Soirée improbable pour les metalleux en ce mercredi 23 octobre... en effet, quatre gros concerts du genre se déroulent au même moment à Paris, dont deux à peine séparés par 100 mètres !
Ainsi, sur le chemin du Parc de la Villette, nous croisons pas mal de metalleux... prenant la direction du Zénith pour le concert de Children of Bodom (dont nous avons déjà causé ici) et ignorant même la présence des fameux allemands de In Extremo dans une salle voisine.
Peu importe, nous avons fait le choix de couvrir les deux évènements, un show du combo médieval teuton étant proprement immanquable, ambiance festive et bonne humeur garanties. D'autant plus qu'on se souvient de leur excellent passage au Hellfest 2013... l'occasion de les voir jouer plus longtemps ce soir au Trabendo, d'autant plus qu'aucune première partie n'est programmée.
IN EXTREMO
Ceci nous emmène donc directement à la seule grosse déception de la soirée : un show relativement court, bouclé en 1h30, alors qu'on aurait très certainement pu avoir droit une bonne demi-heure supplémentaire. Visiblement le groupe a mal été informé sur le couvre-feu, son frontman nous annonçant après le concert près du merchandising qu'il pensait ne pas pouvoir faire durer les hostilités plus longtemps. Pourtant une des setlists scotchée sur la scène prévoyait 23 chansons... seules 18 en seront jouées, et parmi elle 8 morceaux du nouvel album ! Avec ça, on ne pourra pas dire qu'In Extremo n'est pas fier de son Kunstraub paru il y a un mois... c'est d'ailleurs avec le titre éponyme après une intro façon bulletin d'information sur fond noisy que les joyeux drilles lanceront la fête, comme un clin d'oeil. Ne boudons d'ailleurs pas notre plaisir : chacune de ces nouvelles compos passe fort bien l'épreuve du direct, hormis peut-être un "Alles schon geseheb" qui fera retomber l'ambiance malgré ses effets de lumière épileptiques et son intro qui nous rappelle un récent concert de Dordeduh avec son "cor vuvuzela" local sorti de nulle part ! Pour le reste, les tubes "Feuertaufe" et "Lebemann" restent intacts, "Belladonna" reçoit une excellente réaction de la foule et "Gaukler" semble plus marquante qu'en studio avec un Michael Rhein possédé derrière le micro.
Parlons-en justement du chanteur, surnommé Das Letzte Einhorn, parfaitement intenable et plutôt facécieux dans ses interventions mélangeant parfois l'anglais, l'allemand et quelques bribes de français notées en antisèche sur la scène. Plutôt en voix sur la plupart du show, il assure le spectacle malgré quelques moments de fatigue et communique son plaisir à la foule tantôt en portant son micro jusqu'à elle ("Küss Mich") ou se munissant d'un porte voix pour annoncer les cris de "Lebemann". Il n'oubliera pas non plus de présenter sa troupe composée de trois musiciens folks aux instruments divers et variés (cornemuses, roue à vielle, nickelharpa ou encore harpe portée par l'imposant Dr. Pymonte sur l'excellent "Vollmond" ou la ballade du nouveau disque), un bassiste (au gros son bien rond parfois un poil surmixé), un guitariste (à l'accordage en drop très indus) et un batteur toujours souriant. Chacun ira de sa petite plaisanterie discrète ou de ses pas de danse, autour d'un frontman qui n'hésite pas à se mouiller en se munissant d'un cistre pour accompagner les cordes.
Aucune fausse note de la part des zikos donc, un son plutôt bien équilibré malgré une entame difficile au niveau d'une basse trop mise en avant, grâce à un ingénieur du son très impliqué sur le côté de la scène, fredonnant au passage quelques chansons en toute quiétude. Chose loin d'être aisée lorsqu'on doit assurer le rendu d'instruments médiévaux assez orginaux dans le metal aux côtés des traditionnels sons plus bourrins. Il ne reste donc plus qu'à conclure ce tour d'horizon par la setlist... et là on reviendra au premier point, peut-être une légère déception, car raccourcie certes mais également dépourvue de quelques incontournables.
Ainsi point de "Ave Maria", morceau pourtant capital dans la discographie du combo que pas mal de gens se faisaient une joie d'entendre. On peut également regretter l'absence d'un très bon "Sängerkrieg" ou du fédérateur "Viva la Vida". Peu de regret cependant, hormis ce dernier aucun des deux premiers cités ne figurait sur la setlist prévisionnelle, et il fallait bien en sacrifier quelques uns pour mettre le CD récemment sorti en avant. Heureusement nous avons gardé quelques clés de voûte, les gens ont ainsi pu danser et pogoter sur "Frei Zu Sein", "Küss Mich", la chanson traditionnelle en vieux français "Ai vist lo lope" reprise en choeur par plusieurs fans et surtout l'hymne "Herr Mannelig" en début de rappel. C'est sur un superbe "Rasend Herz" que se conclueront les débats, un peu trop rapidement donc à notre goût...
Setlist :
(Intro)
- Kunstraub
- Frei Zu Sein
- Himmel und Hölle
- Feurtaufe
- Vollmond
- Der die Sonne schlafen schickt
- Küss Mich
- Gaukler
- Unsichtbar
- Alles schon gesehen
- Liam
- Belladonna
- Lebemann
- Ai vist lo lop
- Herr Mannelig
- Spielmannsfluch
- Rasend Herz
Il n'est même pas 22h lorsque la salle du Trabendo se vide, ravie et épuisée par une prestation rythmée dans un enclos surchauffé à blanc... en témoignent ces jeunes torse nus ressortant à peine d'une fosse de plus en plus folle au fur et à mesure que le show avança !
En attendant la prochaine, on souhaite à In Extremo une belle continuation dans sa tournée et, pourquoi pas, un retour au Hellfest 2014 ?
Photos : Marjorie Coulin / © http://www.marjoriecoulin.com/
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite de la photographe.