In Extremo fait parti de ces groupes allemands qui persistent à utiliser leur langue maternelle et qui parviennent malgré tout à s'exporter.
A vrai dire, ce groupe est polyglotte. En effet, Michael Rhein (Das letze Einhorn) n'hésite pas à chanter en diverses langues scandinaves, en vieil allemand, en vieux français voire même en gaëlique.
Ce dernier opus fait cependant quelque peu exception, car toutes les paroles sont exclusivement en allemand contemporain.
Doit-on y voir une volonté délibérée de se rendre accessible aux auditeurs germaniques ? Autrement dit, le groupe vise-t-il une large diffusion radiophonique mainstream ?
Pour trouver la réponse à cette question, écoutons "Kunstraub", leur dernier CD.
(Michael Rhein - In Extremo au Hellfest 2012)
Au plus tard au deuxième titre "Wege Ohne Namen", on comprend vite que l'objectif est clairement de passer dans les médias. Notons au passage que les médias "grand public" allemands sont un peu plus ouverts sur la "vraie" musique qu'en France, mais la recette qui fonctionne le mieux est tout de même basée sur un refrain mélodieux, quelques riffs de guitare et des airs faciles à retenir !
In Extremo a toujours excellé dans ce trio et poursuit donc sur sa lancée avec des chansons comme Himmel Und Hoelle, Gaukler, Feuertaufe (avec ses "hoho!" parfois dignes d'un match de foot), Alles Schon Gesehen... Qui représentent presque la moitié de ce nouvel album.
Certains pourront reprocher au groupe cette orientation "pop rock", qui vient se greffer au côté folk et metal néanmoins encore présent.
Ceci dit, In Extremo n'est pas, et n'a d'ailleurs jamais revendiqué être, un groupe de metal.
Au contraire, ils proposent une musique variée et un son personnel caractéristique qui mélange allégrement les sonorités folk, pop, rock, metal aux tonalités typiques de la Neue Deutsche Härte (... Rammstein).
Il reste donc des morceaux bien pêchus comme Belladonna, Doof ou même le titre ayant donné son nom à l'album, Kunstraub qui présentent des riffs saccadés et rapides.
Et quel que soit ses préférences personnelles, il faut bien avouer que le nouveau In Extremo est bien produit et qu'il s'écoute facilement. Nul besoin de mélodies complexes, de paroles philosophiques, parfois il est bon aussi de se faire plaisir, tout simplement !
Les seuls qui auront des regrets seront les amateurs de musiques traditionnelles à proprement parlé. Hormis la cornemuse omniprésente, ici nulle chanson ancienne, nulle reprise du folklore européen. In Extremo est résolument présent dans l'ère moderne.
(In Extremo au Hellfest 2012)
Enfin, n'oublions pas que les allemands sont avant tout un groupe de scène. Le spectacle est toujours au rendez-vous et les albums ne servent qu'à s'imprégner des chansons que l'on fredonnera (pour les plus linguistes et les plus courageux d'entre vous) ou du moins sur lesquelles on dansera joyeusement en plein milieu d'un concert.
En conclusion, Kunstraub poursuit la grande et multiple oeuvre d'In Extremo dans une logique, qui, si elle est certainement influencée par les contraintes commerciales, reste une évolution naturelle du groupe.
Kunstraub - Sorti le 27/09/2013 en CD et en diverses éditions spéciales dont version vinyl chez Vertigo Berlin (Universal)
Thomas Orlanth
Photos : © 2012 Thomas Orlanth - site internet: www.thomasorlanth.com
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