Execution à la Maroquinerie
Dans le cadre de sa tournée européenne hivernale, Death Angel est passé à Paris pour donner une date unique en tête d’affiche en France, à la Maroquinerie. Un concert de thrash metal old school frénétique et destructeur. Pour les accompagner étaient présents les allemands de Dew-Scented, ainsi que les italiens de Extrema et Adimiron, pour offrir un plateau thrash bien fourni.
Adimiron
La soirée commence avec un jeune groupe romain un peu en décalage par rapport au reste de l’affiche. En effet, les membres d’Adimiron se placent plus dans le registre moderne et progressif, alors que Death Angel est plus à ranger dans la catégorie thrash metal pur et dur. Si le groupe n'est pas avare en rythmiques rapides et en riffs agressifs, il souffre d'un décalage stylistique avec le reste de l'affiche.
Cela se ressent bien dans la réaction du public, immobile et silencieux, malgré les invectives du frontman Andrea Spinelli, qui a parfois du mal à se faire comprendre à cause de son fort accent italien. De plus, à cause du fait qu'ils jouent plus tôt que l'horaire indiqué sur les billets, les musiciens se retrouvent devant un public très clairsemé.
Néanmoins, les membres d'Adimiron défendent leur musique jusqu'au bout et ne cachent pas leur enthousiasme d'être présents sur une telle affiche. Reste maintenant à voir ce que leur prestation donnera au sein d'un plateau plus adapté à la musique qu'ils pratiquent.
Extrema
La soirée se poursuit avec un autre groupe italien, cette fois plus ancien : Extrema. Formé en 1986, ce quatuor pratique un metal plus proche du cross-over thrash, avec donc des influences hardcore plus présentes. Entrainantes comme pas permises, les chansons désinhibent le public, qui sautille gentiment lors du set du groupe.
Il faut dire que les Milanais ont la rage au ventre, à commencer par le frontman GL Perotti, qui vocifère ses paroles revendicatrices avec émotions, et parfois même avec antisèches. Les musiciens ne sont pas en reste, notamment le guitariste Tommy Massara, qui massacre son instrument avec des riffs saccadés et quelques solos bien placés.
Plus à l’aise sur scène et plus proche du public, Extrema se montre bien plus acclamé par l’assistance. Avec sa musique entraînante et directe, les Italiens ont probablement réussi à gagner l’attention de quelques curieux avec leur prestation plus qu’honnête.
Setlist :
Between the Lines
Deep Infection
Selfishness
Again and Again
Pyre of Fire
The Distance/Walk [reprise de Pantera]
The Politics
From The 80's
Dew-Scented
Changement de plateau et aussi changement de nationalité pour le groupe qui monte maintenant sur scène : place aux Allemands de Dew-Scented. Adeptes d’un thrash plus moderne et plus bourrin que le reste de l’affiche, les cinq brutes peuvent remettre le couvert après une prestation remarquée en mars en ouverture de Testament.
Et c’est encore du thrash de haute volée qu’offre le groupe à son public, notamment avec les trois titres issus de l’album Icarus, le dernier en date, avec notamment "Thrown to the Lions", sur lesquels se forment quelques pits bien sentis. Les albums Impact et Issue VI sont aussi représentés, avec les accrocheurs "Acts of Rage" ou encore "Never to Return".
Côté musiciens, ce beau petit monde est bien impliqué, notamment le soliste Martin Vriesde, tout en restant carré, comme son homologue rythmoque Rory Hansen. Malgré le peu de place qui leur est alloué sur scène, les musiciens arrivent à être mobiles et à bien remplir leur rôle de headbangueurs en chefs, avec un Leif Jensen au chant qui mène tout ce beau petit monde à la baguette.
Il s’agit donc d’une nouvelle réussite pour Dew-Scented, qui arrive une fois de plus à offrir un show solide et à ramener du monde à lui en ouvrant pour une légende du thrash. Il ne reste plus aux Allemands qu’à s’illustrer lors d’une éventuelle venue en tant que tête d’affiche.
Setlist :
Sworn to Obey
Turn to Ash
Soul Poison
Cities of the Dead
Never to Return
Storm Within
Thrown to the Lions
Acts of Rage
DEATH ANGEL
C’est maintenant aux tant attendus thrashers de la bay area de faire leur entrée sur scène, cinq ans après leur dernière date en tête d’affiche en France. Fort d’un nouveau line-up depuis, qui avait déjà fait ses preuves au Thrashfest en 2010 et au Hellfest en 2012, le groupe se prépare à thrasher dans son froc pendant une heure et demie, pour un public fourni et conquis d’avance.
Fier de sa nouvelle production, le groupe met bien en avant l’album The Dream Calls For Blood, en lui consacrant quasiment la moitié du set avec pas moins de sept titres, dont les sulfureux "Left for Dead" et "Son of the Morning" en ouverture, ou l’épique Execution/Don’t Save me.
Désireux de satisfaire le plus grand nombre, les thrasheurs n’oublient aucun album de leur discographie, dont le méconnu Frolic Through the Park, représenté par "Bored", allongé par un large extrait de "Heaven and Hell", classique de Black Sabbath. On retrouve aussi "Relentless Revolution" de l’avant-dernier album, ainsi que l’énergique "Sonic Beatdown" de Killing Season. Les fans old schools sont aussi comblés avec le classique "Seemingly Endless Time" ou encore "Evil Priest".
Avec un set aussi alléchant et exigeant en énergie, le groupe se doit d’être au diapason. C’est le cas pour chacun des membres qui se donne à fond, à commencer par le chanteur Mark Osgueda, en pleine forme vocale et très proche du public, en multipliant remerciements et discours enjoués. Côté musiciens, c’est aussi la foire, avec le bassiste Damien Sisson qui parcourt la scène de long en large, Ted Aguilar et Rob Cavestany qui s’échangent leur place tout en assurant riffs acérés et solos démentiels, pendant que Will Carr détruit ses toms avec une énergie dévastatrice.
Devant un tel spectacle, le public s’en donne à cœur joie, chante les refrains en chœur et lutte à grand coups de headbangs et de slams sans jamais fatiguer pendant ce concert de thrash metal pur et dur. On notera que l’assistance sait passer d’une ambiance destructrice avec "Mistress of Pain" à une ambiance de recueillement avec la reprise de "Heaven and Hell". La ferveur est sans bornes pour le public parisien, qui extériorise sa joie par tous les moyens.
Véritable valeur sure en live, Death Angel n’a pas failli à sa réputation en offrant un concert de thrash metal pur et dur sans aucune concession. De l’énergie, de la joie de vivre et de voir à nouveau ses fans, c’est ce que les Californiens continuent d’offrir à leur public, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils jouent. Un concert mémorable qui ne donne pas envie d’attendre longtemps avant leur prochaine venue.
Setlist :
Left for Dead
Son of the Morning
Mistress of Pain
Fallen
Relentless Revolution
Claws in So Deep
The Dream Calls for Blood
Seemingly Endless Time
Succubus
Execution/Don't Save Me
Thicker Than Blood
Sonic Beatdown
Caster of Shame
Rappel :
Evil Priest
Bored / Heaven And Hell [reprise de Black Sabbath]
Thrown To The Wolves / The Ultra-Violence
Photos : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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