2013, ou l'année Ghost ? Très certainement. Après un second album Infestissumam largement salué par la critique malgré la barre haute qu'avait mis Opus Eponymous, quelques succès live dont un passage remarqué au Sonisphere ainsi qu'en tête d'affiche improvisée du Hellfest, la bande anonyme en remet une couche avec un EP paru fin novembre chez Universal, intitulé If You Have Ghost, et dans lequel le sextette se fait plaisir en s'offrant quatre reprises à sa sauce ainsi qu'un morceau live.
Après avoir discuté avec un Nameless Ghoul démasqué lors d'un entretien à Paris, il était logique pour La Grosse Radio de causer de cette mini-sortie et de son contenu, histoire de boucler la boucle.
Sur cet EP, Ghost se joue des styles et se permet de faire ce qu'il aime, cela peut paraître osé pour un jeune groupe mais Papa Emeritus II et ses sbires ont tout compris : c'est en pleine confiance et sûrs de leur fait qu'ils nous font naviguer aux travers de leurs influences, déjà perçue sur le bonus du premier disque "Here Comes the Sun" des Beatles (absente ici pour des raisons de droits, dommage d'ailleurs). Aucune frontière de genre, Ghost entame ainsi son offrande par un titre résolument pop rock, une reprise du tube de Rory Erickson "If You Have Ghosts" qui donne, en plus du nom de la sortie, une légère touche d'humour sur le patronyme même du groupe. Après tout, le message est clair : si les fans ont leur Ghost ils seront comblés, même si sur ce titre on touche plus à Coldplay ou U2 qu'à une atmosphère sombre et psychédélique. Histoire de prouver que le groupe n'a de compte à rendre à personne.
Ghost n'oublie pas cependant son univers, le très familier "I'm a Marionette" (présent en bonus de Infestissumam) aurait bel et bien pu se fondre dans n'importe quelle compo du groupe tant la patte des suédois est marquée sur ce morceau plutôt méconnu des légendaires ABBA. Un véritable must, tout comme ce "Waiting for the Night" doom/sludgisant qui vous fait pénétrer un autre monde, un véritable chef d'oeuvre que cette relecture du titre de Depeche Mode, totalement sublimé ici dans une autre dimension. Quant au choix le plus étrange, autrement dit la reprise du "Crucified" des Army of Lovers qui déchaîna les dance floor aux débuts des années 90, il se voit habillé d'un démarrage acoustique qui friserait presque l'hommage à "Hotel California" des Eagles avant de s'énerver un tantinet via quelques guitares incisives et un Papa diabolique sans pour autant atteindre la folie de l'originale. Un véritable tour de force, car cela fonctionne bien, nous désharçonne un premier temps avant de nous convaincre totalement. Quant à la dernière piste, un "Secular Haze" single du second opus parfaitement maîtrisé en live avec un son du tonnerre, elle rappelle que Ghost est aussi une bête de scène qui ne demande qu'à transposer visuellement ses oeuvres afin que le culte soit complet.
Outre son contenu, il est important de souligner que cet EP possède la patte d'un grand nom du rock moderne, puisqu'il a été produit par un certain Dave Grohl qu'il est inutile de présenter (Foo Fighters, ex-Nirvana, guest sur Tenacious D et j'en passe). Ghost n'a visiblement pas eu de mal à le convaincre, l'artiste étant devenu fan au même titre que les James Hetfield ou autres Phil Anselmo, se permettant même de jouer la batterie sur "I'm a Marionette" et "Waiting for the Night" mais aussi la guitare rythmique sur "If You Have Ghosts". Histoire d'alimenter les rumeurs comme quoi il aurait déjà performé au moins un concert avec le groupe. Une valeur ajoutée supplémentaire qui donne une certaine grandeur à un EP au final fort agréable et qui donnerait presque envie d'en entendre plus. Nul doute d'ailleurs que Ghost n'en a pas fini avec l'aventure des reprises, appréciant visiblement cet exercice.
Avec ce cinq titres proposé sans prétention ni but précis, Ghost prend donc une nouvelle fois son public à contre-pied. Et c'est en cela que cette formation a tout d'une future légende, étant là où on ne l'attend jamais. Reste plus désomais qu'à attendre le prochain opus, promis pour 2015, et surtout une tournée qui devrait passer par la France au mois de mars. A suivre...
Note : 4/5