Sinheresy – Paint the World

Un jour, six italiens rigolos en avaient assez de faire des pizzas, de la bolognaise et des glaces. Mais on s'ennuie, en Italie, quand on ne fait pas tout cela. Bref, il était évident que, pour notre sympathique petit gang, il était temps de se mettre à une autre activité.

Si cinq d'entre eux trouvaient leur voie dans la musique, il y en avait une qui ne savait pas trop quoi faire. Cecilia aime chanter, mais aussi peindre. Cruel dilemme ! Devant un choix aussi cornélien, elle demanda de l'aide à ses amis. Ceux-ci lui donnèrent alors un conseil tout à fait brillant : être la voix féminine de leur groupe Sinheresy, dans un opus qui parlera de peinture ! C'est ainsi que cet ex-cover band de Nightwish eut l'idée de livrer Paint the World, premier méfait à la pochette colorée.

L'on pourrait espérer que cette livraison viendrait illuminer et colorer ce monde si triste et maussade avec un titre si aguicheur. Avec une qualité sonore au rendez-vous et des compositions pour le moins efficace, le groupe nous offre une première galette convaincante. Et connaissant le passif de ce combo, on pourrait s'attendre à des compositions très influencées par Nightwish, mais c'est tout le contraire. Une approche de la composition différente, un clavier utilisé à bon escient, une présence masculine plus prononcée sur le modèle des groupes dit "Beauty and the Beast" et une voix lead qui est tout le contraire de Tarja, si bien qu'on aurait du mal à croire que ce groupe ait pu interpréter ne serait-ce qu'un chanson de leurs idoles.

"Tu veux notre photo, banane ?"


Les compositions mêleraient plutôt des riffs plus modernes et des sonorités plus electro au clavier. Heureusement, celles-ci ne sont pas outrageuses et ne tournent pas la musique en un melting-pop dance techno metal de mauvais goût. Ces apports électroniques sont intéressants, et épaulent très bien de discrètes orchestrations symphoniques qui (et c'est encore une différence avec les finlandais !) sont plutôt là en tant que soutien, au lieu d'être placées en avant. Sans jamais verser dans le pompeux, le sextette parvient à concilier avec beaucoup d'adresse son côté symphonique et ses riffs accrocheurs et puissants.

On notera un bémol sur la voix de Cecilia, qui peut être un peu trop linéaire par moment. Notamment sur le morceau d'introduction "Last Fall", ainsi que le mélange entre sa voix et la voix masculine de Stefano, qui ne colle pas toujours. Mais disons que ça reste très frais, le morceau "Breakpoint" est très énergique et les voix parviennent souvent à être à l'unission pour garantir un résultat tout à fait intéressant. S'il faut parfois travailler l'harmonie entre la chanteuse et son comparse masculin, la recette (bien que déjà connue) est ici résolument efficace. D'autant plus que l'efficacité de Sinheresy n'est plus à démontrer vu que la galette est fournie de pièces très accrocheuses ! De la redoutable "The Gambler" à la plus douce "Roses & Thorns", il y en a pour tous les goûts. L'inconvénient, c'est qu'aucun morceau ne se détache en particulier. L'avantage, c'est que sur neuf compositions, on ne peut pas dire que l'une d'elles est mauvaise. Dosage parfait, voix maîtrisées, et guitare affutée : avec cette même recette, le sextette italien parvient à se renouveler et à captiver du début à la fin !

En définitif, ce groupe ne révolutionne pas le Metal Symphonique, mais à l'aide de petites touches intéressantes comme les sonorités orientales sur le morceau "Elua's Gift" et, surtout, grâce à sa puissance, cette formation semble à surveiller impérativement ! C'est très frais, comme une glace italienne, le groupe bénéficie d'une qualité sonore très rarement donnée pour un premier album ... bref, presque pas de faux pas pour Sinheresy ! S'ils maintiennent un tel niveau sur leur prochaine offrande, alors il va falloir s'attendre à ce que le genre voit la naissance d'un nouveau leader, aux côtés des prometteurs Victorians.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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