Chasse royale presque bredouille
Royal Hunt, groupe danois qui a réintégré son chanteur fétiche, DC Cooper, il y a deux ans, sort en 2013 le second album sous cette formation, intitulé A Life to Die for. Si son prédécesseur se révélait plaisant malgré son côté fan-service indéniable, celui-ci se trouve malheureusement un peu en deçà. La patte d’Andre Andersen est toujours présente, mais certaines compos, gonflées à bloc d’arrangements grandiloquents, perdent en puissance.
Il est difficile d’établir la différence entre un bon et un mauvais chasseur : "Y voit un truc, y tire !". De la même manière, il n’est point aisé d’établir la différence entre un bon album de Royal Hunt et un mauvais : dans tous les cas, on a des mélodies entre le metal et la pop, des claviers à tous les étages, des chœurs en veux-tu, en voilà et des envolées vocales à en faire pâlir Mme Castafiore.
André Andersen, claviériste et leader du groupe de metal mélodique, ne déroge pas à la règle avec son nouvel album, A Life to Die For. Dans la grande tradition du groupe, on retrouve des refrains bien FM, notamment sur "Running out of Tears" et "Sign of Yesterday", des mélodies accrocheuses sur "Hell Comes down from Heaven" et un synthétiseur bien mis en avant, qui porte la plupart des chansons.
Malheureusement, si le compositeur utilise toujours la même recette qui a fait le succès de Paradox (1997), on remarque que ce chargement d’arrangements grandiloquents nuit à la puissance des compos. On le remarque notamment sur le titre d’ouverture, "Hell Comes down from Heaven", bien trop long pour ce qu’il a à apporter, de même pour le titre final, "A Life to Die for", plus fort mais un peu lourd.
Globalement, ce sont les titres plus tragiques qui se retrouvent mis à mal, à l’image d’"A Bullet’s Tale" trop plat malgré quelques idées intéressantes. Heureusement, Andre Andersen a su équilibrer le tout avec des titres enjoués plus intéressants. Le plus sucré de l’album est "Sign of Yesterday", avec un aspect Disney plus fort que dans n’importe quel album de Nightwish, ou "Running out of Tears" et son refrain pop qui peut faire figure de plaisir coupable chez le plus implacable des metalleux.
Côté interprétation, le chanteur virtuose D.C. Cooper met ici l’accent sur l’aspect dramatique, à tel point que cela en devient exagéré sur le pont d’"A Life to Die for". Si le chanteur s’illustre dans des graves impeccables, on ne peut pas en dire autant des aigus, qui se retrouvent défigurés par auto-tune sur "Won’t Trust, Won’t Fear, Won’t Beg". L’approche de la cinquantaine serait-elle dommageable au chanteur ?
Côté musiciens, Andersen se taille la part du lion et est omniprésent sur l’album. Assurant la plupart des leads et tenant aussi les arrangements, il laisse peu de place au guitariste Jonas Larsen, grand perdant de cet album, qui arrive tout de même à s’exprimer lors de ses solos, bien réussis sur "A Bullet’s Tale" ou "Won’t Trust, Won’t Fear, Won’t Beg", lorsque son instrument n’est pas relayé au rang de simple ornement de chanson. Côté rythmique, Allan Sørensen et Andreas Passmark, respectivement à la batterie et la basse, marchent main dans la main et assurent une ossature discrète, mais solide aux compos.
Si les ingrédients propres à Royal Hunt sont toujours là, cet album touche moins que les précédents, malgré la présence de D.C. Cooper. Trop rapide, pas assez inspiré ? "A Life to Die for", sans être raté, marque peu, montre des compos quelques peu ramollies que la production sauve du naufrage. Sans être désagréable, cet album ne s’élève pas au firmament comme Paradox et ne réjouit pas autant que Show Me how to Live, qui célébrait les retrouvailles du groupe avec son fameux chanteur.