"The Bitch Is Back !" Tout un programme !
Revenue avec un très bel album (Living Like a Runaway) en 2011 après une longue pause de quinze ans, suivie d'un désastreux comeback en 2009 (Wicked Wonderland) et d'un divorce plus que tumultueux d'avec son navrant mari Jim Gilette, Lita Ford semble avoir remis les pendules à l'heure dans sa vie et repris le chemin d'un rock'n'roll qui lui ressemble vraiment.
Pour ce live enregistré au Canyon Club en Californie (on y reviendra) en 2012, l'accent est tout particulièrement mis sur le dernier opus et sur l'album Lita (datant de 1988). Ca tombe bien, ce sont mes deux préférés de ce personnage attachant du milieu hard rock (je ne vous fait pas un rappel de son parcours, si vous voulez une bio, allez donc sur Wikipédia !).
Bref, le titre du disque est également celui du premier morceau, une reprise d'une chanson d'Elton John (gloups) qui lui va comme un gant et qui donne le ton. A 55 ans, Lita Ford annonce la couleur et donne le ton ! La plus guitariste des cougars, la plus rock'n'roll des Milf est de nouveau dans le circuit et le fait savoir ! Un brûlot bien rock, rehaussé d'un solo montrant bien que la tigresse possède un très joli touché à défaut d'une dextérité bluffante.
L'enchaînement avec "Hungry" fonctionne parfaitement (on sent bien l'ambiance de club, avec un public très proche, parfois graveleux). Toutefois, il met peut-être trop l'accent sur le côté sexy (celui-là même qu'elle revendiquait de manière outrancière à l'époque de Wicked Wonderland, avant de le regretter publiquement). L'entendre vociférer "I'm so hungry for your sex" sonne bizarrement, un poil too much (et si vous trouvez ce petit laïus misogyne et que vous me balancez dans les dents que David couvert d'algues fait bien pire alors qu'il est bien plus âgé sans que cela ne gêne personne, je vous dirai…que vous avez parfaitement raison ! Comme quoi, on n'est jamais à l'abri d'une contradiction !).
Avant de vous dire à quel point ce live est bon, sans prétention mais totalement dans la droite ligne de ce à quoi on peut s'attendre de la part de l'ex-égérie des Runaways, un petit détail accroche péniblement les esgourdes, c'est la façon dont Lita parle au public. Elle surjoue à mort son accent et l'utilisation de certains termes ("Hollywood", elle le dit en prononçant au moins cinq H, et elle minaude parfois trop) tout comme son histoire personnelle (Le temps d'arrêt après avoir dit le nom des Runaways fait hyper téléphoné).
Pour le reste, ce disque défile à toute vitesse, dans un registre allant du highway rock au hard bien gras, toujours avec des soli bourrés de feeling. Vocalement, Lita est très en forme et son timbre de voix toujours très plaisant (si seulement cela pouvait faire comprendre aux milliers de clone de Tarja qu'on peut être une femme et chanter autrement qu'en poussant des vocalises sur aigues !). Même si on peut résolument penser qu'il y a eu de la retouche (comme sur TOUS les lives), cela sonne très naturel et on a vraiment l'impression d'entendre un vrai concert (à bien y réfléchir, c'est plutôt rare ces derniers temps) dans un cadre assez intimiste.
Lita Ford ne se prend pas pour une autre musicalement et ce live nous délivre une bonne dose de hardrock mélodique, énergique sans être bourrin, ni inutilement racoleur dans le son heavy. Les titres de Lita et de Living Like A Runaway se marient très bien et l'ajout des plus oldies "Out For Blood" et "Dancing On The Edge" ajoute une petite touche de hargne bienvenue.
Guitare en main (et solidement épaulée par des vieux briscards du circuit ayant taillés la route avec MSG pour Mitch Perry le guitariste, Disturbed ou Static X pour le bassiste Marty O'Brien ou Vinnie Vincent pour le batteur Bobby Rock), Lita fait le job avec talent, passant d'ambiances sombres à du classic rock avec beaucoup de facilité et de cohérence.
The Bitch is back on stage !
Les classiques que sont "Back To The Cave" (et une superbe partie en twin guitars) et " Can't Catch me" (petit brûlot composé avec un mec pas connu : Lemmy !) possèdent un charme intact alors que "Relentless" ou Living Like A Runaway" montre que la miss n'a pas perdu la patte pour écrire des chansons accrocheuses. Et comment ne pas fondre avec le final sur les deux pépites que sont "Close My Eyes Forever" (le slow de la mort originellement interprétée en duo avec Ozzy) et l'ultra catchy "Kiss Me Deadly" !
Ecoute après écoute, cet album se fait de plus en plus addictif pour qui recherche un son 80's, humain, chaleureux (les thrashers, blackeux, emo ou autres progueux sont priés d'aller pleurer ou rire un peu plus loin).
The Bitch Is Back c'est typiquement une délicate madeleine de Proust pour tous les hardos n'ayant jamais refermés la page de leur adolescence dans les 80's, mais pas seulement. C'est aussi la preuve qu'on peut faire face aux années en restant soi-même sans être totalement ridicule. C'est aussi l'éclatante démonstration (ô combien utile) que live, cela signifie vivant, avec tout ce que cela comporte d'humanité, d'imperfection et de chaleur. Merci Lita Ford, vous méritez définitivement tout le respect que j'ai pour vous !
Tracklist de The Bitch Is Back :
01. The Bitch Is Back
02. Hungry
03. Relentless
04. Living Like a Runaway
05. Devil in My Head
06. Back to the Cave
07. Can't Catch Me
08. Out For Blood
09. Dancing On The Edge
10.Hate
11.Close My Eyes Forever
12. Kiss Me Deadly