Furieusement jouissif !
Poursuivant son parcours extrêmement riche depuis la sortie de L'Armée des ombres, Mass Hysteria vient de sortir un troisième album live enregistré à l'Olympia en avril 2013 à l'occasion de ses vingt ans. Histoire de poursuivre une année extrêmement riche, la bande se fait également plaisir en proposant cet enregistrement en DVD et Blue Ray. Ben l'ancien va se faire un plaisir de décortiquer ce dernier. Mais d'abord, place au CD!
5 avril 2013. Une date à placer sous le signe de la fête et de la réussite. En effet, Mass Hysteria avait annoncé que ce passage dans la mythique salle parisienne qu'est L'Olympia serait l'occasion de fêter ses vingt ans. Et c'est donc dans une salle complète de chez complète et devant 2200 furieux et furieuses que le groupe a célébré sa double décennie.
Ces furieux et furieuses ont d'ailleurs été particulièrement gâtés. Avec 21 pistes pour environ 1h40 d'indus-metal, À L'Olympia s'affiche non seulement comme l'album live le plus complet du groupe, mais également comme un très beau cadeau pour ses fans.
La discographie, composée de sept disques, voit tous ses classiques joués avec une énergie et une rage évidente (même sans les images!). Seul Mass Hysteria est laissé de côté, ce qui n'est surement pas une mauvaise chose pour certains.
Après avoir envoyé du très très lourd avec le totalement efficace "Positif à bloc", Mass Hysteria continu de manœuvrer le bulldozer L'Armée des ombres avec "Tout doit disparaitre". Pierre angulaire de ce live, la dernière production de MH voit huit de ses pistes jouées lors de ce concert. Les classiques "P4", "Donnez-vous la peine" ou encore "Babylone" sont évidemment présents et le plaisir que l'on ressent, aussi bien chez les musiciens que dans les oreilles, est le même que lorsque l'on écoutait ces titres il y a cinq, dix ou quinze ans. La bande reste fidèle à elle même en terminant sa setlist par des compositions qui ont fait son succès comme "Respect to the Dancefloor" ou la complètement déjantée "Furia".
Célèbre pour être très proche de son public, Mouss Kelai n'est pas avare en parole et clame régulièrement son amour pour la scène française. Seul bémol, certaines de ses interventions ont été coupées nette. Dommage. Enfin côté son, l'équilibre entre chaque instrument est excellent. On a plus qu'à fermer les yeux et s'imaginer les cinq bonhommes retourner la scène avec frénésie
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Bilan des courses: À L'Olymbia est un très bon album live avec pour seul défaut son manque de surprise. Les classiques, et seulement les classiques, composent ces deux disques. Des titres comme "Attracteurs étranges" ou encore un "Killing The Hype" auraient été les bienvenues. Mais en dépit de cette petite déception, Mass Hysteria comblera tous ses fans.
Maintenant, pour ceux qui ne peuvent concevoir une musique live sans images, j'invoque Ben l'ancien!
Karnogal
Le son c'est génial, l'image, c'est encore mieux, surtout chez Mass Hysteria qui a toujours apporté à l'aspect visuel de ses créations beaucoup de soin, aidé en cela par l'extraordinaire travail d'Eric Canto.
Pour célébrer dignement ses 20 ans, le groupe investit donc l'Olympia, et c'est tout naturellement que le Blue Ray s'ouvre sur l'installation des mythiques lettres rouges sur la façade de la célèbre salle de concert parisienne. C'est d'ailleurs cette image qui sert de fond au menu du disque et Mouss le rappellera avec une poignante sincérité durant le concert " les grands groupes, ils sont blasés …pour eux, l'Olympia, c'est un showcase, mais pour nous, c'est 20 ans pour arriver à ça, et un putain de bonheur !"
Dans le détail, le blue-ray propose la vidéo du concert à l'Olympia (set entier ou accès par titre), le set hallucinant du Hellfest et la vidéo de "Même si J'explose". C'est un peu léger et cela me donne l'occasion de souligner une légère déception, dans ce format, point de documentaire sur la tournée des festivals de l'été, uniquement disponible sur le DVD.
Côté audio, c'est le classique choix : stéréo ou 5.1.
Avant de revenir sur le concert parisien, parlons du clip. C'est une pure merveille ! Esthétiquement très travaillé avec un sublime rendu noir et blanc, des ralentis et des gros plans de toute beauté, cette vidéo referme magnifiquement le visionnage (eh oui, je commence par la fin, comme dans un roman qu'on attend avec impatience).
Le concert du Hellfest… à part vous conseiller d'aller lire le report publié fin juin, que dire ? Que Mouss était définitivement dans une très grande forme ce jour-là, insufflant une énergie diabolique à cette prestation, que le groupe et le public ne faisait qu'un, et que rien que pour l'image du circle pit sur "P4" avec Mouss, Nico et Yann encerclés par une marée humaine tourbillonnante, l'achat de cette vidéo est purement indispensable ! Inutile d'en dire plus, si ce n'est peut-être que la durée du set (45 minutes) confère à ce gig une atmosphère d'urgence encore plus palpable que sur un concert classique du combo.
Mais abordons maintenant le véritable objet de cette chronique (en essayant de ne pas trop être redondant avec ce que Karnogal vient de vous dire (et auquel j'adhère tout à fait).
On démarre avec l'entrée dans la salle (chargée d'histoire) entrecoupée de courte interviews de fans. Sur scène, le noir se fait et l'intro voit des percussions japonaises martelées un rythme lancinant, tandis qu'en milieu de scène se dressent les deux personnages qui illustrent la pochette de L'Armée des ombres. Un long moment de calme, de fascination, d'immobilisme terminé par un noir assez long. Lorsque la lumière revient, le quintet est sur scène et c'est l'explosion avec l'ouverture sur "Positif à bloc".
Visuellement, c'est simple, c'est la première fois que je regarde une vidéo de concert qui donne REELLEMENT l'impression d'assister au spectacle, d'être totalement immergé dans l'action. Le secret ? En plus des prises de vue habituelles, des caméras dans le public, ou bien en fond de salle mais filmant à ras des spectateurs donnent un réalisme hors norme à cette captation (y compris quand les cadreurs se font embarquer dans les mouvements de foule !). La réalisation est très organique (sans surjouer dans le montage épileptique) et j'ai particulièrement apprécié la discrétion des cameramen sur scène qu'on ne voit quasiment pas dans le montage
Quelques lignes plus haut, j'ai parlé de quintet, mais c'est faux, car ce soir-là, encore plus que les autres, outre Mouss, Yann, Nico, Vincent et Raphaël, il faut aussi compter le public, omniprésent (sur Babylone, c'est juste époustouflant !), ressemblant autant à un océan déchaîné qu'à un lac de lave en fusion. Un mouvement permanent secoué de spasmes, de convulsions. Et puis il y a ces visages, proches de l'extase, ces regards dans lesquels on lit la ferveur, mais aussi la reconnaissance, le plaisir de voir le chemin parcouru, tous ces fans connaissant tous les textes du premier au dernier mot…Une osmose qui atteint peut-être son paroxysme sur les morceaux les plus calmes, notamment "Remède" (et tant pis si ce titre voit Mouss être approximatif dans sa justesse).
Une foule qui mange littéralement dans la main du vocaliste, qui s'exécute lorsque celui-ci lui demande de se séparer en deux pour un braveheart (difficile à mettre en place dans l'exiguité de la salle, mais qui donne lieu à une mémorable bataille !).
La soirée défile à grande vitesse et pour donner une dimension encore plus humaine à cette célébration, le groupe remercie son staff dans un superbe hommage (ingé son, light) mais appelle aussi les anciens membres et même tous les gamins des musiciens (il faut voir l'émotion et la fierté de Yann, prenant son bout de chou dans les bras et venant se poster en milieu de scène) avant une version ultra festive de "Respect to The Dancefloor".
Le final est carrément surprenant avec l'arrivée de danseuses brésiliennes avant "Furia" (un joli clin d'œil aux grandes heures de ce temple parisien de la variété).
Que vous aimiez Mass Hysteria ou que vous souhaitiez simplement découvrir ce groupe, précipitez-vous sur ce témoignage live car il est aussi impressionnant que fidèle à tout ce que ce combo peut représenter dans le paysage metal français. Un must !
Photos : Nidhal Marzouk et Olivier Gestin