont son prénom est Doyle. Il décide de se produire sous le nom de Doyle depuis 2013, il dépose le trademark en 2012 sans tenir compte de notre existence. Donc on a une avocate qui s’est occupée de nous, et on a réussi à garder Doyle.

Takami : Et on a rajouté un mot après, Doyle c’est un prénom, on avait fait un clip "John Airence" issu du premier album, donc ça nous paraissait logique de rajouter Airence.

Monolith approche de sa date de sortie, d’où vient son titre ?

Takami : Monolith, c’est notre approche un peu minérale de la musique ou du visuel.

Sebastien : On a toujours eu un rapport à la musique qui se rapporte au minéral, à la nature. Il y’a un côté brut, massif et aussi bien visuellement que dans sa signification véritable. Monolith, c’est Pierre qui est arrivé avec ce mot en studio, ça nous a semblé évident. Notre idée avec cet album c’était d’avoir un son très naturel et en même temps un gros son. Actuellement, les groupes, pour avoir un gros son ont recours à des moyens qui font qu’on est plus dans un son très naturel, ce qu’on respecte et qu’on adore même parfois. On voulait quand même garder un son organique, assez vintage tout en ayant la modernité et la puissance des productions actuelles.

Takami : C’était aussi en accord avec notre volonté de faire un album global qui s’articule du début jusqu’à la fin, avec une unité, une cohérence, avec des articulations précises.
Le monolithe c’est aussi un symbole d’une unité, d’une ligne directrice.

Doyle Airence

Et qui s’est occupé de l’Artwork ?

Sebastien : C’est Alex Diaz de Spaniard Studio qui réalise des Artworks pour plusieurs groupes.
C’est un ami à la base et il a vraiment réussi à retranscrire nos idées. C’était pas évident, on savait pas du tout comment mettre en image cette notion de monolithe. On voulait que ce soit simple et beau.

Takami : Mais on ne voulait pas non plus poser une pierre sur la plage. On voulait quand même trouver une abstraction par rapport à cette métaphore.

Sebastien : Pour nous le visuel c’est tellement important, on est très sensible à l’esthétique, aux belles photos. A première vue, c’est un Artwork très simple, mais c’est des heures et des heures pour affiner chaque ligne et au final on est très content. Il y’a des gens qui étaient un peu déçus parce qu’ils étaient fascinés par l’Artwork du premier album, beaucoup plus explicite, où les gens pouvaient tout de suite s’y projeter. Là maintenant ils doivent un peu plus creuser le truc.

Takami : Le côté minéral n’est pas tellement évident ici, alors qu’il est présent.

Le processus d’écriture de cet album a-t-il était différent du précédent ?

Takami : Oui très différent du premier, par exemple pour les pré-prod ont a eu un gros travail. Donc là je me suis un peu improvisé producteur. J’ai bossé sur les arrangements, je me suis occupé de tout l’enregistrement et c’est vrai qu’en arrivant en studio, en termes de compositions, c’était vraiment un gain de temps énorme vu qu’il y avait la possibilité d’avoir un aperçu direct, de se mettre à la place de l’auditeur parce qu’en répétitions on a plus la tête dans ce qu’on joue, on ne peut pas vraiment apprécier la musique dans les bonnes conditions. Du coup, quand on est arrivé en studio, on a vraiment senti la différence, on était sûr du son qu’on voulait, la structure des morceaux était déjà bien définie. On avait déjà l’habitude de jouer ça au clic parce que tout était déjà calé. Il y’avait une facilité par rapport au premier album qui était assez nouvelle. Tout s’est bien passé grâce à ça.

Sebastien : Voilà pendant un an on a vraiment affiné les pré-productions. Je suis sûr que si on faisait écouter nos pré-prods, on pourrait penser que c’est déjà l’album parce que Takami est allé tellement loin dans le mixage, dans la recherche et les couleurs de sons. Les pré-prods ressemblaient vraiment au produit fini. En arrivant au studio il n’y avait plus qu’à reproduire ça sur des vrais instruments, pas une batterie sur l’ordinateur, on a simplement embelli ce qu’on avait déjà fait.

Donc vous aviez déjà tout composé avant d’entrer en studio.

Takami : Oui et c’est le fait d’avoir composé les grandes lignes, les fondations de l’album, qui nous a permis au contraire, pour tous les moments un peu plus expérimentaux et ambiants, de se concentrer vraiment sur les textures, sur le côté organique des instruments.

Sebastien : On est arrivé, on a rencontré ce producteur qu’on connaissait déjà avant. On a dit ce qu’on voulait, on lui a juste demandé de nous aider à concrétiser nos idées. Il a aussi beaucoup apporté. Il a écouté les pré-productions, il a tout de suite vu ou on voulait en venir. Aujourd’hui le studio ça coûte très cher, donc tous les groupes sont comme nous, on n’est pas une exception, avant de rentrer en studio d’enregistrement il faut avoir une vision bien précise des choses parce que sinon tu perds du temps et un jour en studio c’est de l’argent, chaque jour compte. Du coup c’était vraiment une partie de plaisir, sans stress et sans angoisses.

Quelles sont vos influences musicales, venez-vous d’univers différents ?

Takami : On a quand même des influences en commun mais c’est vrai qu’on écoute tous des choses assez différentes.

Sebastien : On se retrouve auprès de pleins de groupes comme Underoath, Deftones, Mogwai… Toujours ce même genre de groupe agressifs et un peu ambiants et puis à côté il y’en a qui écoute de l’électro, du hiphop, du vieux rock, du funk, vraiment de tout, on est très ouvert.

Avez-vous des concerts de prévus ?

Sebastien : On a Chelles le 18 octobre avec Tank et Checkmate, on joue le lendemain au Backstage à Paris, le 25 à côté de Lille. On a des dates en cours de programmation, on sera en Belgique en décembre et en 2014 on a sûrement un tour d’Europe, on va essayer de voyager avec cet album.

Avez-vous des projets en parallèle de Doyle Airence ?

Takami : Seb a un groupe de postcore,The Random Monsters, qui est un groupe que j’adore. Moi je suis passionné d’art numérique, j’ai une structure qui s’appelle NONOTAK, je travaille avec une illustratrice, Noemi Schipfer et on travaille sur des installations audiovisuelles. Récemment on a exposé dix jours au festival de Genève, une installation qu’on a fait qui s’appelle Isotopes. C’est un mélange de programmation et de musique, on projette sur des surfaces un peu inhabituelles comme des textiles, on fait flotter les images et on crée des architectures avec de la lumière et Thomas a sa marque de bijoux, il a été pas mal occupé par la fashion week.

Sebastien : Tout en restant concentrer sur Doyle Airence, c’est notre vie depuis des années maintenant.

Quel est votre meilleur souvenir de tournée ?

Sebastien : On va citer deux groupes, Deftones, le rêve absolu de voyager avec eux, d’être avec eux toute la journée, de discuter avec eux, jouer avec eux. J’ai une anecdote que je répète souvent mais avant de jouer au Trianon, j’ai eu un gros problème technique avec un élément de ma batterie qui s’est cassé avant de monter sur scène donc j’étais vraiment dans la merde, j’avais personne pour m’aider et c’est le batteur de Deftones qui m’a aidé à régler ce problème technique, en me prêtant une pièce, en bricolant alors qu’il aurait pu être dans la loge en train de se concentrer, depuis on est toujours en contact il m’a invité l’autre fois au Zénith.

Donc c’est quand même un truc de fou ce que Doyle nous a permis de découvrir, de se rapprocher de certains artistes qui nous ont influencés et qui nous influencent toujours, leur dernier album est somptueux. Après pour les groupes français, on a un groupe avec lequel on adore tourner qui s’appelle Vera Cruz, qui est un groupe de hardcore français parisien, qui selon nous, est le meilleur groupe de hardcore en France. Sur scène c’est l’explosion monstre, c’est des tarés, on conseille à tout le monde d’aller les voir. Avec eux c’était le challenge de qui allait faire les trucs les plus dingues sur scène. Qui allait se blesser le plus, c’est n’importe quoi mais c’est trop drôle de tourner avec eux, c’est des mecs talentueux et super vrais.

Un dernier mot pour La Grosse Radio ?

Sebastien : Un gros merci à la grosse radio qui nous diffuse depuis longtemps et avec qui on avait un partenariat à la sortie du premier album.

Takami : On a hâte que vous entendiez notre nouvel album !

 



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