Damien Marco et Franck Garcia, guitariste et chanteur d’Operadyse

Le renouveau du power metal français

Damien Marco et Franck Garcia, respectivement guitariste-compositeur et chanteur d'Operadyse, ont accordé quelques minutes à La Grosse Radio pour promouvoir leur premier album, Pandemonium, et évoquer le processus créatif de l'album, ainsi que ce qui les a motivé à continuer à faire du power metal.

Bonjour Franck et Damien et merci de nous donner cette interview. Qu’est-ce que ça fait de sortir votre premier album sept ans après la formation du groupe ?

Franck : Six ans après la formation du groupe, mais la formation actuelle a deux ans.

Damien : La génèse, ça compte pas trop, il y a beaucoup de périodes qui ne servent à rien. C’est quand même un bon sentiment, on trouve que le temps est relativement passé vite, à l’époque de nos débuts, c’était plus un rêve, on n’avait pas fait de travail acharné à ce niveau-là. Le début du groupe actuel et le travail sur Pandemonium a surtout commencé aux alentours de 2010-2011.

D’où vient le titre Pandemonium ?

Franck : On s’est dit que c’était mieux que « pande-mes couilles » ! [rires]

Damien : Il y a un petit clin d’œil avec l’EP, qui faisait un jeu de mots entre Operadyse et Hope Era Dies. Le nom du groupe évoque le Paradis et Pandemonium évoque cette thématique, mais à l’inverse, du coup on a trouvé ça intéressant. Après, on a pas inventé le mot ! [rires] En plus ça contient bien l’histoire et la trame de l’album.

Franck : La chanson-titre est aussi celle qui représente le mieux le groupe, c’est là où il se passe le plus de choses et c’est un peu un résumé de tout ce qu’Operadyse est capable de réaliser, avec des passages calmes, épiques, joyeux, ou plus dark.

A-t-on affaire ici à un concept-album ?

Damien : Oui, mais il n’est pas plus imposé que ça à l’auditeur. On n’a pas appuyé l’histoire avec de la narration ou un texte en plus écrit à l’intérieur du livret. Les  gens peuvent écouter les morceaux individuellement. On a installé ce fil rouge plus par souci de cohérence entre les morceaux. Ça aide, lors de la composition, d’avoir une trame à faire évoluer.

Franck : On a essayé d’éviter les passages de type "il était une fois…" Parce que ça peut vite devenir saoulant. Ça casse le rythme musical. On n’est pas là à se pignoler et essayer d’inventer des délires, on essaie de faire les choses bien, sans forcément se presser. On se met la pression, mais sur le moment présent, pas question de dire que le prochain album se fera avec un orchestre symphonique.

Damien : On essaie de faire du metal avant tout. Dans beaucoup de formations power metal bifurquent beaucoup sur le côté cinématographique, ce qui fait que ça a parfois tendance à passer devant le côté metal. On veut avant tout que les gens écoutent du metal et pas un mec qui parle comme dans Le Seigneur des Anneaux. C’est génial aussi, mais ça a déjà été fait, donc on n’a aucun intérêt à refaire ça en moins bien.

Mais, du coup, comment se manifeste ce fil rouge ?

Damien : C’est l’ange, qu’on voit sur la pochette, qui est le personnage principal de l’histoire, représenté à la première personne dans les paroles. Au début, il commence par prendre une tollé, c’est le sujet de "Crystal Sword". Il est peinard dans son royaume, puis ils se font attaquer par un truc qu’ils ne connaissent même pas, tout le royaume est détruit et il décide de quitter le champ de bataille pour voir ce qui se passe et partir en quête de réponses.

Operadyse

Dans Operadyse, il s’est passé quelque chose d’un peu spécial, vous êtes passé d’une chanteuse à un chanteur…

Franck : Non, c’est toujours moi, je me suis coupé les cheveux et été faire une opération au Brésil !

Damien : Operadyse au Brésil…

Comment cela s’est décidé ?

Damien : On n’est pas fermé aux propositions, du coup, dans notre quête pour trouver la nouvelle voix, on n’a trouvé qu’on ne trouvait pas l’identité qu’on avait insufflée aux premiers morceaux avec une voix féminine. Du coup on s’est dit qu’on devrait essayer avec du chant masculin pour voir ce que ça donne. On a donc proposé à Franck de poser sa voix sur une démo, histoire de lui exposer le projet, si ça lui plaisait. Quand on a écouté le résultat, ça nous a paru évident, c’était la boucle bouclée. Du coup, quand on allait ressortir quelque chose, ceux qui avaient déjà apprécié les premiers morceaux ne soient pas perdus. Quand on écoute, on ne perd pas cette identité.

Du coup, pour ré-interpréter les morceaux, ça n’a pas été difficile ?

Damien : Tout est fait exactement dans la même tonalité, il les chante pareil que ce que Jen faisait à l’époque.

Franck : En fait, c’est pas parce que tu passes d’une femme à un homme qu’il faut tout détuner. Il y a peut-être deux passages de cinq-six secondes où je me disais "ah quand même, même pour elle c’est haut, alors là c’est pas possible". De base, un homme chante une octave en dessous, c’est la physique et je me retrouve naturellement dans son registre. Je suis ténor, elle est soprano, donc on est tous les deux dans nos registres aigus respectifs, donc ça se convenait

Damien : Ils se superposent bien…[rires]

Franck : Oui, avec tout le respect que je dois à Jen ! Mais ça correspond à mon registre. Il y a juste deux-trois passages que j’ai travaillés de manière différente qu’avec Spheric Universe Experience [autre groupe de Franck], sans parler de souffrance et de difficultés, même si c’est pas facile, surtout au niveau des chœurs. Quand tu fais 20 mini-moi et qu’ensuite tu essaies de placer la voix principale, tu te dis que tu es à bout de forces et tu le fais un autre jour, la voix est trop sèche. Mais le passage d’une voix à une autre s’est fait facilement, parce qu’on se complète bien avec Damien.

Du coup, Franck, tu t’es occupé de tous les chœurs ?

Franck : Oui, sauf certains où tu entends bien que ce sont des nappes de synthé qui font "Aaaaah". Il y en a même qui n’ont pas été surmixés, du coup tu les entends très faiblement, comme sur "Celestial Sword". On ne voulait pas tomber, dès la première chanson, dans le gros cliché du "allez, il y a le refrain, on veut toute l’armée qui chante avec le général !" [Damien commence à chantonner le refrain d’"Emerald" Sword de Rhapsody]. On ne s’est pas forcé à tout sur-mixer.

En plus de Franck, on a une autre star dans le groupe : Manard (Emmanuel Colombier) d’Ultra Vomit à la batterie. Comment s’est passée son intégration ?

Franck : Ouais, j’ai gagné la nouvelle star en 2001…

Damien : Au Portugal ! [rires] Donc pour l’intégration de Manard, à l’époque, Operadyse cherchait un batteur sur Montpellier et il se trouve qu’un de ses amis, sachant qu’il était sur Montpellier à l’époque, lui a suggéré de venir avec nous. Du coup c’est Manard qui nous a contactés et ça s’est fait très rapidement, on n’a pas eu à chercher de batteur longtemps. Personnellement, je ne connaissais pas Ultra Vomit avant de connaître Manard.

Franck : Il se trouve que je connaissais avant et la présence de Manard a été l’un des facteurs qui m’ont poussés à intégrer Operadyse. Déjà, c’est tombé dans un moment où j’avais du temps, du coup je pouvais m’investir à fond dans ce qu’ils faisaient, pas question de faire les choses à moitié. J’avais déjà eu des propositions d’autres groupes, dans des styles totalement différents, qui me demandaient de faire du growl ou du chant black par exemple, mais je ne suis pas capable de faire ça, du coup ça servait à rien de m’investir dedans. J’adorais aussi la musique d’Operadyse, il y avait quelque chose de frais, ça ne servait à rien de refaire ce qu’avaient fait Stratovarius, Sonata Arctica, Nightwish etc… Mais il fallait aussi que je puisse avoir une confiance musicale en eux, du coup, le fait que Manard soit dedans, ça m’a rassuré. Il a quand même de la bouteille, il a fait plein de concerts, il fait la caricature de plein de styles de musique, donc il a largement le niveau, donc ça m’a poussé à intégrer Operadyse.

Operadyse

Qu’est-ce que ça fait de sortir son premier album sur un label comme SPV ?

Damien : Oui, ils débutent un peu ! Ils ont de la chance de nous avoir, on va remonter un peu le niveau [rires]

Franck : C’est clair, si certains groupes veulent se mettre à notre place pour savoir ce que ça fait, et bien oui, c’est cool de signer sur un label comme ça pour notre premier album !

Damien : Surtout que tout s’est passé très vite. Sur 15 jours, on savait qu’on allait signer avec Sonic Attack, à condition d’avoir quelque chose au Japon. Karl, notre label manager, ancien fondateur de Noise Records, d’où est sorti Helloween avec Keeper of the Seven Keys, a démarché et nous a eu un deal avec Marquee Avalon au Japon. Donc une première nouvelle qui fait mal, et ensuite, il nous dit qu’on a un contrat en collaboration avec SPV. Champagne, champagne, champagne…

Franck : Gastro, gastro, gastro…[rires]

Cette signature s’est passée quand par rapport à l’enregistrement de l’album ?

Franck : Après. Damien, Manu, Bast [Bastien Sablé – claviers] et Stef [Stéphane Lambert – basse], savaient qu’on allait enregistrer au Drudenhaus studio à Nantes avec Ben [ex-Anorexia Nervosa] et m’on demandé comment ça allait se passer pour les labels. Sans savoir qu’on aurait un label aussi bien, je leur ai dit « pas de souci, on va en trouver un ». Sans prétention, mais je sentais qu’il y avait un truc. Donc on fait l’album, un mois après on termine le livret avec Albino Z, qui a fait un travail merveilleux, il s’est gavé ! On compte bien le garder comme illustrateur.

Damien : Le dessin est presque aussi important que la musique ! Pour moi c’est un membre du groupe à part entière.

Franck : Ensuite, on a envoyé toutes les candidatures et Karl de Sonic Attack nous a répondu et nous a même laissé négocier avec lui, c’était culotté, mais il fallait qu’on lui montre qu’on en voulait !

Operadyse Pandemonium

On aurait pu penser que le label vous ait donné des moyens, vu la production et les arrangements.

Damien : Tour ce qui est orchestral sort de ma souris et mon clavier chez moi. Ca fait partie intégrante des morceaux. Je me vois pas proposer aux gars un morceau s’il n’est pas déjà assez grandiloquent. Je passe presque plus de temps à travailler tout ce qui est orchestral avant de commencer à mettre des grattes dessus.

Franck : C’est vrai que, souvent, il rajoute les guitares après. Même s’il est guitariste à la base, son plaisir c’est de créer de la musique, et pas uniquement des parties guitares, à faire avec plusieurs gars, parce que ce n’est pas la pensée divine qui dit "le morceau est composé, on n’y touche plus", parce que certains pensent comme ça. Donc il nous demande notre avis, si ça plait pas, il jette, il a donc beaucoup de critique sur lui-même.

Damien : Oui, il faut, je ne vais pas ajouter ce qui est pourri, alors que certains le font pour que l’album dure plus longtemps. L’album ne fait même pas une heure, quand tu écoutes , tu n’as quand même pas le temps de t’emmerder, il se passe beaucoup de trucs, alors que sur certains autres disques qui durent à peu près le même temps le gars t’aura collé 18 refrains en une chanson, du coup, ça lasse un peu plus vite.

Franck : Tu remarques que dans le cadre de la musique, on fait quelque chose qui ne se veut pas répétitif. Des fois, tu as du mal à te repérer, mais tu t’en fous parce que tu kiffes.

D’où vient le nom du groupe, Operadyse ?

Franck : Ca mélange "opéra" et "paradise". On ne trompe personne sur la marchandise, parce que c’est de la mise en scène, c’est théâtral. Ca ne parle pas de Paradis, il n’y a rien de religieux, juste des dieux qui se font poutrer, mais l’ambiance est plutôt céleste. Je me souviens d’une chronique où le gars disait qu’il fallait qu’on change le nom du groupe, c’est comme si son fils s’appelait Michel et que quelqu’un venait en lui disant qu’il devrait changer le nom de son fils parce que c’est plus d’actualité. En plus, c’est un nom de groupe qui n’existe pas déjà !

Damien : On aurait pu s’appeler Operadyse of Fire au cas où… [rires]

Franck : En plus, ça sonne, c’est juste un bloc, du coup c’est efficace. Je viens d’un groupe dont le nom est super compliqué : Spheric Universe Experience. Tout le monde dit « Spheric ».

Damien : Tu imagines s’il fallait rajouter "Of Fire ?" [rires]

Franck : D’ailleurs on a des problèmes avec les affiches, parce que notre nom de groupe est écrit en plus petit. Du coup, si quelqu’un passe devant et qu’il nous kiffe, il verra peut-être pas le nom.

Damien : L’avantage, c’est que dans les listings, vous êtes les seuls à dépasser ! [rires]

Qu’en est-il de vos projets de tournée ?

Damien : On compte faire quelque chose au premier semestre de l’année prochaine. C’est en chantier pour l’instant, on est en préparation, on a déplié le plan et on a commencé à dessiner dessus.

Franck : Les concerts en première partie seront mis en place par le label, sinon les concerts à thème seront faits avec des associations et des groupes locaux, comme Fairyland, Philippe Giordana (clavier), c’est un pote à nous. Il faut encore savoir si nos emplois du temps et notre vie de tous les jours le permettent.

Damien : On n’est pas seulement un projet studio, on veut bouger et faire du live.

On constate une petite remontée du power metal en ce moment. Un moment propice pour sortir son premier album ?

Damien : Il y a une petite efervescence, je pense que les gens sont pas mal en train de se re-solidariser dans le metal, ce qui n’était pas forcément le cas avant.

Franck : C’est vrai, je me suis moi-même surpris par rapport à mes goûts, je me suis mis à écouter pas mal de Sceptic Flesh. Pourtant ça n’a rien à voir avec ce que je fais. Les premiers albums, ce n’est pas mon truc, mais les derniers, avec tout le travail orchestral derrière, je trouve ça énorme. Je ne suis pas très porté sur le growl, mais là je peux en écouter plein sans problème. Il y en a de plus en plus, du coup, ça formate l’oreille, mais il y a surtout de plus en plus de bonnes choses. C’est grâce à internet aussi, qui te donne maintenant accès à des groupes locaux que tu n’aurais jamais pu connaître avant.

Je vous laisse les dernièrs mots pour les fans français.

Damien : En trois mots : Keep the flame. On a un titre très ressemblant sur l’album d’ailleurs : Keeper of the Flame.

Franck : Jetez-y les deux oreilles, déjà, c’est en stéréo, c’est mieux, et on y a mis beaucoup d’énergie positive, dans le travail, le sérieux et le plaisir.

Damien : C’est un album de power un peu comme à l’ancienne, fait avec le cœur !

 



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...