Le metal français a encore beaucoup de chose à offrir !
La preuve avec la formation de heavy metal épique marseillais Stonecast qui vient de sortir ce 11 septembre son nouvel album studio, le second, chez Pitch Black Records.
Outre ses bonnes surprises musicales, cet opus Heroikos offre l'excellente surprise d'avoir un célèbre batteur sur chaque piste, l'américain Rhino (ex-Manowar).
L'occasion de s'entretenir avec toute la joyeuse troupe afin d'en savoir plus. Entretien avec Cazu (guitare), Franck (chant), Bob (guitare) et Beev (basse), autrement dit le noyau dur de Stonecast.
Premièrement merci de nous accorder cet entretien ! Peux-tu nous décrire le groupe pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Cazu: Salut la Grosse !! Nous sommes Stonecast, un groupe de Heavy Metal de la région Marseillaise et nous sortons notre deuxième album ce mois-ci! La presse a pris la drôle d'habitude de nous cataloguer Power Metal, mais nous devons partir en croisade pour défendre cet épitaphe: Nous sommes Stonecast et nous jouons du Heavy Metal!
Franck: We are Heavy Metal est la phrase qui clôture l’album, on ne peut pas être plus clair.
Heroikos est donc votre second album. Avant d'en parler plus en détails, en quoi marque-t-il une progression selon vous par rapport au précédent ? Que ce soit au niveau du jeu, des compos ou du son...
Bob: je n’étais quant à moi pas là lors pour le 1er opus, mais nous avons tous le même ressenti: un 2nd album plus cohérent et moins dispersé. Peut-être aussi plus spontané.
Cazu: Oui, je retiendrai du premier album cette volonté de vouloir complexifier des choses qui avec le recul, n’en valait pas la peine. Avec Heroikos, nous avons clairement défini et assumé notre style et notre son. D’ailleurs, nous marquons également une nette progression en termes de production: le son sur notre nouvel album est nettement meilleur que sur Inherited Hell, qui avait une production explosive mais brouillonne.
Le titre de cet opus est très épique, avec une connotation mythologie grecque... Y a-t-il un concept particulier le concernant ? La construction de l'album avec ses nombreux interludes semble l'indiquer...
Franck: Tu as raison, il y a définitivement un fil conducteur sur l’album. Il tient en un mot : épique (Heroikos). De la pochette aux compos, on retrouve une intensité épique aux tons méditerranéens. On s’est inspiré des mythes et histoires proches de nos origines (Corse, Sardaigne, Crête et Liban), ainsi que du livre d’Hesiode décrivant „les cinq âges de l’homme“, d’où cette forte connotation mythologique grecque. Chaque morceau se rapproche d’un âge en particulier (pierre, argent, bronze, homme-dieu, et or) et peut relater de faits historiques. Gods of Dust par exemple, évoque les guerres serviles au temps de Spartacus, The Barbaric Rhyme rend hommage aux Spartiates lors de la bataille des Thermophyles. Le final de l’album, Savage Princes, relève de notre interprétation personnelle par l’avènement d’un sixième âge. C’est aux hommes d’aujourd’hui de laisser leur empreinte. Nous contemplons des vestiges datant de milliers d’années, de monuments qui ont traversé tous les âges, et qui questionnent encore les scientifiques sur leur conception. Mais nous, que laisserons nous de notre époque?
Beev : Nous avons composé une partie de l’album au moment du changement de line up début 2010, notamment certaines interludes. Cela nous a donné l’occasion de nous recentrer sur ce que nous avions réellement envie de faire, un Heavy Metal sans barrières de style.
Comment s'est déroulé le processus de composition et d'écriture des paroles ? Un travail collectif ou bien chacun s'en occupe à part avant de mettre en commun ses idées ?
Bob : Tout le monde s’est exprimé et chacun a pu apporter sa patte dans le processus de composition & d’interprétation. La confiance mutuelle est parfaite. Chacun amène ce qu’il sait faire de mieux & écoute l‘autre…
Cazu: Nous ne nous imposons aucune restriction à ce niveau: chacun est libre d’amener un riff ou une compo entière. Mais nous aimons composer en groupe, partir d'une idée de l’un et voir ce qu’elle inspire aux autres. Concernant les paroles, Franck est un auteur fantastique, donc ce domaine lui est naturellement dédié bien que, encore une fois, tout le monde soit libre de participer!
Les influences sur cet album sont multiples mais bien digérées... bien sûr Bathory et Manowar reviennent souvent, mais aussi Iced Earth, Helloween, Running Wild ou Blind Guardian ainsi que la scène old school de la NWOBHM. Etes-vous d'accord avec cette analyse ?
Cazu: Helloween… j’avoue ne pas saisir l’influence. Quand bien même ils ont durci leur son depuis quelques années, je ne m’y retrouve pas du tout en termes d’influence. Cela dit, chacun ressent la musique à sa manière, ce n’est pas à nous de juger de l’influence que notre musique puisse avoir sur les auditeurs.
Bob: Pour ma part je reconnais écouter tous les groupes que tu viens de citer, mais on a intégré cette musique depuis si longtemps… elle est en nous de façon inconsciente et quand je joue mes soli de guitare, je ne cherche pas forcément à reproduire tel ou tel groupe ou style. Certains soli sont plus travaillés, d’autres plus spontanés & ont été enregistrés en "one shot“ en studio. J’écoute aussi des styles plus extrêmes comme Bathory, non pas pour la recherche technique mais plus pour les ambiances vikings. En plus du métal, l’acoustique médiéval, celtique ou même oriental m’inspire pas mal. Les quelques lignes de mandoline sur Substance sont en quelque sorte un petit hommage à mes influences folk. Il n’est pas exclu que les instruments acoustiques anciens soient plus présents à l’avenir…
Franck, ton chant est vraiment habité et très versatile... t'occupes-tu de tous les lead/choeurs ou es-tu aidé sur l'album par des guests et d'autres membres du groupe ?
Franck: J’ai effectivement enregistré tous les lead/chœurs de l’album. Le reste du groupe m’a appuyé sur la chorale de Triumph et les ponctuations guerrières de The Barbaric Rhyme, ça donne de la masse à l’ensemble et j’en suis très satisfait. J’ai pris mon pied à enregistrer, il y a énormément de pistes cette fois. Au diable les restrictions logicielles du premier album. On a ouvert les vannes! J’ai été bien guidé dans ma tâche, seul je n’y serai pas arrivé. Puisque tu évoques les guests, c’était une option pour Heroikos. On y songe pour un prochain album, un duo serait intéressant.
Quelles sont tes principaux exemples et héros au niveau du chant ?
Franck: A tous les niveaux, Eric Adams est pour le moi le frontman ultime du Heavy Metal. Au-delà d’une influence, c’est une inspiration de tous les jours. Dans mon approche du chant, j’ai aussi été influencé par Blackie Lawless, Bobby Ellsworth, et dans une moindre mesure Abbath. Bien qu’exerçant dans des registres radicalement opposés, leur timbre est valorisé par la puissance d’exécution leurs lignes vocales. C’est cette conviction que j’aime par-dessus tout. Je l’ai dans le sang.
Dans Stonecast, je fais en sorte qu’aucun mot ne soit là par hasard, Il me faut croire à ce que je vais chanter. Assumer intégralement notre style et nos influences sur Heroikos a été libérateur. J’ai été bien plus à l’aise pour écrire et interpréter que par le passé. Les limites que j’ai pu m‘imposer avant n’ont plus lieu d’être, et ce je pense que cela se ressent.
Pour revenir à ta question, sans pour autant m’en inspirer, je suis aussi fan de Ronnie J. Dio, Halford et Dickinson bien sûr. J’adore également Johnny Cash; André Matos, Ripper Owens, Nicholas Leptos, Matt Barlow... et Stu Block qui est un MONSTRE !!
Comment s'est passé l'enregistrement et le mix/mastering de l'opus ? Quelques anecdotes ou contretemps à signaler lors de ce processus ?
Bob: j’ai dû enregistrer mes parties en 3 jours et demi non stop, tortionnaires!! J’ai enregistré l’un de mes derniers leads assis par terre dans l’entrée du studio :D.
Cazu: Ce fut une expérience extraordinaire, avec son lot de satisfaction et de maux de têtes. Lorsque l'on entre en studio, on a une idée à peu près définitive de comment va sonner l'album, mais en cours de route de nouvelles idées viennent en remplacer d'autres. Et comme tout le monde n'est pas au studio à ce moment, c'est parti pour un marathon téléphonique pour tenter d'expliquer via un portable, qui ne capte pas toujours bien, que tel plan a changé! Je me souviens lorsque Beev' m'a appelé pour me chanter une de ses partie de basse qu'il avait décidé de changer au dernier moment. Je n'ai rien compris donc je lui ai dit: "OK j'ai rien compris mais faisons ça, je te fais confiance !!"...mais je ne te cache pas que j'ai flippé une bonne partie de l'après-midi parce que le peu que j'avais entendu ne me rassurait pas du tout, ah ah !
Beev : Ah bravo !!! J’arrive pas à me souvenir de quelle partie tu parles, néanmoins c’est vrai que bon nombres de parties ont été modifiées en studio. L’euphorie du studio et l’inspiration du moment parfois ça donne de très bonnes surprises !!
Franck: Celui qui sera capable de me dire à quel moment précis de l’album on entend parler Rhino entre deux prises, je lui offre une tournée et un pass sur tous nos concerts ah,ah!
Vous avez été repérés et signés par le label chypriote Pitch Black Records... les avez-vous contactés vous-même ou tout s'est passé un peu "par hasard" ?
Franck: Pitch Black Records est un jeune label (5 ans d’existence). Ils étaient dans notre radar depuis quelque temps, j’ai été emballé par leur dynamisme. Par exemple, rares sont les labels indépendants à bénéficier de leurs propres applications Android et Ios. Je pense qu’il est vital d’exister sur ce type de medias aujourd’hui. Bref, nous sommes entrés en contact et le courant est très bien passé. Ce sont des passionnés comme nous, cela facilite les échanges. On a franchi un cap en signant avec Pitch Black, à tous les niveaux (exposition médiatique, distribution, promotion, marketing, ect…).
Avoir Rhino (ex-Manowar) à la batterie, c'est là une vraie surprise ! Est-il présent en guest ou le considérez-vous comme membre à part entière ? Comment en est-il arrivé à jouer pour Stonecast ?
Franck: Jouer avec Rhino, c’est un rêve qui est devenu réalité. Quand nous avons monté le groupe avec Cazu, dès le premier soir c’est à lui que nous pensions, ou du moins à son style.
Of Fire and Ice fut le premier morceau composé lors des sessions d’Heroikos. Sans se poser plus de questions que ça, il était évident que c‘était taillé pour un mec qui joue comme Rhino. La tendance s’est confirmée au fil des morceaux. Un jour on s’est dit „merde tentons le coup“ (comme le veut la devise Manowarienne „those who never try, they are sure to fail“).
Jamais je n’aurai pensé que Rhino aurait été si enthousiaste à l’idée de participer au projet. C’était incroyable! Il a aimé d’emblée ce que nous faisions, si bien que travailler avec lui fut d’une aisance déconcertante. En plus d’être un grand professionnel c’est un homme qui a la main sur le cœur.
Beev : La question des batteurs est délicate. Notre région est confrontée à un manque de batteurs de haut niveau, nous nous sommes donc tourné vers un système de fonctionnement différent sans batteur officiel. Stonecast est un groupe composé officiellement de 4 membres et à l’heure actuelle nous travaillons avec plusieurs batteurs. Rhino est celui que nous avons choisi pour être avec nous sur l’album. La distance entre nous ne nous permet pas de jouer ensemble actuellement en live, mais si l’occasion se présente, il est bien évident que Rhino peut être susceptible d’assurer des dates avec nous.
Quels sont les plans actuels au niveau des concerts ou des tournées à venir ?
Franck: Nous travaillons actuellement sur une potentielle tournée européenne prévue en 2014, Une logistique est déjà en place, mais il est trop tôt pour confirmer quoi que ce soit. On va faire tout notre possible pour qu’elle ait lieu.
Beev : Nous sommes aussi en recherche de dates sur le territoire français pour la promotion de notre album !
La scène metal marseillaise semble très active, avez-vous un bon rapport avec quelques groupes locaux ?
Beev : Nous entretenons de très bons rapports avec l’ensemble des acteurs de la scène Metal locale, que ce soit avec les groupes, mais aussi les associations et tourneurs locaux !!!
Cazu: C'est vrai qu'il y a beaucoup de groupes dans la région. Il y en a pour tous les goûts, même si la musique extrême prédomine largement: on a une scène hardcore et thrash/death assez développée, mais les styles plus "traditionnels" commencent à être correctement représentés avec des groupes comme Galderia, Rakel Traxx ou Pryde...Ce sont tous des gens cool, certains sont de bons amis, d’autres de sympathiques connaissances que l’on croise lors de concerts et avec qui on apprécie de boire une bonne bière!
Bob : D’ailleurs Cazu et moi avons participé aux chœurs sur le premier album de Galderia. Et je fais également une apparition au chant sur le prochain album de Ninmah.
En France, ce style de musique reste relativement underground par rapport à d'autres pays voisins comme l'Allemagne ou des contrées plus nordiques. Pensez-vous d'abord à percer localement ou envisagez-vous une certaine renommée chez nos voisins à la culture plus metal ?
Franck: Nous espérons toucher le plus de metalheads possible avec notre musique, peu importe le territoire. Sur ce plan l’exposition que nous apporte notre label est précieuse. Et puisqu’on parle des pays, à la limite je m’inquiète plus de l’étiquette qu’on nous colle. Celle qui revient le plus souvent est Powermetal. Ce terme est perçu différemment entre la France et l’étranger. Quelle que soit sa définition, à mon avis cette étiquette ne correspond pas à notre musique. Nous sommes simplement un groupe de Heavy Metal qui ne se pose aucune barrière musicale.
Beev : C’est vrai comme tu le précise que le Heavy Metal n’as pas le même impact en France qu’il peut l’avoir en Allemagne par exemple, mais nous faisons tout notre possible avec les moyens dont nous disposons, de jouer en France pour promouvoir notre style !!
Question plus large : comment voyez-vous l'avenir du groupe au-delà de cet album ? Déjà des idées pour un futur opus qui germent dans un coin ?
Cazu: Chaque album nous représente et tel que nous étions à une période précise de notre carrière. Nous avons confiance en notre capacité à ne pas stagner, c'est pourquoi nous ne souhaitons pas trop influencer notre inspiration avant un processus de composition. On ne se dit pas: le prochain album devra sonner comme ceci, ou comme cela. La seule chose infaillible, c'est que le Heavy Metal est notre terrain d'expression, celui-là même où nous avons grandi, et auquel nous ajoutons divers ingrédients que nous avons découvert tout au long de notre vie... C'est comme pour la cuisine! Nous avons nos ingrédients favoris qui sont l'épique, la puissance & la mélodie et nous essayons de les marier à toutes les sauces !
Franck: Les idées ne manquent pas, on a déjà une base solide pour un troisième album. Mais quand le moment sera venu, peut être irons-nous vers un processus de composition spontané, Ce fut le cas pour Heroikos. C’était génial, le groupe était en phase totale. Comme indiqué dans les crédits, Heroikos à été composé sous influence massive de vin rouge (Substance), charcutailles et ail frais. J’ai hâte de remettre le couvert !
Bob: Ca a si bien marché pour Heroikos… il faut en effet garder cette spontanéité. Quand tu commences à cogiter 6 mois sur le même titre, tu finis jamais convaincu, t’as loupé le coche!
A vous le dernier mot, ce que vous aimeriez rajouter en conclusion de cette interview...
Merci à La Grosse Radio pour cette interview de qualité et à tous ses auditeurs/lecteurs qui, on l’espère, découvriront notre musique avec autant de plaisir que nous avons eu à la composer.
WE FRONT AS ONE FOR HEAVY METAL!!