A l'occasion de la sortie de leur quatrième album Volition, La Grosse Radio a pu s'entretenir par mail avec Luke Hoskin, guitariste du groupe canadien Protest The Hero. Au sommaire de cette interview, vous trouverez notamment :
- comment l'album a été composé ?
- la collaboration avec Chris Adler [Lamb of God]
- leur point de vue sur les campagnes de financement participatif en musique
- l'influence de cette campagne sur le groupe
- les dernières découvertes musicales de Luke
Pour commencer, comment décrirais-tu Volition ?
C’est notre meilleur album. Il vous prend à la gorge autant que c’était possible à faire pour nous. Les parties lourdes le sont encore plus, et c’est la même chose pour les moments plus calmes. Volition ne fait qu’affiner ce sur quoi nous pensons être bons. Cet album est notre plus grande fierté, je dirais.
Comment l’album a-t-il été composé ?
Il a été composé plus vite que nos albums précédents. On n’a pas passé autant de temps à repenser ce qu’on avait écrit. Je pense que je préfère procéder de cette manière. Nous avons aussi eu des compositeurs et musiciens extérieurs au groupe qui ont vraiment donné une nouvelle vie à notre son.
Je suppose que tu fais notamment référence à Chris Adler, qui a joué les parties de batterie de l’album. Comment cette collaboration a vu le jour ?
Chris est un pote de Moe (batteur fondateur du groupe qui a quitté la formation avant l’enregistrement du nouvel album), et il est le premier auquel nous ayons pensé pour le remplacer. Comme nous avons le même manager, tout s’est fait en un coup de fil !
Comment ça s’est passé avec Chris ?
Il a apporté une discipline et un niveau de professionnalisme dont Volition avait bien besoin, je pense. Chris est vraiment quelqu’un de sympa, et on ne pourra pas le remercier assez pour le travail qu’il a abattu. Si jamais tu le rencontres un jour, achète-lui un smoothie !
Est-il envisagé qu’il fasse des concerts avec vous ?
Il ne faut jamais dire jamais, mais je crois qu’il est très occupé avec Lamb of God. De plus, nous aurions besoin de répéter énormément pour la tournée qui se prépare. Il a probablement oublié beaucoup de ce qu’il a joué sur l’album, car il n’a été qu’un musicien de session sur Volition.
Il y a aussi le majestueux Ron Jarzombek qui fait une apparition sur "Drumhead Trial". Comment est-ce arrivé ?
C’est justement grâce à Chris ! Il y avait une chanson où je voulais incorporer un solo avec un duel de guitares. Et je savais que je voulais quelqu’un qui pourrait passer le balai avec moi ! [ NDLR : référence à la technique de guitare appelée "sweep", balayer en français] Il se trouve que Ron et Chris se connaissent depuis très longtemps et sont de très bons amis. Chris nous a assuré que Ron serait partant, en plus de convenir à l’esprit du morceau. Il avait raison !
A quel moment Ron joue-t-il exactement ? Ce n’est pas évident à deviner à l’écoute de la chanson !
Ron joue la partie de guitare à gauche quand tu écoutes l’album en stéréo, je joue celle de droite. Il mène le jeu, et on termine en harmonisant ensemble. Franchement, c’était surréaliste pour moi. Je suis un énorme fan de l’œuvre de Ron et de son habilité inégalée !
Le nom de la chanson est assez bizarre d’ailleurs, quelle est sa signification ?
En fait, ça fait référence aux cours martiales sommaires qui traitent des infractions commises dans le feu de l’action en temps de guerre. Le terme anglais est né du fait que parfois, ils utilisaient une caisse claire en guise de table pour rendre le jugement. Nous concernant, ce titre a un rapport avec le fait d’être à la hauteur de nos concerts et albums passés. Certaines personnes ont tendance à te juger bien vite dès que tu changes un peu ta formule. On leur répond : "Allez vous faire foutre !"
Est-ce que tu penses que le fait que l’album ait été financé par les fans a eu une influence sur toi ? De la pression peut être ?
Ah, ça oui, carrément ! C’est un amas de responsabilité sans précédent pour nous ! Nous espérons vraiment que les personnes qui ont pris part à la campagne de financement de l’album sont fières de nous!
D’ailleurs, est-ce que l’album a été composé avant, ou après la campagne de financement participatif ?
On avait déjà terminé l’écriture de la moitié de l’album, et l’autre moitié pendant et après la campagne. Ca nous a fait écrire de meilleures chansons, selon moi. Et plus rapidement aussi !
Concernant l’artwork, est-ce que vous avez donné des instructions particulières ou des idées à Jeff Jordan ou a-t-il eu une liberté artistique totale ?
On lui a détaillé les thèmes abordés dans l’album. Il les a ensuite mélangés, combinés et interprétés à sa façon. C’était assez dingue de le regarder créer l’artwork, et je suis toujours ébahi à l’idée d’imaginer comment son cerveau doit fonctionner ! Jeff est vraiment un mec génial !
Vous avez gagné pas mal d’argent avec cette campagne de financement participatif (plus de 125 000 dollars canadiens), quels sont vos plans de dépense ?
Cet argent a été dépensé sur une TONNE de choses. Nous avons enregistré l’album dans un studio incroyable, nous avons tourné un documentaire retraçant le processus de création de Volition, nous venons de terminer de tourner un nouveau clip, nous avons la propriété pleine et entière des droits de l’album, nous avons réparé notre van de tournée… Voilà un bref aperçu de nos dépenses. Ah oui, nous avons aussi utilisé cet argent pour honorer les envois des 8000 commandes de cds et vinyles de l'album ! C’est pas donné !
Je suppose que votre histoire de campagne pourrait être un cas d’école pour montrer qu’un groupe n’a pas forcément besoin d’un label pour faire un album. Mais le fait est que vous l’avez fait en tant que groupe établi et reconnu. Penses-tu que ça pourrait marcher pour un groupe ayant moins d’envergure ?
Ca ne marcherait pas aussi bien. Ca fait treize ans qu’on se défonce pour ce groupe. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Je dirais qu’il faut se lancer dans le milieu, et bien travailler tous les aspects qu’impliquent le fait d’être dans un groupe avant d’essayer de faire ce genre de campagne.
Tu penses donc que cela signifie que les groupes émergents ont aujourd’hui toujours besoin d’un label pour obtenir de l’exposition, pour ensuite devenir indépendants ?
Dans la plupart des cas, oui. Nous ne disons rien de négatif sur les labels, nous nous sommes juste rendus compte qu’après trois albums, nous tournions en rond. Rien de vraiment nouveau ne se passait. Je pense que si nous n’avions pas fait cette démarche et tenté quelque chose d’extravagant, le groupe se serait séparé. C’est aussi simple que ça.
Quelle est ta dernière découverte musicale qui t’ait vraiment mis une claque ?
Il y a Intervals, un excellent groupe canadien. Le nouvel album de Coheed & Cambria est assez génial aussi !
Dernière question : as-tu un mot pour vos fans français et nos lecteurs ?
Bien sûr ! Venez à nos concerts, s’il vous plaît ! Bon, d’un autre côté, nous adorons jouer en France, peu importe le nombre de personnes présentes. Veuillez nous excuser pour notre très mauvais français !