Il est des groupes dont la classe surpasse la moyenne, et dont on attend impatiemment la retranscription en live des merveilles que laissent présager le cocktail « qualités de composition exceptionnelles » + « super production à l’américaine ». Des groupes dont chaque chanson est véritablement un tube, et dont la qualité de jeu va étonnement de pair avec une dégaine de beaux gosses « made in US », nonchalante et totalement insolente. C’est le cas d’Alter Bridge, le phénomène hard rock / metal de ces dernières années, dont la popularité va en croissant, touchant un public toujours plus large – et cela en dépit d’un accordage bas, de riffs de plus en plus heavy, d’une approche résolument metal et d’une expérimentation toujours plus dark voire même prog.
Myles, pendant le soundcheck
C’est par un beau jeudi 24 octobre que votre fidèle serviteur s’en est ainsi allé - une ribambelle de confrères guitaristes sous le coude - savourer son cadeau d’anniversaire (en avance) : un pass magique pour explorer les méandres de la Chocolaterie de Willy Wonka… euh… de Myles Kennedy (m’enfin c’est presque pareil, non ?), et quérir ainsi une bonne dose de rêve et d’inspiration pour le rude hiver à venir.
Notre photographe, Arno Gérard & Alter Bridge, backstage !
Bien avant nous sur les lieux, notre ami photographe, Arno Gérard, fort d’un pass VIP ô combien envié, se voit offrir la chance de goûter à la magie d’avant-show : préparatifs, soundcheck, rencontre avec le groupe, et moult cadeaux (dignes du Club de Barbie, auquel votre serviteur prêtait autrefois allégeance). Un Myles visiblement fatigué mais disponible, et un groupe affable accueillent des fans comblés.
Puis c’est le groupe Halestorm qui a l’honneur d’ouvrir les festivités. Menés par la Rockeuse de Diamant, Lzzy Hale, le groupe jeté en pâture au Zénith possède une pêche qui ne laisse personne insensible. Mais si la prestation est dynamique et très intéressante (avec notamment un batteur qui assure remarquablement le show), force est d’admettre que le style pratiqué par le groupe américain n’est pas d’une originalité révolutionnaire, et qu’il existe de trop gros écarts de style entre leurs diverses chansons : le metal côtoie ici tout aussi bien la pop sucrée typiquement US, et c’est ainsi qu’un passage en solo de Lzzy au piano/chant (même s’il est fort joliment exécuté) rappellera affreusement le « Halo » de Beyoncé, gnangnan à souhait et emprunt d’un optimisme naïf digne d’un film de Bruce Willis (on pourrait presque visualiser GI Joe sauver le monde pour la millième fois, et le protagoniste qui embrasse sa mie sur fond de buildings qui brûlent…).
Si Lzzy possède une réelle énergie, une voix puissante, et un jeu de guitare carré, l’on regrette tout de même une performance vocale trop « au taquet » et non –stop. Même si elle est parfaitement maîtrisée, sa voix haut-perchée hurlée fatigue. Autre maladresse du programme : le look ! Des talons de 10 cm dignes d’une performance burlesque de Dita Von Teese et un mini-short qui laisse entrevoir son séant : est-ce vraiment sérieux ? Est-ce vraiment metal ? Et surtout : était-ce vraiment indispensable ? On perd en énergie, on perd en crédibilité, et le propos du groupe ne s’en voit que réduit. On est décidément à des années-lumière de la performance de folie délivrée deux ans plus tôt, sur la même scène, par les killers de Black Stone Cherry, qui avaient ce soir-là – de l’avis de beaucoup – mis une grosse fessée à Alter Bridge… Halestorm, finalement, c'est un peu tout le côté de l'Amérique que l'on essaie d'oublier. Mais dans un sens, c'est peut-être même tant mieux pour notre tête d'affiche, qui ne pourra que briller en comparaison, non ?
La vie d'Arno, derrière les coulisses !
On est donc pressés de retrouver le hard rock moderne pratiqué par Alter Bridge, qui a su produire récemment un excellent album (retrouvez ma chronique ici !) et s’aventurer là où on ne l’attendait pas, évitant habilement tout écueil et tout grotesque. C’est sur « Addicted To Pain », le hit issu de Fortress donc, que nos amis débarquent sous la liesse générale. Si le Zénith n’est ce soir pas rempli, la foule qui s’affaire dans la fosse est en revanche dense et surexcitée. Reprenant en chœur tous les titres que le groupe va passer en revue, de « Come To Life », « Brand New Start » à « Ties That Bind », le public adhère immédiatement à leur classe internationale. Si le son est meilleur qu’il y a deux ans, il en demeure cependant un côté un peu brouillon dans le mix des guitares. Myles possède un excellent son, mais Mark Tremonti bien moins… « Cry Of Achilles », et son intro en finger-pick de Mark, s’impose déjà comme un titre dans l’anthologie du groupe.
Si Brian Marshall est un bassiste plutôt discret, il est indéniablement un ciment dans le groove, et la paire rythmique qu’il compose avec Scott Phillips (batterie) est vraiment béton. « Blackbird », certainement la ‘ballade’ la plus réussie du groupe (selon ses propres confidences) passe comme du velours, et le magnifique solo de Myles, tout en retenue et en feeling bluesy (qui rappelle un peu son comparse Slash, d’ailleurs) apporte une chaleur indéniable, et ajoute au panel de talents sur scène ce soir. Autre constatation de ce soir : Myles est vraiment au top vocalement, et délivre une performance beaucoup plus subtile que deux ans auparavant (des aigus bien mieux maîtrisés, pas d’effet ‘canard ‘ dans la voix, et des dynamiques d’enfer). Si certains morceaux sont manifestement accordés un demi-ton en dessous pour mieux gérer, justement, cela ne se remarque guère et permet au contraire de consolider l’approche plus heavy de la nouvelle production du groupe.
Petite variété du programme : Lzzy Hale rejoint Myles pour une version intime de « Watch Over You », très bien exécutée et avec ajout d’harmonies vocales différentes d’à l’accoutumée, qui enrichissent symboliquement la chanson. Le duo s’éclipse, avant que le groupe au complet ne revienne pour un rappel sous forme de triptyque, avec les énergiques « Slip To The Void » et « Isolation », puis sur le tube « Open Your Eyes ». Myles fait chanter le public conquis une ultime fois, et tous de repartir des étoiles plein les yeux et de belles lignes mélodiques plein la tête. Un concert merveilleusement réussi, une performance ultra-classe, pour un groupe qui pourrait bien devenir un très grand – dans la lignée d’un Metallica, pourquoi pas ? On veut bien prendre les paris !
Setlist :
1. Addicted To Pain
2. White Knuckles
3. Come To Life
4. Before Tomorrow Comes
5. Brand New Start
6. Cry Of Achilles
7. Ghost Of Days Gone By
8. Ties That Bind
9. Waters Rising
10. Broken Wings
11. Metalingus
12. Blackbird
13. Watch Over You
14. Calm The Fire
15. Rise Today
Rappel :
16. Slip To The Void
17. Isolation
18. Open Your Eyes
Un grand merci à Arno Gérard pour son aide & ses photos !
Et à mon ami, le guitariste Mony Sam, pour la place de concert !
Liens utiles :
Le site officiel d'Alter Bridge
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