Chemistry of Consciousness, et le thrash se fait blitzkrieg
Alors que certains groupes évoluent en ajoutant de nouveaux éléments à leur musique, Toxic Holocaust a décidé d’élaguer l’ensemble en faisant un album encore plus court que le précédent et plus épuré en termes de riffs. A son thrash bourrin aux relents death et black, le groupe y inclut maintenant une forte dose de punk, donnant un album direct et efficace, mais parfois un poil répétitif.
Vingt-huit minutes. C’est la durée totale de Chemistry of Consciousness, nouvel album du power-trio thrash Toxic Holocaust. Si le groupe américain n’est pas connu pour s’étendre sur la longueur, il a ici réussi à faire encore plus court que son précédent album, Conjure And Command, avec ici un titre en plus. De fait, les durées des chansons sont sensiblement réduites et vierges de tout élément superflu, pour n’en garder que l’essentiel, se résumant souvent à une poignée de riffs, une rythmique efficace et un chant rageur, pour un album bourrin au possible.
Si la démarche minimaliste est louable, lorsqu’on sait que le metal appelle souvent à la surenchère, on remarque néanmoins que l’ensemble forme un bloc impénétrable et que certains titres ont du mal à ressortir. En effet, les structures se ressemblent assez, hormis quelques exceptions, avec notamment "Chemistry of Consciousness" qui offre un final original tout en restant dans l’esprit de l’album. En dehors de ça, les titres forment un bloc de thrash bourrin punkisant qui tabasse pendant une petite demi-heure.
En effet, ici, l’aspect punk ressort encore plus que dans les albums précédents du groupe. Si la dominante reste thrash, Toxic Holocaust inclut un fort esprit punk en faisant des compos minimalistes et en allant à l’essentiel. Le meilleur exemple de l’influence du genre reste "Mkultura", qui se montre aussi revendicatif. On notera également une influence accrue de Motörhead, sur "Acid Fuzz" et surtout "International Conspiracy". Si ces titres sont fort agréables, on regrettera une influence pas très bien digérée.
Si les compos sont simplifiées au maximum, les musiciens restent efficaces. Avec ce son sale et saturé qui est devenu la marque de fabrique de Toxic Holocaust, le leader Joel Grind sert toujours ses riffs destructeurs en éructant sa haine sans retenue. Le guitariste arrive même à placer quelques solos ça et là et y laisse parler ses influences Metallica, notamment dans "Silence". La section rythmique ne fait pas d’étincelle mais sert avant tout les compos. La batterie de Nikki Rage est toujours véloce et implacable, pendant que la basse saturée Philthy Gaast dépèce les rythmiques au kilo.
Pas de fantaisies avec Chemistry of Consciousness, un album à écouter d’un bloc pour une séance de bourrinage intensif, dans l’esprit d’un Reign in Blood. Le thrash extrême de cet album est jouissif mais aurait pu être encore meilleur avec un léger regain de variété. Cependant, il n’y a aucune raison de bouder son plaisir, la nouvelle offrande de Toxic Holocaust tient quand même ses promesses.