Coulés dans le metal !
Le metal français est en pleine forme ! Après l'excellente surprise Holy Cross chroniquée par mes soins il y a quelques jours, voici que je tombe sur un nouveau combo de notre beau pays... et pas du moderne/metalcore/trifouille-moi le djent imbitable : du bon heavy à l'ancienne, mais en mode épique, profond, guerrier et prenant. Stonecast, ou sa deuxième offrande studio intitulée Heroikos et sortie le 11 novembre chez Pitch Black Records, pour vous servir...
Et les progrès depuis Inheritence Hell, paru en 2009 chez Underground Symphony, sont probants. Bien que cette première livrée fut à l'époque une très bonne surprise, nous avons du mieux dans tous les compartiments du jeu, et on peut dire qu'avec cette nouveauté bien préparée aussi bien sur le plan tactique que technique, Stonecast va droit au but. Logique, pour cette équipe venue de Marseille... et affûblée d'une recrue improbable puisque le grand Rhino, ex-Manowar, officie désormais derrière les fûts. Une plus value supplémentaire qui se fait entendre sur plus d'une rythmique guerrière et qui rappelle à qui le souhaite que l'influence numéro un du quintet est belle et bien la légende américaine. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter de s'impregnier du premier morceau "Jakuta (Cult of the Bolthrower)" et de se laisser aller le long d'un album qui se laisse dévorer avec plaisir.
Heroikos, et son concept héröique (comment ça c'est logique ?), vous fera voyager à travers diverses légendes belliqueuses au fil de ses six morceaux et quatre interludes. Ces derniers, savamment disséminés entre chaque titre (sauf au départ), laisseront pour la plupart une grande place aux paisibles acoustiques ainsi qu'aux voix ; et sur cet exercice on peut dire que le frontman Franck "Kanon" Ghirardi excelle avec une émotion sans pareille qui rendrait par moment Eric Adams jaloux. Si c'est parfois plus compliqué sur certaines montées aigues (sur "Jakuta" on sent que cela pourrait être mieux), il se fait bougrement versatile entre touches old school/NWOBH ("Triumph") ou power épique ("Of Fire and Ice"). Du grand art, que l'on espère voir bientôt rendu de façon impeccable en live, et ce ne sera pas mince à faire !
Pour le reste, si on parlait de Manowar, réduire Stonecast à une simple copie serait une gravissime erreur. Allons aussi chercher du côté de Bathory, certains choeurs et ambiances aériennes nous rappellent inévitablement les splendides Hammerheart et Twilight of the Gods de feu Quorthon, sincèrement "Jakuta" et "Savage Princes" n'aurait pas fait tâche sur ces brûlots. Le combo marseillais va cependant plus loin et ne se limite pas à un style uniforme comme c'est souvent le cas dans les sorties du genre, outre les plages acoustiques qui font respirer le tout, nous oscillons aussi gaiement entre power des familles (que ce soit à l'ancienne ou plus récent - "Gods of Dust" par exemple) ou heavy des plus racés, il y a parfois du Matt Barlow dans le chant de Kanon ! Si Iced Earth semble donc avoir marqué Stonecast, lorsque le tout s'assombrit et se speede un peu on se prend également du vieux Blind Guardian dans la face - "The Barbaric Rhyme" rappelle ainsi les meilleurs titres du Demons & Wizards qui mettaient en scène jadis les leaders de ces deux groupes. Très certainement le morceau le plus efficace du disque.
Stonecast s'affirme et digère très bien le tout, nous offrant ainsi l'un des meilleurs albums du genre cette année. Et pas seulement en France ! Lorsqu'on entend les dernières productions de Manowar, on peut bel et bien affirmer que ces derniers peuvent aller se rhabiller ou envoyer leurs peaux de bête à EMMAUS tant la relève est assurée. Et elle est en France, mesdames-messieurs. Tenez-le vous pour dit ! Alors si quelques imperfections subsistent, elles font aussi le charme d'un groupe encore jeune qui recherche sa plénitude, nul doute que le troisième opus sera celui de la confirmation et du chef d'oeuvre si tout cela se confirme. Et on n'en doute pas !
La Folle Fougère
Ma note : 8.5/10