Flop ou tapis ?
"Ah putain black day, black day, putaiiiin, j'ai encore perdu contre un débutant..."
C'est un peu ce que dirait notre cher Patrick Bruel, champion de poker émérite à la voix cassée, s'il se lançait dans le heavy thrashisant mélodique en "duel" face à Holy Cross, formation du genre (et un peu power aussi) venue de Saint-Etienne.
Bon, pas vraiment des débutants, puisque les stéphanois sortent chez Pure Steel Records leur second album studio, paru le 5 octobre sous le nom de Place Your Bets. En vert et contre tout ?
Alors voilà, après un premier opus aux accents nordiques dans sa thématique, la petite troupe s'offre le luxe d'un changement radical en causant "jeux de hasard" (voir la pochette qui n'est pas sans rappeler celle du dernier Kissin' Dynamite) ou autres joyeuseries plus ancrées de la vie réelle de tous les jours que dans les légendes. Une envie d'être plus terre à terre ? A l'image d'une musique très directe, heavy mélodique assez groovy comme sur l'entrée en matière "Bad Day (In the Best of Worlds)" (notre cher Patrick aurait plus dit "black day" lui, m'enfin) ou parfois plus entraînante dans un thrash early-Metallica comme sur le super efficace et éponyme "Place Your Bets". Mais Holy Cross ne pousse jamais dans le thrash violent, il reste mélodique et s'accroche plus à un heavy très stylé années 80, Iron Maiden en tête, comme sur "Last Chance", ou sur le plus Judas Priest "Unleash the Cross".
C'est d'ailleurs là à la fois la qualité et le défaut d'un disque super abordable mais parfois trop cantonné dans ses influences anglo-saxones/teutones le tout bercé par le vieux thrash californien en mode douceur de vivre (non, toute référence aux Inconnus étant ici... bien volontaire ! C'est marrant mais Holy Cross m'a un peu rappelé ici ce sketch, mais ce n'est pas là une raillerie, bien au contraire, juste un clin d'oeil positif). Le manque de personnalité se ressent donc un peu mais chaque musicien fait un superbe boulot, avec des combos superbement distillées qui ne tombent jamais dans le plagiat malgré les grosses influs, et un Mickaël Champon plutôt redoutable au chant de son timbre plutôt rare en France - rappelant parfois Matt Barlow (ex-Iced Earth, Ashes of Ares), comme sur ce "Realm of Madness" très incisif mais aussi et surtout sur les couplets de "From Past to Dust".
Le son quant à lui s'avère plutôt brillant dans le genre, peut-être parfois trop poli et pas assez "sale", mais c'est du travail d'orfèvre qui a été réalisé au PE Studio par Pierre-Emmanuel Pélisson ainsi qu'au mastering par Mika Jussila au Finnvox Studio (là où Stratovarius, Edguy, ou encore Nightwish ont soigné leurs premiers disques) ; il met en avant les deux guitares et place chaque instrument au centre du mix afin de donner du coffre à l'ensemble.
Holy Cross réussit donc son pari : proposer un album carré, accrocheur, certes sans grand brin de folie (si on excepte le "Higher & Higher" final plus léger en mode hard rock) mais purement efficace dans le style, et très certainement taillé pour le live où le groupe sait sûrement se montrer à son avantage (cela se sent, il y a du feeling en eux et dans leur jeu). Alors, avenir glorieux pour le quintet Rhôno-Alpestre ? Faites vos jeux, la mise est d'ores et déjà placée à 666 €.
La Folle Fougère
Ma Note : 7.5/10