Tuomas Holopainen, leader de Nightwish

Nouveau départ pour Nightwish

A l'occasion de la sortie imminente de Showtime, Storytime, Tuomas Holopainen, leader et claviériste de Nightwish, a accordé quelques minutes à La Grosse Radio pour parler de cette nouvelle sortie, des changements qu'a subi le groupe lors de la tournée qui l'a précédé et des projets du groupe, qui s'annoncent prometteurs.

Bonjour Tuomas et merci de nous accorder cette interview. Showtime, Storytime a été tourné à la fin de la tournée Imaginaerum. Un bon moyen de clore un chapitre, n'est-ce pas ?

Un bon moyen d'en finir un, mais aussi d'en commencer un autre. Maintenant, nous avons une nouvelle chanteuse et un nouveau joueur de cornemuse dans le groupe.

Cette décision semble avoir été accélérée, Floor Jansen  (chanteuse] avait déclaré que cela devait se faire l'année prochaine.

C'était effectivement ce qui était prévu à la base. Mais ensuite, je me suis mis à réfléchir au moment où j’ai commencé à écrire les crédits pour le DVD. Au moment ou je suis arrivé aux membres de Nightwish, je me suis demandé comment j’allais qualifier Floor et Troy [Donocley, joueur de cornemuse], j’allais pas mettre qu’ils étaient invités, cela sonnait faux, d’autant qu’à ce moment-là, on savait qu’ils deviendraient membres permanents du groupe. C’est plus logique d’annoncer cela plus tôt, notamment pour les interviews, on n’a plus à garder le secret.


Tuomas Holopainen Nightwish

Quand avez-vous décidé de filmer le concert du Wacken pour en faire un DVD ?

Très tard. Je pense que ça s’est fait entre fin juin ou début juillet, donc environ deux mois avant le concert. L’idée originale était de faire seulement un documentaire dans le DVD, sans enregistrement live. Mais Nuclear Blast a suggéré qu’on y incluse un concert, pour faire un meilleur ensemble. J’étais plutôt contre cette idée, car j’estime qu’un DVD de concert doit être planifié bien à l’avance, de manière à ce qu’on puisse y amener un orchestre, répéter de nouvelles et d’anciennes chansons, pour en faire quelque chose de vraiment énorme. Avec quelque chose de prévu seulement deux mois à l’avance, pour un concert en festival, nous n’avions qu’une seule chance, donc je n’étais pas très sûr de cela. Mais ils nous ont convaincu que ce serait un meilleur ensemble, donc nous nous sommes mis d’accord, mais je ne voulait pas qu’on le qualifie de "DVD Live". C’est pour cela qu’il s’appelle Showtime, Storytime, tu as le show et l’histoire.

Que penses-tu du résultat après coup ?

Je pense que c’était une très bonne idée de filmer ce concert en DVD. Comme je l’ai dit, j’aurais préféré filmer un DVD dans une belle salle avec un orchestre et un chœur, cela fait dix ans que j’en rêve. Là, cela se passe dans un festival, je n’ai rien contre, mais ce n’est pas mon idée initiale. Mais quand j’ai vu le concert et le DVD, je trouve qu’ils sont complémentaires et que le choix était bien fait.

Qu’as-tu pensé du public de Wacken ?

Je pense qu’ils ont montré une nouvelle facette d’eux-mêmes, car je ne pense pas que nous sommes un groupe de vrai groupe metal comme on pourrait s’attendre à voir au Wacken. Malgré cela, ils sont tous devenus dingues. En plus, c’est le plus gros public qu’on ait jamais eu. 80 000 personnes, c’est magnifique à voir de la scène.

Pourquoi Nightwish ne serait pas un vrai groupe de metal ?

Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, mais j’ai déjà entendu quelqu’un dire qu’il ne devrait pas y avoir de chant féminin ou de clavier dans un groupe de metal. [rires]. Si cela veut dire "faire du metal pour des raisons sincères", alors on est un vrai groupe de metal, si c’est une connerie de voix féminines qui n’appartiennent pas au metal, tant pis, c’est juste une histoire de sémantique !

Tuomas Holopainen Nightwish

Parlant du documentaire, on voit dès le début qu’Anette n’a pas souhaité apparaître dedans. Le split ne s’est donc pas vraiment bien passé ?

Cela ne s’est pas non plus mal passé, c’était d’un commun accord, on a décidé que ce serait meilleur ainsi pour tout le monde. Quand on a pris cette décision et qu’on a rédigé le communiqué de presse, tous les membres du groupes l’ont signé et Anette aussi. Le montage du documentaire était déjà fini à 80%, avec elle dedans qui chantait sur scène et qui donnait quelques interviews, quand on a reçu un mail de son manager qui disait qu’elle désirait ne pas apparaître dans le documentaire. Du coup on l’a fait à sa demande.

Quand l’ambiance a-t-elle commencé à se dégrader ?

Cela appartient au passé maintenant, je préfère ne pas en parler, il y a des choses plus intéressantes qui arrivent, comme le DVD. Je comprends que cela puisse intéresser les fans, mais je préfère que cela reste dans le domaine privé, pour elle comme pour nous.

Quand avez-vous su que Floor et Troy étaient des membres de Nightwish à part entière ?

Au mois de juin 2013. On a commencé à parler avec les gars du groupe de ce qu’on comptait faire à l’avenir. On a passé en revue les options possibles. Est-ce que Floor était la chanteuse qu’il fallait, ou bien devions-nous en chercher une autre ? Cela semblait évident pour nous tous qu’elle devait rester. Elle est vraiment talentueuse et manifestait un sérieux intérêt de rester dans le groupe, l’expérience nous a appris à ne pas prendre ça pour un acquis. Après le Sauna Open Air en Finlande (8 et 9 juin 2013), nous lui avons posé la question et elle a immédiatement dit oui. On a ensuite posé la même question à Troy et il a aussi dit oui. C’était une bonne soirée !

L’arrivée de Floor dans le groupe a été assez précipitée. Comment avez-vous vécu ça dans le groupe, car c’était la première fois que cela vous arrivait.

Effectivement, c’était la première fois et j’espère que c’est la dernière. Quand j’y repense, c’était tellement précipité que j’ai l’impression de me rappeler d’un rêve, tellement c’était précipité, je ne me souviens pas de tous les détails. C’était une situation difficile pour tout le monde. Il fallait trouver une solution pour que le manège continue de tourner. L’une d’entre elles était d’annuler la tournée, mais c’est la dernière chose à faire, car il y a tellement de conséquences qui en découlent, pas juste pour le groupe, mais cela inclut aussi les fans, les promoteurs de concerts, les techniciens, il faut absolument tout faire pour que cela continue de tourner, sinon, c’est le bazar complet. Floor était donc la seule solution qui se présentait à nous. Cela faisait dix ans qu’on la connaissait, on savait qu’elle connaissait déjà la plupart des chansons de Nightwish par cœur, le problème se posait pour les chansons d’Imaginaerum, elle ne connaissait pas très bien les chansons. Elle avait deux heures pour les apprendre. On a seulement eu un soundcheck de deux heures avant son premier concert avec nous à Seattle, mais elle s’est vraiment bien débrouiller. Pour les deux ou trois premiers concerts, elle a devait garder les paroles sous les yeux, du coup c’était drôle à voir sur scène, de la voir chanter en lisant [rires]. Les fans ont très bien réagi par rapport à cela, c’est du live, tout peut arriver !

Tuomas Holopainen Nightwish

Justement, les fans peuvent être très durs quand un nouveau membre arrive, on l’a vu avec Anette sur la tournée Dark Passion Play, certains ont mal réagi.

C’est vrai, pourtant il ne faut pas blâmer les chanteuses dans ce genre de situations, c’est nous qui les emmenons dans cette galère, donc soyez en colère contre nous, pas contre elles ! Je pense que la transition a été plus facile avec Floor, parce que les gens la connaissaient déjà depuis la fin des années 90. On a senti qu’elle était donc bien accueillie. Un exemple concret : lors de la tournée américaine, on a donné la possibilité aux fans de se faire rembourser leurs tickets. Moins de 10 personnes y ont eu recours. Cela veut dire qu’ils avaient du respect pour elle et qu’ils ont apprécié ce qu’ils ont vu et entendu.

Malgré les nombreux changements qui ont eu lieu lors de cette tournée, il semble que les liens dans le groupe se sont renforcés. Est-ce vrai ?

C’est ce qu’on ressent en ce moment. Je me sens revenir quelques années en arrière. Loin de moi l’idée de romancer cela, mais l’ambiance au sein du groupe est très bonne en ce moment. Il nous reste juste à en tirer le meilleur et faire en sorte que cela nous aide à faire un bon album l’année prochaine.

Vous avez déjà tout planifié à ce niveau ?

Oui, je compte passer mode hibernation pour composer quand je serais rentré de cette tournée promotionnelle. Après cela, nous comptons nous réunir au mois de juillet, pour répéter les chansons, les arranger et les enregistrer. Si tout se passe comme prévu, l’album sera fini fin 2014, ce qui signifie qu’il sortira aux environs d’avril 2015.

Il n’y aura donc pas de tournée avant cela ?

Non, on ne fera aucun concert l’année prochaine. C’est comme cela qu’on fonctionne, quand on prépare un album, on ne donne pas de concert. On a vraiment d’être au calme pour être assez concentré, le moindre concert y mettrait fin.

Tuomas Holopainen Nightwish

Pour les sessions d’Imaginaerum, seuls les quatre gars du groupes ont répété ensemble et Anette est arrivée plus tard pour les sessions. Est-ce que ce sera la même chose pour le prochain ?

Non. Nous souhaitons faire un album plus centré sur le groupe, donc tous les 6 membres seront présents pour les répétitions et les arrangements. Ainsi, on pourra apporter un peu de cette ambiance qui régnait au sein de la tournée dans cet album. Je pense qu’on a atteint le maximum concernant l’aspect orchestral, lyrique et théâtral dans Dark Passion Play et Imaginaerum. Donc je pense, du moins en ce moment, qu’on devrait mettre le groupe plus en avant pour le prochain album. Tout cela est sujet à changements, mais je pense qu’il est temps de se concentrer sur l’essentiel pour faire un bon album de metal, sans y inclure de film. On ne se débarrassera jamais de l’orchestre, bien sûr, c’est un élément essentiel dans le son de Nightwish, mais on peut le mettre un peu en arrière pour privilégier les guitares et le groupe.

Peux-tu nous parler des chansons que tu as déjà écrites ?

En fait il y en a quatre. Trois chansons de metal et une "ballade meurtrière". Elles sont assez heavy et accrocheuses, j’ai un bon sentiment à leur propos. Elles sont venues assez spontanément, sans que j’ai trop à réfléchir dessus et elles sonnent bien.

Puisque Troy est aussi devenu membre permanent, cela veut-il dire qu’il y aura plus d’eléments celtiques à l’avenir dans Nightwish ?

De toute évidence, j’écrirai plus de parties qu’il devra jouer et chanter, sinon cela ne servirait à rien de l’engager. Mais c’est quelqu’un de très versatile, il peut jouer de la cornemuse, mais aussi de la flûte, ou du bouzouki et c’est aussi un excellent chanteur, sa voix est très différente de celle de Marco [Hietala, bassiste et chanteur], du coup, cela me donne plus d’options en tant que compositeur. Cependant, on ne compte pas faire un album 100% celtique. Je pense qu’il y aura autant de cornemuse que sur les albums précédents. Mais j’ai tout un tas d’outils entre mes mais et des membres assez versatiles, qui sont de grands musiciens et chanteurs. Mais pour l’instant je ne sais pas comment l’album va sonner.

Est-ce que ça change quelque chose de passer d’un groupe à cinq membres à six ?

Il nous faut un bus plus grand ! [rires] Nous avons fonctionné comme un groupe à six membres pendant toute la tournée Imaginaerum, donc cela ne change pas grand-chose. Le seul vrai changement se fera au niveau des contrats, tout sera divisé en six au lieu de cinq.

As-tu déjà pensé à ce dont tu vas parler dans le prochain album ?

C’est encore trop tôt pour en parler, mais il y a bien un thème que je voudrais aborder qui requerra une chanson épique bien longue, de l’ordre de 20 minutes. Je pense que cela ferait un bon contraste entre cette pièce épique et toutes ces chansons plus old school qu’on compte mettre dans le prochain album.

Tu parlais du film Imaginaerum plus tôt. Que penses-tu du résultat maintenant.

J’en suis très fier. Nous sommes une bande d’amateurs qui avons essayé de faire un film et d’explorer des territoires que nous ne connaissions pas. C’était un travail bien plus difficile qu’on ne le pensait. Commercialement, cela n’a pas très bien marché lors de la sortie En Finlande, c’était nul ! [rires] Je peux comprendre que cela ne soit pas un film facile à apprivoiser, mais je ne toucherais pas à une seule trame du film, j’en suis vraiment satisfait.

Tuomas Holopainen Nightwish

Parle-nous de ton autre projet musical, Scrooge [Picsou].

C’est aussi un rêve que je voulais réaliser depuis longtemps. J’avais déjà l’idée de mettre ce livre en musique depuis 1995. C’est sûrement mon histoire fictionnelle préférée avec Le Seigneur des Anneaux. Je pense que c’est intéressant de faire une bande son pour un livre, c’est comme faire un film alors que cela n’a jamais été un film. L’album s’appellera Music inspired by the life and times of Scrooge. Dix chansons qui illustrent ce que j’entends quand je lis le livre. Musicalement, cela ressemblera à de la musique de film, l’ensemble sera basé sur de l’orchestre, des choeurs, du piano, des claviers, du chant et des percussions ethniques. Cela peut s’apparenter à Enya, Hans Zimmer, Ralph Vaugnan Williams, ou Mike Oldfield. J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire, les enregistrements sont finis, je pense qu’il sortira au début du mois d’avril 2014.

Quels sont tes autres rêves en tant qu’artiste ?

J’en ai des centaines ! Quand j’arrêterai d’en avoir, j’arrêterai la musique. Le prochain album de Nightwish est celui qui m’habite le plus en ce moment, ainsi que la prochaine tournée et le fait de visiter des pays dans lesquels nous n’avons jamais été auparavant. Ecrire un livre en fait partie aussi.

Un grand merci à Fanny Storck pour les photos.

 



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Tarja – What Lies Beneath

Tarja – What Lies Beneath

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...