Herrschaft – Les 12 Vertiges

Cinq ans que l’on n’avait point entendu parler d’eux. Car dans la sphère metal Parisienne, les Herrschaft sont loin d’être des inconnus. Forts de deux albums (Architects Of The Humanicide, premier EP en 2005 et Tesla, 2008) qui avaient fait grosse impression à l’époque de leurs sorties respectives, le groupe mené par Zoé H. (guitares, basse, programmations, mais aussi producteur) n’a pas chômé, et c’est dans la douleur, et fortifiés par mûre réflexion, qu’ils viennent d’enfanter récemment d’un charmant bébé alien à la Replay (Alien 4, souvenez-vous) : créature née de l’union impie entre metal et musique électronique, « Les Douzes Vertiges » vous propose un voyage à travers la conscience humaine et les paradoxes qui la meuvent. Douze invitations à des pérégrinations aussi sordides que fantasmagoriques.

 

 


De gauche à droite : Zoé H., BzD, MaX

 

Le très bel artwork, signé Heinrich Von B (par ailleurs guitariste du groupe The CNK, dans lequel œuvre également Zoé), introduit magistralement à l’univers de l’album, et semble pointer vers psychomachie et contradictions qui sous-tendent l’être humain. Le ton est donné, et l’on est décoiffé dès les deux premiers titres, qui prennent l’auditeur littéralement à la gorge. Parfaitement à mi-chemin entre gros riffs et mur du son de guitares typiquement metal et la froideur de l’électro-indus, la musique proposée ici a de quoi plaire au grand nombre : le feeling un peu « punk » des chansons up-tempo ravira les fans die-hard de metal et de thrash traditionnel, le chant scream medium / aigu de BzD et les envolées de synthé plus « goth » ne manqueront pas de charmer les oreilles des amateurs de black metal romantique à la Cradle Of Filth ou Dimmu Borgir,  tandis que les ambiances plus synthétiques appuyées par les coups de baguette magique de MaX (programmations, et programmation de batterie) parleront un langage connu des créatures de cavernes et autres chimères de la nuit.

Mention spéciale pour les titres « Gates To Dreams », « Sublime Dementia », « Whispering Clouds » et « Mephedron Trip », particulièrement accrocheurs et remarquablement ficelés. La qualité des compos, le fil narratif et l’imaginaire choisi, le travail des guitares (et leur précision), tout ensemble force le respect. On a ici une œuvre mature et novatrice, et une réelle proposition artistique ; choses rares qui contrastent, par un paysage musical actuel saturé, où trop de groupes se ressemblent, malheureusement.

 


Artwork : Heinrich Von B

Petite nouveauté de cette dernière fournée : le chant de sirène de la guest Mlle Jessy Christ sur « Kimi Ga Yo », avec une douce incantation sur des paroles et un chœur japonisant ; puis de nouveau sur « Sublime Dementia », où elle fait écho à la psychomachie qui anime le narrateur du vertige de la démence. Mi-enfantine, mi-cruelle, son intervention rajoute au côté glacial et implacable de ce que l’on pourrait interpréter comme la réalité peut-être ? Et ajoute par là-même à la dimension théâtrale de l’ensemble. Enfin sur « Whispering Clouds », titre au tempo lancinant et aux guitares minimales qui laissent la place à un très beau travail des voix (véritable bouquet sonore) et à une ambiance hypnotisante.

Que l’on soit amateur d’électro-indus ou pas, « Les Douzes Vertiges » est à recommander à tout amateur de musique « dark ». Illustrant finalement la quête de soi-même, le voyage initiatique proposé ici a une forte dimension cathartique. Le bicéphale made in Paris, Zoé / MaX, tisse la toile de fond sur laquelle s’exprime la détresse de l’homme (narrée par BzD), constamment piqué à vif par le glaive de la vérité implacable (de la muse des Enfers, Jessy Christ) ; et le tout est sublimé par la production pointue et très personnelle de Zoé (qui s’est entre autre chargé du mixing et du mastering - à souligner). Notre contrée produit décidément de belles choses, et il va falloir commencer à se tourner très sérieusement vers cette nouvelle garde qui n’a pas à rougir devant les productions de nos voisins Allemands ou Anglais, et qui possède déjà un cachet finalement assez Français, chose assez remarquable pour être soulignée. Un 9/10 est ici amplement mérité, et l’on a hâte de voir le groupe retranscrire en live ce nouveau chapitre !

Liens utiles :

Le site internet officiel
Retrouvez Herrschaft sur Facebook
Le label Dooweet
Le site d'Heinrich Von B (artwork de la pochette)

 

Venez à la Release Party du groupe, ce samedi 19 octobre !

 



 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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