Beermageddon Fest III au Glaz’art (12.10.2013)


 

Beermageddon III - samedi 12 octobre 2013 (18h-22h30) au Glazart à Paris

En ce jour de Zombie Walk parisienne, dont certains ont profité de l'occasion pour garder le même sympatique costume pour venir aux concerts ce soir, l'association Battle's Beer nous propose la troisième édition de sa soirée Beermageddon.

L'affiche est particulièrement alléchante à mon goût. En effet, les allemands de Nargaroth se font rares sur scène, surtout dans une formation complète !

Outre la tête d'affiche, le choix des groupes a été fait avec discernement, nous proposant un bel assortiment de groupes français de black metal.

La thématique de la soirée est résolument tournée vers le sombre metal satanique, avec toutefois une incursion en territoire païen avec Valland qui a le plaisir d'ouvrir la fête !
 

VALLAND

Ouvrir une soirée de concert à 18h00 n'a jamais rien d'évident. Surtout lorsqu'on est au Glazart, qui, il faut bien l'avouer, n'est pas une salle énorme, même si elle convient à merveille à ces agréables petites soirées parisiennes placées sous le signe du bouc !

Quoiqu'il en soit, le public est déjà présent en nombre conséquent et lorsque les premières notes résonnent, les premiers rangs s'agitent assez vite en secouant joyeusement la tête. Il faut dire que des morceaux comme Le Glas des Romains donnent vite envie de partir à la bataille.
 


Avouons que la musique de Valland est entraînante, mélangeant un pagan metal avec de sonorités black/death, en n'oubliant pas les occasionnelles utilisations d'instruments anciens (veuze et shawm).

Le dernier line-up du groupe, avec notamment l'arrivée de Yann au chant, assure une prestation propre et efficace.
 


Le son était globalement correct malgré quelques petits problèmes de volume. On n'entendait pas très bien la veuze (cornemuse) de Nikö ni parfois le chant de Yann, du moins de la partie gauche de la scène où je me trouvais. Précisons toutefois que les premiers groupes servent souvent à peaufiner le réglage du son pour les têtes d'affiches... Rien de choquant donc en ce qui me concerne.
 


Il me paraît cependant clair que ce groupe a du potentiel et que les morceaux de l'album Valland (qui datent déjà de 2009) méritent d'être écoutés avec attention pour ceux qui aiment les chansons gauloises...

Setlist:

Prélude
Le glas des Romains
Notre Maître de Guerre
Assiégé
Courroux Celtique
Au Prix de Notre Sang

 

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PESTIFERUM:

Quand j'ai vu les membres du groupe débarquer sur scène, ma première réaction fût de me dire "ô mon dieu, qu'ils sont laids !" Le maquillage et le décorum nous amenaient droit dans un film d'horreur, quelque part entre l'oncle fétide et Hellraiser. Tout l'attirail classique du black metal est là, avec corpse paint, clous, chaînes et ossements. Le chanteur, Spernax, profite même de la place dégagée par l'absence d'instrument de musique pour porter une véritable ceinture de crânes de bouc.
 


Pestiferum, comme un vent malsain venu du sud-ouest, nous propose un black metal épais qui maîtrise le mid-tempo, qui n'hésite pas à faire appel à des soli bien placés, bref, un black metal plus recherché qu'on pourrait le croire au premier abord.
 


Le chant démoniaque de Spernax exprime à merveille les thématiques sombres du groupe. Ici pas de hurlements haut perchés. Il a des trucs à dire, et il les éructe. Le message, comme la musique, est direct et efficace comme un coup d'épée à travers le ventre.

Bref, à voir et à revoir !
 


 

Setlist (dont vous trouverez une photo ici. Je trouve qu'elle résume bien la prestation du groupe : vigueur et efficacité, avec un zeste de passion. Attention toutefois, interdit au moins de 18 ans et aux âmes sensibles).

Des prêtres, des rites et des défunts
Holocauste bubonique
Au vent mauvais
Le supplice de Judas
Seule la flamme absoudra le pêcheur
Dans le fruit est le ver
Le gouffre
Nazareth en flammes
 

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CRUXIFICTION :

Après les avoir vu par hasard il y a quelques années à une soirée black metal dont le nom est sortie de ma mémoire, je me souvenais cependant avec précision que j'avais trouvé leur prestation excellente.

J'étais donc bien curieux de voir leur évolution.
 


Cruxifiction, comme le nom le suggère, exerce un black metal anti-religieux classique.

Après Pestiferum, le chant monte d'un ton et nous sommes bien dans le screaming qui exprime très bien la rage et la haine de leur musique.

Mais attention, le groupe ne propose pas seulement un black metal rapide, saccadé et basique. Il n'hésite pas à ralentir lorsque c'est nécessaire pour apporter cette atmosphère malsaine, cette lourdeur qui fait tout le charme du genre, comme l'ont fait avant eux Immortal ou Dark Funeral pour ne citer que ces deux  poids lourds.



 


Une très bonne prestation donc, ce qui prouve aussi que les organisateurs ont l'oreille pour choisir des groupes pas forcément très connus, mais qui savent faire efficacement ce que le public, venus nombreux aujourd'hui, attend !

 

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NARGAROTH:

Kanwulf, officiellement l'unique membre de Nargaroth, est une sorte de légende du black metal.

Son histoire mériterait presque un article à elle seule, mais si vous ne devez retenir qu'une seule chose, c'est l'album Black Metal ist Krieg.
 


Evidemment, résumer son oeuvre à cet unique opus est extrêmement réducteur, car bien d'autres de ses  albums méritent leur place au firmament du black metal...

Quoiqu'il en soit, voir Nargaroth avec une formation complète sur une scène française reste un événement rare.
 


La musique de Nargaroth est le black metal. Oui, je sais, je m'emporte un peu, mais tout ce qui compte dans ce style est présent: haine, rage, tristesse, beauté, émotion, vitesse, lourdeur, obscurité.

Les morceaux rapides comme The Day Burzum killed Mayhem s'enchaînent avec les titres plus lents.
Les vieux titres, datant du premier album comme Karmageddon (Kanwulf était-il inspiré par le nom de la soirée, Beermageddon ?) , Herbstleyd ont eu leur place ce soir, de même que les deux traditionnelles reprises, War de Burzum et Freezing Moon de Mayhem.

Au chapitre des regrets, j'espérais entendre les titres Manschmahl wenn Sie schläft ou Raluska, mais il faudrait un concert de trois heures pour tous les placer et ce soir, avec presque une heure et demi de show, Nargaroth a déjà fait une belle démonstration. Soulignons en passant l'excellente prestation du guitariste.
 


A part un incident technique avec le pédalier de la batterie qui a dû être changé peu avant la fin du concert, juste avant Seven Tears are flowing to the River, et qui a donc provoqué une relativement longue pause, il n'y avait rien à redire au son. Au final, cette interruption involontaire a permis d'apprécier encore davantage ce dernier titre de clôture, véritable chef d'oeuvre émotionnel et musical, sur lequel Kanwulf a d'ailleurs tiré sa révérence au sens propre du terme, laissant les musiciens terminer le set seuls.
 


Malgré les rappels du public, la soirée s'est donc achevée sur une des plus belles chansons du black metal (oui oui, je suis fan, et je perd ma neutralité journalistique, mais bordel, ça c'est de la musique !).

Ce soir, Kanwulf a visiblement apprécié l'ambiance et a dirigé le concert en tant que maître de cérémonie, impassible voir hautain comme à son habitude.

Ce soir, c'était black metal !
 

Setlist:

Intro
Black Metal ist Krieg
Karmageddon
Herbstleyd
The Day Burzum killed Mayhem
War
Freezing Moon
Abschiedsbrief Des Prometheus
I burn for you
Agonizer
Possessed by Black Fucking Metal
Seven Tears are flowing to the River
 

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Remercions encore les bénévoles de Battle's Beer qui nous ont proposé cette très belle soirée placée sous le signe du black metal, avec une affiche très efficace et intéressante. N'oubliez jamais que sans ce genre d'association (et ils ne sont pas les seuls !), vous ne verriez jamais certains groupes en France. Je pense que le public oublie trop souvent que l'underground ne peut exister qu'avec son soutien. Cela veut aussi dire qu'il faut se bouger et aller voir les spectacles et ne pas se contenter d'aller seulement dans les méga-festivals européens... Enfin, ce soir en tout cas au Glazart, le public a répondu présent.

Vivement la prochaine édition !

 

Thomas Orlanth

Merci à Thyrd pour son aide !

Photos : © 2013 Thomas Orlanth  - site internet: www.thomasorlanth.com
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 



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