Une prison dorée?
Après la sortie en 2010 de Rise of the Octopus, leur premier album salué unanimement par la critique, les Nantais de A Prison Called Earth sont de retour avec un nouvel EP, The Ivory Miracle. Ce premier opus, fort d’une esthétique léchée et d’une influence digérée, lorgnant vers la scène prog Extrême scandinave avait séduit aussi bien les amateurs de métal que de musique plus progressive de part son concept fort intéressant et un visuel steampunk attirant.
Avec The Ivory Miracle, le groupe présente six titres, pour une durée d’un peu moins d’un quart d’heure, afin que le public ne les oublie pas. Un quart d’heure de musique, ça fait court, surtout lorsque la qualité est là. Mais plutôt que de découper cet EP en six titres, nous préfèrerons le terme de chapitres, s’imbriquant les uns dans les autres, pour ne former qu’une seule et même pièce épique (le groupe avait déjà procédé plus ou moins de la même manière avec Rise of The Octopus, présentant trois longs titres découpés en multiples sous parties).
Tous les éléments ayant fait le succès du premier opus sont présents ici, à savoir une production claire pour de l’autoprod’, un concept intéressant et surtout l’impression de voyager à travers de nombreuses ambiances. Si les influences du quatuor sont à chercher du côté d’Opeth ou Arcturus, on distingue des apports plus manifestes de la part d’une musique progressive/ néo-prog (« This White Inheritance » et ses claviers à la Clive Nolan rappelle Arena). Cependant, le groupe ose des choses intéressantes, comme intégrer un passage très jazzy en plein milieu d’un passage très sombre. Les deux gros chapitres de cet EP sont "Vertical Ballet" et "Of Grandeur and Splendor", dont la voix rappelle les passages calmes chantés par Mickael Akerfelt, aussi bien au niveau harmonique que mélodique. La partie centrale de ce même chapitre permet de faire ressortir magnifiquement le côté sombre de leur musique, avec des harmonies à glacer le sang.
Les voix hurlées présentes sur le premier album des nantais ont ici disparu, mais ont laissé place à des spoken words du plus bel effet, permettant au groupe d’installer complètement l’ambiance oppressante de leur musique ("Vertical Ballet", "Unflexible"). La guitare de Louis Godart riche en reverb et delay permet de se replonger instinctivement dans l’univers d’A Prison Called Earth, avec des soli très lents mais parfaitement maîtrisés, bien que peu nombreux sur l’ensemble de ce Ivory Miracle.
Le point noir de l’album, qui ne nous avait pas autant marqué lors de l’écoute de Rise of the Octopus est peut être l’accent très franchouillard de Florent Deyres (chant, guitare), en particulier sur la dernière plage ("Unflexible").
Au final, cet EP ne fait pas honte à son prédécesseur et concentre tous les éléments qui font le style du groupe. Il pourra même être une bonne introduction à ceux qui souhaiteraient découvrir la musique des nantais. On se prend à regretter un EP plus long, mais cela ne permet que de souligner la qualité de celui-ci. En espérant qu’A Prison Called Earth reviendra rapidement avec un album complet cette fois, pour confirmer leur statut d’outsider de la scène locale. Enfin une prison dont on ne souhaite pas s'évader!
Note : 4/5
Photographies promotionnelles DR avec l'aimable autorisation du groupe