Sideburn – Electrify


Sixième album pour les suisses de Sideburn et le constat qui s'impose, c'est que  la qualité est toujours aussi présente !

Bien que le groupe ait subit une profonde refonte depuis Jail paru en 2011, avec le départ de toutes les cordes et l'arrivée de Nick Thornton à la basse (un australien ayant joué auparavant dans Maeder, le groupe de Nick Maeder, l'actuel chanteur de Gotthard, comme le monde est petit), de Lawrence Lina et Mike Riffart aux guitares, la patte du groupe n'a pas changé et ce Electrify se révèle être un grand cru du combo helvète.

Loin des formations se contentant de proposer un copié/collé plus ou moins heureux et opportuniste de la bande aux frangins Young, Sideburn s'affranchit volontiers de cette emprise et explore des univers plus larges, englobant d'autres formations australiennes (Rose Tatoo, The Angels), pour au final imposer une personnalité qui manque tant à d'autres (non, je n'ai pas parlé d'Airbourne…ou alors, pas fort !)

Autant balayer tout de suite un poncif du genre. Oui, Sideburn peut être classé dans la catégorie des groupes qui font du AC-DC-like. Seulement je ne considérerai cette appellation comme un reproche que lorsqu'on en fera de même pour les dizaines de milliers de groupes de metal qui passent leur temps à nous saouler les oreilles avec du repompage systématique des riffs de Pantera ! Sideburn officie dans un hardrock qui intègre de manière jubilatoire du boogie, du blues, où les guitares sont reines, où la rythmique ne cherche pas à prouver quoique ce soit mais est là pour poser des fondations solides, où le chant gouailleur de Roland PierreHumbert prend toute sa valeur.
 

Sideburn, electrify, suisse, Roland Pierrehumbert, lionel Blanc, Mike Riffart


Le démarrage du disque est un véritable feu d'artifice, avec le très rapide "Bite The Bullet"  totalement imparable. La chanson parfaite pour ouvrir un show et faire exploser le public.
"Devil May Care", plus insidieuse se glissera dans votre esprit, tel un serpent rampant venu vous dévorer. Un feeling Great White tant dans le chant que dans les six-cordes (le solo ravira les oreilles de tous les fans de Mark Kendall). Sur le suivant, "Bad Boys, Bad Girls, Rock'n'Roll", c'est l'ombre d'Angry Anderson et de son gang qui plane, surtout sur le refrain. Mais encore une fois, citer des groupes pour vous situer le genre, ce n'est pas accuser de plagiat, car Sideburn apporte à chaque fois son propre grain, la touche qui fait de ce Electrify un album cohérent et pas une juxtaposition de reprises déguisées.

Pour preuve, "Black Powder". Rien d'original à la première écoute, et pourtant, une chanson qui vous hantera l'esprit instantanément, qui ne vous lâchera plus. Toute la différence entre "une chanson de plus", et un hit ! La magie qui fait que ça fonctionne opère à plein ! (sans compter que Roland se fait plaisir avec de puissants et très graves "oh yeah !")

Un mot sur le son : excellent ! Produit par Sideburn, mixé et masterisé par Beau Hill, difficile d'imaginer un habillage sonore plus adéquat, parfait équilibre entre crunch, rondeur, propreté et hargne.

Lionel Blanc à la batterie et Nick Thornton à la basse (que j'aime ce son bien rond et profond), c'est du solide, du basique, un train sur des rails, le genre de jeu qui déroule un véritable billard pour le reste du groupe. Parce que le rock'n'roll, ce n'est pas la recherche de l'exploit technique, mais un travail collectif, une unité indispensable pour être efficace. A eux deux, vous aurez déjà largement de quoi taper du pied et secouer la tête ou boire une mousse avec le sourire aux lèvres (pas les deux en même temps, vous allez renverser votre breuvage houblonné) !

Côté six-cordes, les deux font la paire ! Jouant tels de vieux briscards, Lawrence et Mike s'en donnent à cœur joie, maniant aussi bien l'art du riff que du solo gorgé de chaleur. Dans un style où tout semble pourtant avoir déjà été dit, ils arrivent à surprendre et à faire passer le plaisir évident qu'ils ont à jouer.

Roland au chant reste le point d'ancrage de Sideburn, une voix reconnaissable entre mille qui ne singe pas les ainés, qui respire l'authenticité, le vécu sur les routes, bref, qui suinte le rock ! On ne passera pas non plus sous silence les apparitions d'harmonica, plus roots que moi tu meurs (notamment sur le voyage dans le bayou que constitue le jouissif "Destination Nowhere", qui achèvent de faire de cet opus une pure réussite !).

Le groupe sait offrir des bonnes chansons, variées, dans tous les genres qu'on regroupe sous le terme générique de rock (option grosses guitares et sueur). Ca bastonne, ça groove ("Never Get Down"), le tempo varie intelligemment (du speedé "Mr Clean" au mid-tempo "Shady Katy" en allant jusqu'au plus lent sur ses couplets "Bad Reputation") c'est une jubilation permanente pour qui aime la musique faite avec passion et taillée pour la scène (en gros, l'opposé d'un Paradise Lost, désolé, il fallait que ça sorte).

Qu'il est bon d'entendre des albums de cette trempe ! Qu'il est bon de se dire qu'une certaine idée du rock est encore bien vivace et que la flamme ne s'éteindra pas avec la disparition des combos fondateurs. Un disque frais, électrique au possible, australien dans l'âme (ce qui dans ma terminologie est un énorme compliment). INDISPENSABLE !
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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