Amon Amarth grave ses runes à l’Olympia
Deux ans et demi après avoir mis le Bataclan à feu et à sang, les vikings suédois reviennent à la charge, cette fois-ci dans une salle plus grande et au fort poids historique, l’Olympia, pour présenter son nouvel album, Deceiver of The Gods. Pour les accompagner sont présents les pionniers du death metal britannique Carcass et le groupe de heavy metal ressuscité Hell. Si les sets sont réduits à cause du couvre-feu, l’ambiance est sulfureuse tout au long de la soirée.
Hell
La soirée commence donc avec Hell ,groupe de heavy metal britannique qui s’était déjà illustré en première partie d’Accept au Bataclan en 2012 et qui défendait à l’époque son premier album, Human Remains. Ici, le groupe se retrouve à jouer juste avant la sortie de son second disque, intitulé Curse & Chapter, duquel sont joués les titres "The Age of Nefarious" et "Something Wicked This Way Comes".
Sur un set de moins d’une demi-heure, le groupe arrive néanmoins à présenter un show correct et assez grandiloquent, avec un David Bower qui montre de nettes améliorations en tant que frontman et arrive à se mettre le public dans la poche en le faisant participer continuellement. Toujours porté sur le côté grand guignol, le frontman multiplie les interventions curieuses, en s’auto flagellant avec un martinet sur "Blasphemy and the Master" ou en exorcisant certains fans du premier rang pendant la même chanson.
Côté instrumental, la fine équipe est toujours de la partie, avec un Andy Sneap qui tricote toujours riffs et solos de manière efficace, épaulé par son acolyte Kev Bower, qui ira même tripoter ses touches de clavier pendant l’interlude entre "On Earth as It Is in Hell" et "Blasphemy and the Master". Le groupe semble plus solide dans son interprétation que lors de son dernier passage à Paris.
Bien moins extrême que le reste du plateau, Hell s’est néanmoins montré crédible sur scène et a probablement séduit une partie du public qui a commencé à se chauffer lors de ce concert.
Setlist :
Rainbow - Long live rock n'roll [sur bande]
Gehennae Incendiis [sur bande]
The Age Of Nefarious
On Earth as It Is in Hell
Blasphemy and the Master
Something Wicked This Way Comes
The Quest
Carcass
C’est maintenant au tour du légendaire groupe de death metal anglais de faire son grand retour à Paris après près de 20 ans d’absence de la capitale. Si les chirurgiens avaient fait deux apparitions au Hellfest en 2008 et 2009, c’est une toute nouvelle formation qui est présente devant le public français ce soir, puisque Michael Ammot et Daniel Erlandsson sont revenus aux affaires avec Arch Enemy, laissant la place à Ben Ash et Daniel Wilding.
Si cette fine équipe fait moins figure de "all-star band", on voit néanmoins sur scène un groupe qui se veut soudé et fier de défendre son nouvel album, Surgical Steel, qui occupe ce soir un bon tiers du set de 40 minutes qui est imparti au groupe. Sont notamment joués le rageur "Cadaver Pouch Conveyor System" et le single "Captive Bolt Pistol", au milieu de tubes imparables comme "Buried Dreams" ou "Corporal Jigsore Quandary".
Carcass joue la carte de la sûreté dans son set l’axant sur la période Necroticism – Discanting the Unsalubrious et Heartwork, albums les plus connus du groupe et en jouant les titres récents qui s’en rapprochent le plus. Swansong est oublié et les deux premiers albums sont représentés par des extraits de morceaux qui introduisent respectivement les standards "This Mortal Coil" et "Heartwork".
Force est de constater que cette formule marche et que le public est bien dedans en acclamant le groupe haut et fort et en hurlant à tout rompre au rythme de passages dantesques, comme l’intro malsaine de "Buried Dreams" ou le riff clean de "Heartwork". Devant un tel enthousiasme, Jeff Walker, bien en voix ce soir, n’hésite pas à remercier le public brièvement avant d’enchaîner les morceaux à cause du temps très limité dont dispose le groupe, qui les force d’ailleurs à retirer du set le titre "Exhume to Consume".
Avec des musiciens carrés, malgré quelques petites erreurs de Ben Ash, et un public déjà bien chauffé, le show de Carcass fut bref, mais intense. Une bien belle performance qui a de quoi rendre impatient les fans qui attendent une date en tête d’affiche. Prochain arrêt en France pour Carcass : le Hellfest.
Setlist :
1985 [sur bande]
Buried Dreams
Incarnated Solvent Abuse
Unfit for Human Consumption
Genital Grinder / This Mortal Coil
Cadaver Pouch Conveyor System
Corporal Jigsore Quandary
Captive Bolt Pistol
Ruptured in Purulence / Heartwork
1985 [sur bande]
AMON AMARTH
Après l’installation du décor aux couleurs de Deceiver of the Gods, c’est au tour des vikings suédois d’Amon Amarth de monter sur la scène de l’Olympia devant 2000 fans en délire, pour un concert qui s’annonce des plus intense, aussi bien au niveau de la performance du groupe que de la ferveur et l’excitation du public.
Et cela ne loupe pas, les cinq musiciens bien en place se démènent en beaux diables sur scène, avec une paire de guitaristes, composée d’Olavi Mikkonen et Johan Söderberg, qui enchaînent riffs massifs ("Runes to my Memory") et parties harmonisées efficace, avec une intro en tapping parfaitement rendue sur l’intro d’"As Loke Falls". A la section rythmique, le bassiste Ted Lundström et le batteur Fredrik Andersson marquent la mesure de manière carrée et efficace, tout en gardant l’agressivité de rigueur pour un groupe de death metal digne de ce nom.
Mais celui qui captive le plus de regards, c’est bien évidemment le colosse Johan Hegg, frontman charismatique et proche de son public, qui arrive à se mettre tout le public dans sa corne en moins de temps qu’il n’en faut pour le hurler. Et en hurlement, le viking s’y connaît et se montre parfaitement en voix tout le long du concert, sans jamais montrer de faiblesse.
Heureusement d’ailleurs, car le concert d’Amon Amarth est loin d’être long. En effet, à cause des restrictions de la salle, le groupe est forcé de jouer un set de 70 minutes et d’avoir un attirail de scène limité. Point de drakkar ou de pyrotechnie, juste une toile de fond qui change "Destroyer of the Universe" et au rappel, des rochers runiques illuminés sur "Runes to my Memory" et une réplique de Mjölnir fièrement agitée par le frontman sur "Twilight of the Thunder God".
Mais cette courte durée force le groupe à donner un show intense et sans temps mort, ce qu’il réussit brillamment à faire en enchaînant les classiques, si bien que le nouvel album n’est pas si bien représenté que ça, par rapport au bien connu Twilight of the Thunder God. Cela ne dérange en rien le public, en délire complet, qui fait trembler tout l’Olympia en sautant sur "Guardians of Asgaard", qui slamme à répétition sur "Death in Fire" ou qui hurle à en faire trembler les murs sur "The Pursuit of Vikings". On notera que les mélodies accrocheuses sont reprises en chœur, notamment l’intro de "Deceiver of the Gods".
Si le concert d’Amon Amarth a été malheureusement raboté de quelques minutes qui auraient été bien appréciées par l’assistance, cela n’a pas empêché au public et au groupe de se donner à fond pour un évènement inhabituel, celui de voir un concert de death metal dans une salle comme l’Olympia. Preuve que, même en France, les choses bougent dans le monde du metal.
Setlist :
Intro [sur bande]
Father of the Wolf
Deceiver of the Gods
Death in Fire
Free Will Sacrifice
As Loke Falls
Runes to My Memory
Varyags of Miklagaard
Cry of the Black Birds
Guardians of Asgaard
Destroyer of the Universe
War of the Gods
Rappel :
Twilight of the Thunder God
The Pursuit of Vikings
Un grand merci à Byclown Duvollet pour les photos.