Guilt Machine, le nouveau projet rock/metal progressif du talentueux multi-instrumentaliste néerlandais Arjen Lucassen, a sorti son premier album "On This Perfect Day" le 28 août 2009 chez Mascot Records. Un opus très attendu, notamment par les grands fans d'Ayreon, Star One ou Ambeon (les autres projets du sieur Arjen).
Car oui, Ayreon est mort (ou du moins a été mis en sommeil) mais vive Guilt Machine ! Autant le dire de suite, les inconditionnels du principal groupe de Monsieur Lucassen ne seront en aucun cas dépaysés par cette nouvelle création, même si on pourrait parfois se demander si nous ne sommes pas en présence d'une "simple" suite de "01011001", "The Human Equation" ou autre "The Final Experiment".
Mais que nenni ! Guilt Machine est bel et bien une nouvelle entité... ou plus certainement une continuation quelque peu hybride d'Ayreon, une sorte de nouveau né musical qui aurait récupéré ses gènes.
Quelles différences notables avec Ayreon pourrait-on relever ? Dans la structure, déjà, plus compacte et moins "abordable". Seulement 6 titres composent cet opus, et seuls deux d'entre eux durent moins de 10mn. Dans les "guests" également... Car il n'y en a en fait aucun, Guilt Machine étant un groupe à part entière formé de 4 personnes, 3 jeunes artistes (dont l'excellent chanteur belge Jasper Steverlinck) venant ainsi accompagner le maestro.
Musicalement me diriez-vous ? Bah oui, c'est très Ayreon... Mais peut-être encore plus progressif, parfois plus "rock", assez peu agressif dans l'ensemble (même si de bons riffs metal viennent nous caresser l'oreille de temps à autres), très éthéré mais ne sombrant pas pour autant dans une mélancolie mièvre ou répétitive. Les influences y restent multiples et savamment dosées, d'un côté parfois Muse ou Pink Floyd jusqu'aux racines du prog, que celui-ci soit rock d'antan ou metal d'aujourd'hui. Et, toujours, ces claviers typiques de Lucassen qui viennent nous transporter au-delà du cosmos.
Les paroles (écrites par la guitariste et manager du groupe Lori Linstruth) sont quant à elles assez complexes tout en étant en phase avec la réalité, presque métaphysiques et naturalistes, mais diablement bien ficelées et profondes de sens. Ce CD, rien que par son texte, peut vous prendre aux tripes selon quand et à quel moment de votre vie vous l'écoutez. L'insertion de petits messages en différentes langues (dont le français sur l'introduction de "Leland Street") permettent de renforcer ce sentiment, faisant de cet opus une véritable expérience humaine.
Difficile ainsi de dégager la meilleure chanson de ce brûlot très compact. Mes préférées sont probablement "Green and Cream" suivie de "Season of Denial", mais au final peu importe tant le choix importera peu pour l' auditeur qui saura apprécier cette galette dans son ensemble...
Ainsi, ce premier album de Guilt Machine pourrait avoir le défaut de ses qualités : "trop Ayreon", trop compact, pas assez aéré, plutôt monotone... Dans un certain sens oui, très certainement, mais la construction et l'histoire même de ce CD font que tout passe comme une lettre à la poste. Car, après tout, si la musique vous touche au plus profond, peu importent les détails techniques. Et dans ce domaine, Arjen Lucassen reste l'un des meilleurs de sa génération...
Ma note : 9/10