Kollektif AK 47, c’est le come back de Bernie Bonvoisin et de Vivi Brusco, membres fondateurs de Trust. Accompagnés d’Iso Diop à la guitare, de Farid Medjane toujours derrière ses futs et de Patrick à la basse. Eux aussi avaient joué au sein de la formation à des périodes différentes.
C’est donc avec la MJC de Bois d’Arcy qu’ils clôturent une tournée de 11 dates des clubs. Ce soir pas de première partie.
Bernie arrive sur scène comme un touriste s’apprêtant à faire une partie de pêche à la mouche. Il a pris de l’embonpoint. Bob sur la tête, lunette de soleil de circonstance, chemise à manches courtes à carreau, baskets délacées. Une blague fuse parmi les spectateurs « Hé Bernie tu as un carreau de cassé sur ta chemise ! ». Il commence à expliquer aux premiers rangs qu’il ne faut pas s’appuyer sur les retours et qu’ils doivent éteindre leur téléphone pour éviter les larsens.
Après cette mise au point, le show peut commencer avec « Comme un Damné », donnant le tempo à une soirée qui revisitera des titres moins connus du répertoire de Trust alternant morceaux moins connus et ambiances bluesy grâce à la guitare de Vivi. Au pied de Bernie le cahier grand ouvert lui permet de suivre les paroles des titres qu’il interprète ce soir. S’ensuivent un « Au nom de la Race » mid-tempo et un « Mongolo's Land ».
Dans le public quelqu’un demande déjà « Par compromission » un autre « L’Elite » mais qui ne seront pas joués. Chacun a sa setlist (« Idéal(e) »), mais Bernie en a une autre. Il s’en explique « Ce soir on jouera des titres moins souvent joués, des titres plus rares et même une inédite… ». Un petit malin n’hésite pas à demander « Jennifer »… Bernie n’a rien perdu de sa voix, elle est toujours aussi puissante, « in your face ». Même quand il intervient entre deux titres il sait la placer, elle en impose et avec son répondant légendaire il sait répondre aux blagues qui fusent dans la salle.
De toute façon, il fait ce qu’il veut. Bernie ne veut pas tomber dans la facilité et jouer ce que son public est venu entendre. Il a pourtant tort car l’ambiance pourrait être meilleure. Certes il est intéressant d’écouter des titres moins souvent joués comme « Fais Où On Te Dit De Faire » ou « Tout cela était-il prévu ? » mais cela ne donne pas envie à la salle de bouger et de participer en chantant les paroles. Le public n’est pas très expressif. Pourtant les « Die hard » des premières heures, quinquagénaires tranquilles en train de prendre des bières entre copains, sont là avec des souvenirs plein la tête!
Après plusieurs blagues dans le public par rapport à « son look », Bernie répond : « je sais que mon bob et mes lunettes, ça fait chier du Monde, mais je suis fragile des yeux » expliquant le problème qu’il a sur scène par rapport aux éclairages. S’ensuit un blues assez rare lancé par un Vivi à l’aise avec « Tout cela était-il prévu ? », l’un des nombreux titres extraits d’Europe et Haines ce soir.
« Le Temps Efface Tout » nous fait rentrer à nouveau dans un petit passage à vide, tout comme « La Mort rôde » qui calme les ardeurs de certains donnant une plage calme au concert. Dommage car cela casse le rythme.
Dans le public, un habitant du coin cri « Ici ce n’est pas Nanterre (en référence aux origines de Trust), c’est Bois d’Arcy… et on n’a pas peur de la Police ». Un clin d’œil à un titre qu’il aimerait entendre ? L’ambiance est décontractée comme lorsque Bernie propose à Vivi de tirer à Pile ou Face pour savoir qui va faire « Tchhhh Tchhh » pour le début d’un titre (peut-être « Chaude Est La Foule »), ce qui le fait rire le chanteur car à chaque fois Vivi postillonne sur sa « belle » chemisette. On sent une vrai bonne entente au sein du groupe.
Bernie aime discuter et provoquer bien sûr en disant que le public en province est plus expressif et que ce soir en banlieue parisienne les gens sont blasés. Peut-être Bernie mais si tu mettais sur ta setlist des morceaux que le public attend comme ceux des premières heures de Trust... Où sont les « l’Elite », « le Mitard », « Ton denier Acte », « Bosser Huit heures », « Police-Milice », « Darquier » ou « Marche ou Crêve » ?
En revanche il faut reconnaître que l’inédite « Dieu dans vos Bouches » est bien ficelée, une chanson qui fonctionne bien avec une rythmique béton de Farid et la voix bien grave et vindicative de Bernie. A peine entendue elle reste bien ancrée dans la tête pour un moment et peut faire partie des classiques.
Avant le dernier titre qui n’est autre qu’ « Antisocial », un habitant de Bois d’Arcy interpelle Bernie en lui disant que son public ne bouge pas : « Ils ont l’air endormi ». La réponse est simple, il suffit de voir comment le public réagit au quart de tour dès les premières notes du titre. Pour le faire bouger c’est simple quinqua ou pas, il lui faut des titres qui fonctionnent, qui lui rappelle sa jeunesse ou des titres qui ont du répondant, pas ceux des derniers albums.
Bref, d’un côté Bernie est un peu surpris de voir une certaine léthargie dans la salle mais de l’autre les titres proposés ce soir sont un peu trop obscurs pour certains. Mais comme il ne fait pas comme tout le Monde et ne fera jamais ce que ses fans sont en mesure d’attendre, on devra s’en contenter et ce malgré une voix qui n’a pas vieilli. Dommage !
Lionel / Born 666
Setlist
Comme un Damné
Au nom de la race
Mongolo's Land
Fais Où On Te Dit De Faire
Préfabriqués
Tout cela était-il prévu ?
Chacun Sa Haine
Le Temps Efface Tout
La Mort rôde
Certitude... Solitude...
Promesse Osée
Chaude Est La Foule
Dieu dans vos Bouches
Rappel
Surveille ton look
On Lèche, On Lâche, On Lynche
Antisocial
Photo : Lionel / Born 666 / © 2013
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