Si on vous présente un groupe dont vous ignorez tout, en vous disant qu'il est le fruit de la rencontre entre deux guitaristes, tous les deux démonstrateurs Gibson, chacun d'un côté de l'Atlantique, qu'est-ce qui vous vient en tête immédiatement ? Un son chaud, du hard rock de haute tenue, des compos puisant leurs racines dans le Classic rock des 70's, truffées de soli dégoulinant de feeling ? Eh bien Carousel Vertigo, c'est exactement ça !
Bon, reprenons par le début. Pour un nouveau groupe, une petite présentation biographique s'impose. Né d'une jam au Salon de la Musique 2009 entere Vincent Martinez (guitariste de session) et Jansen Press, le groupe se forme dans l'optique de proposer la musique qui leur a donné envie de jouer de la guitare. Autant vous dire que l'écoute de ce Mighty confirme bien ce postulat de départ tant la six-cordes est à l'honneur sur les dix titres de cet opus. Des chansons qui ont rapidement tapé dans l'oreille d'un certain Rick Parfitt (Status Quo) qui va les embarquer avec son groupe sur deux tournées.
Peaufinant l'impact de chaque morceau sur scène, soir après soir, Carousel Vertigo déboule aujourd'hui avec un disque comme on n'en entend plus que trop rarement. Avant même d'avoir jeté un œil sur la bio, un nom m'est venu à l'esprit dès la première écoute, celui de The Answer. Mais pas pour relever un quelconque plagiat, non. Simplement parce que le groupe franco-américain partage avec la bande à Cormac Neeson une filiation directe avec les noms qui font que les années 70 représentent une sorte d'âge d'or du rock dans ce qu'il a de plus noble.
Qu'il évolue dans un rock boogie proche d'AC-DC, dans un classic rock à la Free ou bien dans un registre plus bluesy voire limite soul, Carousel Vertigo frappe toujours juste avec une classe insolente et un savoir-faire bluffant. Il faut dire qu'outre des interventions lumineuses à la guitare, le combo sait mettre des ingrédients très forts dans ses compositions. Un petit coup d'orgue Hammond ou de piano par ci, des chœurs pleinement maîtrisés par-là ou encore un petit plan en slide, chaque titre est une petite perle ciselée jusque dans le moindre détail.
Et puis il y a la voix ! Vincent Martinez est un tueur ! Un timbre rocailleux juste ce qu'il faut (j'ai souvent pensé à Jack Russell l'ex-Great White), la puissance sans beugler, un feeling incroyable qui confère à chaque chanson (car ici, on est bien en présence de chansons, vous savez, le truc qui trotte dans la tête, qui fait frémir quand on l'écoute au casque, qui vous suit partout parce que les mélodies sont fortes et les rythmiques entêtantes) ce petit supplément d'âme qui manque tant aux productions lambda !
La reprise du "Help Me Through The Day", de Leon Russell est monumentale, mais, signe de l'excellence du disque, cette chanson ne dépareille pas au milieu des autres. La preuve d'ailleurs avec "Better Be wanting Me" qui la suit immédiatement et qui reste sur le même standard de qualité. Remarquablement homogène, depuis l'opener "Mighty Good Woman" jusqu'au "Last Call For Love" final, cet album vous transportera sans aucun temps mort dans un univers où tout n'est que groove et chaleur.
C'est simple, on a parfois l'impression d'entendre de grands classiques (vous savez, ceux qu'on a déjà entendu plein de fois, dont on ne connait pas les auteurs mais qui font partie du patrimoine commun). "I'm Comin' World", le blues débordant de douleur "I'm Your Man" (le chant y tutoie le sublime) ou l'insidieux "Dog For A Bone" (et son long solo remarquable), sont de cette trempe et j'ai beau chercher, je ne trouve pas un seul titre à mettre en retrait.
Mighty est un must car il ne vire jamais à la caricature. Tout y sonne naturel, oscillant délicatement entre hommage aux ainés et modernité dans le jeu. La production est d'une limpidité magnifique et l'écoute fonctionne quel que soit le contexte (en bagnole, dans le salon, au casque, en fond sonore ou à plein volume). Plus qu'une surprise, Carousel Vertigo est pour moi une révélation qu'il faudra suivre attentivement, trop rares sont les oiseaux de ce calibre pour qu'on les laisse filer !
