Franky et Z de Dagoba, avant le festival Bring the Noise


Après avoir sillonné les routes américaines avec le groupe japonais Dir En Grey, Dagoba, qui était parti défendre son album Post Mortem Nihil Est, revient à Paris à l'occasion du festival Bring The Noise par Ouï FM.

A cette occasion, Franky et Z, respectivement batteur et guitariste du groupe, reviennent leur expérience vécue outre-atlantique...

Vous êtes l'un des rares groupes français a avoir eu la chance de tournée aux États-Unis. Comment cette opportunité s'est présentée à vous ?

Z : En fait, on a signé avec AGI Booking aux Etats-Unis, un tourneur, qui s'occupe aussi de groupes comme Metallica, Rammstein, Linkin Park, Dagoba, Dir En Grey etc., et ils nous ont proposé de faire la tournée de Dir En Grey aux Etats-Unis.

Vous avez fait une dizaine de dates aux États-Unis en première partie de Dir En Grey. Comment cela s'est-il passé avec le groupe japonais ?

Franky : Très, très bien. C'est un groupe très sympathique. Les membre du groupe ont écouté avec attention notre musique, on discutait avec eux tous les soirs, c'est un groupe très accessible. Et sur scène super show, très théatrale, le chanteur est très charismatique.

J'ai découvert la culture japonaise avec ce groupe là et ça m'a beaucoup plue. J'étais très content de les rencontrer et ça s'est très bien passé avec eux, avec leur équipe technique, vraiment, ils nous ont laissé le moyen de nous exprimer comme on voulait. Il n'y avait que deux groupes chaque soir donc c'était très bien, au niveau du timing, très bien au niveau de la cohésion des deux styles sur scène.

Quel a été l'accueil du public américain face à Dagoba ?

Franky : Je trouve que c'était une belle affiche Dagoba et Dir En Grey, le public américain s'est vraiment bien régalé, les fans de Dir En Grey sont vraiment incroyables. Une centaine de personnes ont suivi la tournée du Texas à Los Angeles et étaient là tous les jours de la tournée, certains... certaines fans j'veux dire, parce que le public était à 90% feminin, venaient du Japon ou de Hong Kong et prenaient l'avion tous les jours.

A la fin de la tournée, elles sont devenues fans de Dagoba, parce qu'elles se sont prises une quinzaine de concerts de dagoba dans la tête. On avait sympathisé avec eux, avec elles et voilà quoi c'était une très, très belle aventure.

Honnêtement on ne pensait pas avoir un accueil pareil.

Z : Le fait que ce soit des filles, c'était une grosse surprise quoi. Et les fans nous disaient aussi que c'était la première fois que la communauté Dir En Grey accepte un groupe de première partie, en fait, d'habitude ça se passe toujours mal, le groupe est un peu rejeté quoi et là on était vraiment une exception. L'accueil était vraiment fantastique.

La plupart des live reports américains que j'ai lu ont été relativement positifs, disaient que vous aviez la pêche sur scène, que vous étiez proche du public. Des commentaires de fans de Dir En Grey disent aussi que vous avez été une belle découverte, une belle première partie. Qu'en dites-vous ? Comment l'avez vous vécu de la scène ?

Franky : Je pense que c'est réellement ce qui s'est passé on a séduit un nouveau public qui n'était pas forcément acquis et des nouvelles personnes qui n'avaient jamais entendu parlé de Dagoba avant et qui dès le soir même s'ajoutaient à nos fans Facebook.

90% de nos derniers fans sont des asiatiques fans de Dir En grey donc je pense qu'on a énormément marqué de points et je pense que les fans de Dir En Grey nous ont vraiment appréciés, très sincèrement.

Quel a été, pour vous, le moment le plus marquant de cette tournée ?

Franky : Moi je dirais peut-être la date à New York. Il y a plusieurs dates en fait qui resteront clé pour moi : la date à New York parce que le tourneur AGI en question était là, il y avait des labels  présents comme Monte Conner de Roadrunner Records donc on s'était mis une bonne pression pour assurer. Je pense que c'était l'un des meilleurs concerts.

Ensuite la toute première à Dallas parce que c'était notre première de notre tournée américaine et le premier concert de la tournée. Et enfin,  la dernière à Los Angeles, très festive, pleine d'émotion, c'était un peu la date des au-revoirs. Ces trois là je les garderai en tête mais toutes les autres étaient géniales aussi.

 

Quel a été votre plus grosse frayeur ? J'ai entendu dire que vous aviez frôlé une catastrophe avec un gang... Comment vous en êtes-vous sorti ?

Franky : En fait ce qu'il faut savoir c'est que c'est une tournée qui a coûté très cher donc on a essayé d'économiser en choisissant des hotels pas cher; et un soir, dans la ville d'Odessa, Texas, on est arrivé dans un hotel plein de prostitués et de vendeurs de drogue.

Z : En fait c'était le territoire d'un gang. Ils nous ont fait comprendre qu'il fallait qu'on parte. C'était à l'américaine donc c'était assez impressionnant.

Franky : On se sentait menacé donc on n'a pas réfléchi longtemps. C'était vraiment avec le flingue dans le dos, donc on a tout simplement changé d'hotel, on se sentait vraiment pas en sécurité.
Au bout d'un moment faut pas jouer avec le feu on était pas chez nous, on a pas fait les gros bras, on est parti. Tout de suite après on a croisé un policier qui nous a dit « Cet hotel est très dangereux, partez-vite ».

Z: Puis en fait on lui a demandé de venir nous aider à récuperer nos affaires et il n'a pas voulu. Il nous a dit que s'il venait ça s'envenimerait, c'était trop risqué, on était dans une zone de non droit. Mais ça s'est bien terminé finalement.

Franky : En tout cas on s'en rappellera.

Votre dernier album Post Mortem Nihil Est est sorti ici fin mai 2013 et aux États-Unis le 5 novembre. L'album a été très bien reçu en France mais qu'en est-il de l'autre côté de l'atlantique ? Avez-vous eu des échos ?

Z : L'album vient de sortir là-bas et on vient d'atteindre la 3e place des charts radio. Quand on était à New York, on sait que l'album était en rupture de stock dans tout Manhattan, donc ça se passe plutôt pas mal pour le moment.

Franky : On est en train de découvrir les premiers retours, on en a encore très peu mais on a déjà quelques chroniques qui, en majorité, sont en notre faveur et on est dans les têtes de classements, de charts dont je ne connais pas les intitulés.

Les labels sont contents, les distributeurs aussi donc je touche du bois.

Je vous ai suivi depuis le quasi début de Dagoba, à l'époque je me rappelle que vous disiez avoir à peine de quoi remplir votre frigo. Avec le succès actuel et grandissant de Dagoba, arrivez-vous enfin à vivre de votre musique ?

Franky : Pour être honnête on va dire qu'on arrive à survivre de notre musique, on est à quelques choses près SMICard. C'est déjà génial de pouvoir vivre sa vie de la musique avec ça, ce n'est pas énorme mais c'est un privilège d'avoir assez pour vivre et pouvoir consacrer tout son temps à la musique.

Z : Après on essaie chacun de se débrouiller un peu. On a chacun une activité lié à la musique aussi à côté qui nous permettent de respirer un peu plus mais c'est vrai que c'est un sacré parti de vouloir gagner sa vie grâce à la musique.

Franky : Surtout quand on fait du métal. Mais on ne démord pas, on fait ce qu'il fait pour gravir les échelons.

Z tu as rejoint le groupe il y a plus d'un an maintenant. Comment s'est passé ton intégration au sein du groupe ?

Z : Elle s'est super bien passée parce que je suis un amis d'enfance du groupe. Franky, je le connais depuis des années, Shawter pareil, depuis quinze ans, donc mon intégration au sein du groupe était parfaite. Aucune pression parce que je partais déjà en tournée avec eux avant, donc ce n'est que du bonus.

 

As-tu eu des difficultés à passer d'un groupe de rock/stoner avec The Coyotes Dessert à un groupe de métal comme Dagoba ?

Z : C'est vrai que The Coyotes Desserte c'est différent mais avant ça, je faisais du métal plus enervé on va dire, donc j'ai déjà une bonne base métal. Après, c'est tout simplement beaucoup de travail.

Pour Dagoba en fait, je me suis enfermé chez moi pendant pratiquement un an pour me mettre à niveau parce que bon le groupe avait déjà un certain niveau, j'ai bossé, et pas de mystère : le travail ça paye.

Quels sont vos projets futurs ? Un album est-il prévu ?

Franky : Pas pour l'instant, je t'avoue qu'on attend avec impatience une nouvelle proposition de tournée américaine. Je pense que ce serait bien pour 2014 de faire encore deux tournées de trois semaines, pour avancer là-bas, si possible avec des gros groupes de la scène internationale.

Comme qui ?

Franky : Il y a des tonnes de groupes qui nous plairaient, dans notre style musicale. Pour faire une belle affiche je dirais des groupes comme Machine Head, Children of Bodom, Lamb Of God. Après bien sûr des groupes encore plus gros comme Metallica personne ne dirait non (rires). Voilà.


Hormis le Hellfest 2014, avez-vous d'autres festivals en France ou en Europe de prévu ?

Franky : Oui, il va y en avoir d'autres mais pour l'instant on nous a demandé de garder le secret. 

Et pour finir, si vous aviez, chacun, la possibilité de choisir une question à laquelle vous auriez aimé répondre, qu'elle serait-elle ? Et quelle serait la réponse ?

Franky : La question qui me fait plaisir d'entendre c'est : « est-ce que mes parents m'ont soutenu dans la musique et que pensent-ils de ton parcours musical ? »

C'est une question que j'aime bien et j'aime bien y répondre parce que je suis content que mes parents m'aient soutenu depuis le début m'aient encouragé à poursuivre mes rêves, me donner les moyens pour continuer jusqu'au bout même s'ils n'étaient pas forcément fan de la musique.
Tout ce qui étaient cheveux longs, tatouages, piercings, grosse musique ça ne leur a jamais fait peur, ils ont toujours vu ça comme un folklore.

C'est super important dans le parcours d'un groupe amateur de se sentir aider par sa famille, ses amis, pour pouvoir continuer parce que je vois souvent en France des groupes qui arrêtent en plein essor en disant « Bon, je vais garder mon petit boulot pepère » ou « J'vais continuer mes études pour faire plaisir » parce qu'ils ne sont pas soutenus, encouragés par leurs proches.

C'est important d'entendre des discours comme «Vas-y fonce ! On connaît la prise de risque même si ça ne marche pas, on sera là, on t'aidera ! Tu peux réaliser tes projets.». C'est ce qui manque à certains groupes français. J'ai vu pleins de potes abandonner leur groupe et le métal alors qu'ils avaient un potentiel incroyable parce qu'ils n'étaient pas soutenus. JE suis sûr qu'ils auraient pu réussi et faire de grandes choses dans le milieu de la musique. Voilà on en parle pas souvent mais c'est super important.

Et toi, Z ?

Z: Moi ce serait : « qui m'a donné envie de faire de la musique ? »

Et c'est mon père et mon oncle musicien qui m'ont donné envie d'en faire. C'est une question qui me permet d'une certaine façon de leur rendre hommage.

J'ai été bercé par les vinyles de mon père : Motorhead, Iron Maiden, Black Sabbath et mon oncle qui est guitariste m'a appris mes premières notes à la guitare. Si ils n'avaient pas eu cette culture métal avant moi je suis pas sûr que je serais là maintenant.
 


 

 



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