Kévin, guitariste de Yurakane

Yurakane… Ce nom ne vous parle peut-être pas autant que Gojira, pourtant c’est certainement une des relèves les plus prometteuse. Avec un album au compteur pour l’instant, "The Awakening" sorti  fin 2012, Le groupe, qui nous vient de Pau, propose un opus tout en puissance, bourré de riffs fracassants, empli d’une voix influente sur votre violence intérieure et d’un rythme semblable à dix tornades. Un vrai balayage express d’une efficacité redoutable.

Du groove, du thrash, de l’extrême qui fera du bien à votre nuque si vous ne connaissez pas ! Un véritable réveil pour les neurones endormis !

"The Awakening" est un pur bijou sortie de nos terres, d’un groupe qui n’est qu’au début d’un long chemin et qui frappe déjà fort.

Le combo à l’esprit bien décalé et complètement ravagé (mais on aime ça !), a accepté de nous accorder une interview par le biais de Kévin, l’un des deux guitaristes.

Pour commencer, dans quelles circonstances est né Yurakane ?
Et pourquoi le choix de "Yurakane" ?

Tout d'abord, il faut savoir qu'il existe une relation particulière entre les membres de Yurakane et l'alcool sous toutes ses formes. Yurakane est d'ailleurs né un soir de beuverie de 2007 quand je proposai à Lokx (chant), qui venait de quitter son groupe de punk de l'époque, de s'engager dans une aventure un brin plus extrême. 6 ans que ça dure maintenant !

Quant au nom du groupe, de nombreuses légendes circulent à ce sujet. Ma préférée étant celle où, Loic (encore lui) se mit à chanter, nu et ivre : "Ire aye aime, wok you laykeu Yourakaaane !". Foutu rock allemand.

Depuis votre formation en 2007, quatre ans s’étaient écoulés avant que vous sortiez votre premier EP, cette patience était-elle un choix de votre part ?

Alors, en réalité, nous avons sorti une démo au milieu, vers 2009 je crois. Les enregistrements sont d'ailleurs disséminés aux quatre coins du monde, afin qu'aucun être humain n'ait à poser l'oreille sur cette atrocité. Après, tu sais, les changements de line-up ont tendance à ralentir de façon assez déconcertante l'évolution d'un groupe.

Dans la famille Yurakane êtes-vous tous issus d’un même socle musical ou vos influences personnelles sont divergentes ?

Pas divergentes mais relativement variées et tranchées. Lokx (chant) est plutôt hardcore dans l'âme, Roderick (batterie) est orienté prog' 70's et musique électronique hollandaise (et on le hait pour ça), Matthieu (guitare) écoute autant du Emperor que du Bireli Lagrene, Thomas (basse) aime le Stoner et Bernard Minet. Quant à moi, je tire mes racines dans le Thrash de la Bay Area et le glam en lycra.

Parlons un peu de votre premier album "The Awakening", quelle puissance rageuse ! Traduit-il votre état d’esprit au moment de la composition ?

Oui et non. Les paroles (que Lokx a entièrement écrites) traduisent un profond problème d'Oedipe non résolu. On peut donc dire sur cet aspect que le bonhomme vomit sa haine à chaque syllabe. Pour la musique, ce fut plus optimiste, on cherchait surtout l'énergie, le riff qui fasse bouger les têtes.

On à un peu l’impression que ce premier opus est fait pour réveiller les gens, comme un cocon qui ne demande qu’à éclore, cette envie de faire bouger les foules ne serait-elle pas votre essence ?

Tout à fait. C'est effectivement le leitmotiv de notre musique. Dès que le gars tape du pied quand il t'écoute, la moitié du chemin est réalisée. Ensuite, on essaie tout de même d'apporter un plus, des variations d'ambiance, de tempo qui permettent, lorsqu'on écoute l'album une seconde voire une troisième fois, de découvrir de nouvelles choses.

Vous avez l’air de jouer sur l’effet de surprise avec des intros calmes et bien travaillées, avant d’arriver en trombe derrière…

Haha, ça c'est mon côté Thrash 80's. Ecoute Testament ou Kreator, et tu verras que tout est pompé sur eux !

En écoutant bien on peut s’apercevoir qu’une petite goutte de Black Métal vient tout de même s’inviter dans votre condensé… je me trompe ?

Je pense que tu dois faire référence à "Part II : A New Era". Roderick (batterie) a composé ce morceau sur l'album, ainsi que "Marks Of The Past" et d'autres trucs par ci par là. Il a joué auparavant dans deux groupes de black et a même terrorisé de pauvres boulangers en allant headbanguer sur leur lieu de travail, torse nu, corpse paint sur le visage ! Même si on vieillit, le naturel revient vite.

Pour faire la promo de ce premier album, vous avez proposé un trailer pour le moins très original… Peux-tu nous le faire revivre ? Comment vous ai venue cette brillante idée ?

Cela risque d'être étonnant, mais on a trouvé cette idée, un soir, après avoir éclusé un nombre obscène de bières belges. Comme on sait pertinemment que la qualité de la musique n'est finalement pas grand chose dans le succès d'un groupe, on essaye de chercher l'idée, qui va faire se pencher les gens sur nous. C'est donc notre ami Anthony qui nous a filmés, un matin à 9h au marché de Pau, en train de martyriser de pauvres vieux à grands coups de double pédale !

Quelle est votre vision de la composition ? Tout le monde apporte t-il sa petite touche ?

Disons que je compose la musique à 90%. Cela peut permettre de garder une certaine cohérence même si Roderick a apporté sa touche avec grand succès. Une fois les morceaux écrits, chacun apporte son idée, on en discute, on hurle, on en vient aux mains puis on se fait des bisous en se disant qu'on s'aime très fort. La vie de groupe quoi !

Si l’on vous dit que vous faites du "Modern Métal", serais-tu d’accord avec cela ?
Comment décririez-vous ce style ?

On se décrivait auparavant comme du Thrash Core, un mélange de thrash moderne avec une voix hardcore. Je me sens pourtant de plus en plus en accord avec ce terme de Métal Moderne, un style un peu fourre-tout mais qui nous représente bien : un mélange d'influences métal diverses avec une approche et un son moderne.

Vous étiez sur les berges de l’Ay, à Sarras, pour le Rock d’Ay 2013 en compagnie de punish Yourself, NoEin et j’en passe… Comment décris-tu cette expérience ? Ces expériences sont-elles primordiales pour votre évolution ?

C'est peu de le dire. C'est ultra formateur, que ce soit au niveau technique ou au niveau relationnel. Tu ne gères pas 30 personnes au fond d'un bar comme tu gères 250 personnes sur une scène de 30 mètres juste avant Loudblast. Ce type de concert et de rencontres te grandissent, en tant que personne et en tant que musicien.

Vous faites désormais partie de cette nouvelle émergence du métal français, que penses-tu de son évolution depuis quelques années ?

Depuis que l'on commence à faire des concerts, on a croisé des dizaines de groupes d'un niveau et d'une qualité incroyable. Que ce soit les Hypno5e, Weaksaw, Nephalokia, NoEin, Dead Cowboy's Sluts, Thousand Ravens, nos potes de Grorr, Dawn Of Justice, Hanathem et Coredump voire des groupes qui montent comme AsTheyBurn, Magoa, Checkmate, Eryn Non Dae ou TANK, tu te dis que la France a un vivier de talents incroyables qui n'a absolument rien à envier au reste du monde. Alors, il est encore un peu tôt pour dire que l'on fait partie de cette scène émergente, mais ce serait un honneur que d'enfoncer la porte qu'ont ouverte les grands frères de Gojira, Dagoba, Trepalium, Klone, l'Esprit du Clan ou Gorod.

Je suppose que de nouveaux morceaux trottinent dans vos têtes ! Êtes-vous en train de travailler sur un deuxième album ? Dis en nous un peu plus sur votre avenir proche…

Effectivement, on a décidé, pour fin 2014, non pas de sortir un album mais plutôt un EP, toujours en autoproduction, afin de continuer à faire connaître notre nom. Le concept de cet EP sera un hommage aux nanars, ces films mauvais que l'on adore. On pourra notamment y croiser un manège maléfique mangeur d'enfants ainsi qu'une horde de ninjas combattant des extra-terrestres pour la survie de l'espace. Une grande marrade qui nous représente bien en somme ! La musique également évoluera, pour quelque-chose de plus personnel, s'éloignant de nos influences "Lamb Of Godiennes", tout en gardant cette énergie qui nous est chère.

Pour terminer… Avez-vous définitivement enrayé la malédiction des bassistes ?

Je pense que cela nous poursuivra hélas toute notre vie. Saviez-vous d'ailleurs, que juste avant son accident mortel, Cliff Burton voulait quitter Metallica pour rejoindre Yurakane? La malédiction j'vous dis !

Merci à eux d’avoir répondu à nos questions ! En attendant la suite, je ne peux que vous conseiller de manger du Yurakane car c’est de la pure qualité !

Pour reprendre une claque ou découvrir leur univers c'est par ici ---> http://yurakane.bandcamp.com/

 



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