Leaves’ Eyes – Symphonies of the Night

Aussi charismatique qu'élégante, Liv Kristine et sa joyeuse bande reviennent avec leur cinquième album: Symphonies of the Night. Marqués par un changement de style assez radicale depuis le dernier album, Meredead, certains fans de la première heure espéraient peut-être un retour aux sources de Leaves' Eyes. Malheureusement pour ces derniers, le quintet n'a pas décidé de fêter ses dix ans en remontant sur son drakkar pour nous emmener vers de blanches plaines nordiques.
 

Et oui depuis dix ans, déjà, Leaves' Eyes continu de défendre son nom dans le milieu du metal symphonique à chanteuse lyrique. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le groupe a bien évolué, pour le meilleur ou pour le pire, depuis sa création faisant suite à l'éviction de Liv Kristine de Theatre of Tragedy. Lors de sa sortie en 2004, Lovelorn avait séduit plus d'un amateur du genre grâce à une certaine émotion et des mélodies bâtis autour d'un unviers scandinave. Paru dans la foulée, Vinland Saga était venu sceller le succès et l'identité de la bande et mettait encore plus en avant les growls d'Alexander Krull, époux de Liv Kristine et leader d'Atrocity.

Fort d'avoir acquis un public assez large et une certaine confiance, Leaves' Eyes s'était permis, en 2009, une évolution musicale avec Njord. Plus direct, plus agressif, proposant moins d'éléments folk-nordiques, cet album représentait une sorte de transition pour le quintet qui avait, au passage, connu plusieurs changement de line up. De cette envie de changement était né en 2011 Meredead qui balayait complètement le passé musical de Leaves' Eyes. Gorgée de défauts, cette production s'avérait tout de même réussie pour qui appréciait un metal folk assez basique, mais efficace, et gagnait en intérêt au fil des écoutes. Et c'est finalement le même exercice qui attend ceux qui jetteront leurs oreilles sur Symphonies of The Night.

Dès l'écoute de la première piste, "Hell to the Heavens", on est en effet envahi par une curieuse impression. Celle d'être en terres inconnues tout en suivant un chemin qu'on a parcouru mille fois. Sans aucune corrélation avec le Leaves Eyes d'antan, "Hell to the Heavens" rappelle en revanche les dernières productions de Nightwish. Efficace mais plutôt pauvre en émotion donc.

La médisance attendra puisqu'il reste encore dix morceaux à découvrir. Ceux qui ont connu les premiers pas de Liv Kristine n'auront aucun mal à déceler un fort goût de Theatre of Tragedy dans "Fading Earth". Un morceau très percutant accompagné d'un solo des plus agréables. Violons et autres lutes se joignent aux riffs de "Maid of Lorraine" où s'alternent les growls bien gras d'Alexander Krull et la voix de la chanteuse aux cheveux blonds. Très efficace, on regrettera à nouveau de trop grandes similitudes avec d'autres groupes. Autre constat qui déplaira aux nostalgiques, la voix de cristal de la Norvégienne semble s'être définitivement envolée. Peut-être l'âge.

Liv Kristine, Leaves' Eyes, Theatre of Tragedy, Nuclear Blast

Mais ce ne sont pas ces petits inconvénients qui empêcheront d'apprécier la quatrième piste, "Galswintha" et sa magnifique introduction à base de guitare folk. À défaut d'emmener vers les mers du nord c'est une sympathique promenade dans de verts pâturages irlandais qui est proposé.

Le plaisir se prolonge avec un "Symphony of the Night", assez épique, où Liv Kristine livre une prestation prouvant qu'évolution ne rime pas qu'avec déception. Un sentiment qui perdure avec la petite ballade "Saint Cecelia". Un break sympathique mais pas franchement original.

Si cette première moitié de Symphonies of the Night s'avère très correcte, la suite est plutôt aléatoire. Malgré une introduction qui pourrait arracher des larmes au plus dur des vikings, "Hymn to the Lone Sands" se fait plomber par un riff peu inspiré, des blasts hors de propos, une cornemuse mal placée et surtout une Liv Kristine adoptant un chant très spécial, pour ne pas dire affreux. Les mauvaises langues imagineront une face B d'Atrocity.

Cette mauvaise expérience passée, il est du coup beaucoup plus simple d'apprécier "Eleonore de Provence" et "Angel and the Ghost" ayant toutes deux la particularité de proposer des passages "lus" ainsi que de beaux solos de gratte. Mais, une fois de plus, rien de bien singulier.

Une dernière ballade avec "Nightshade" avant d'achever l'aventure Symphonies of the Night sur une bonne note nommée "Ophelia". Dyptique, cette dernière compo donne l'impression que les deux voix de Leaves' Eyes ont souhaité se quitter sur un pied d'égalité. D'abord avec Liv Kristine officiant sur du mid-tempo symphonique puis avec un Alexander Krull enragé sur une partie bien death. L'une des meilleurs pistes de cette galette.

À nôter qu'une édition limitée propose deux morceaux bonus: "Eileen’s Ardency", chanté en duo avec Carmen Elise Espenaes (chanteuse de Midnattsol et petite soeur de Liv Kristine) et "One Caress", reprise de Depeche Mode.

Leaves eyes, Liv Kristine, Symphonies of the Night, Napalm Records

On finit comme il se doit en parlant de la prod qui ne fera pas l'unanimité. Si la qualité du son est tout bonnement exceptionnelle, le niveau des musiciens ne lui fait pas vraiment honneur. Les deux guitaristes Sander van der Meer et Thorsten Bauer (dernier rescapé de la formation initiale) s'en sortent sans être des génies de la technique. Fraichement arrivé dans la formation, le batteur Félix Born mérite à coup sûr les baguettes de plomb 2013. Moins inspiré tu crèves. Enfin, il est inutile de rappeler que dans un groupe comme Leaves' Eyes, ce sont, instrumentalement parlant, les éléments folks et la prod qui font 70% du boulot.

Difficile au final de trouver une note juste pour ce Symphonies of the Night qui ne fera surement pas l'unanimité. Les fans de la première heure passeront une nouvelle fois leur chemin, ceux ayant réussit la transition devraient apprécier, tout comme ceux pour qui cet album sera la première expérience avec les Germano-Suédois. Exit donc émotions, vikings, drakkars, épées et autres haches. Adieux voyages et rêves enneigés, bonjour headbangs enragés et efficacité.

À écouter avant d'acheter comme dirait l'autre.
 

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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