Corvus Corax – Gimlie


Corax fait parti des groupes a l'imposante discographie, à la carrière bien remplie et que certains découvrent encore.

Il est vrai que leur style de prédilection, c'est à dire du néo folk aux influences rock, ne leur permet pas de s'intégrer facilement dans un rayon chez le disquaire.

D'ailleurs, nous chroniquons leur dernier opus sur La Grosse Radio Métal essentiellement parce que nous ne disposons pas d'une Grosse Radio Corbeaux.

Avouons cependant qu'il existe de nombreux amateurs de musiques velues qui aimeraient gambader en pagnes et en cuir, armés de grosses haches en hurlant à tue-tête les paroles cultes de Conan comme le célèbre:

- Conan, qu'y a-t-il de mieux dans la vie ?
- Ecraser ses ennemis, les voir mourir devant soi, et entendre les lamentations de leurs femmes
!

Oui, dans l'âme de nombreux metalleux, il y a un barbare qui sommeille...

Cette petite introduction a pour but de mettre en lumière un fait qui ne semble pas évident pour tout le monde : nul besoin de guitare électrique distordue pour obtenir un son metal ! Et oui, la puissance peut venir des tréfonds des âges sombres.

Je sais que cette affirmation est osée. Avec Corvus Corax, nous ne sommes pas devant un groupe de folk metal, qui entre deux riffs rageurs, chante en chœur un hommage à leurs ancêtres (vikings,  celtes ou même pirates, selon les groupes).

Non, nous sommes bien confronté à un groupe totalement constitué de poils, de peaux et de fourrures, avec des instruments en bois. Tout au plus ont-ils daigné accepter d'utiliser des micros pour enregistrer "Gimlie".

Il est vrai qu'à l'écoute de l'album, on se surprend à se demander comment ils ont fait pour que ces sonorités très artisanales sortent de la "machine à musique" qu'utilisent les gens normaux au XXIè siècl !

Amateurs de gros metal qui tâche ou d'envolées lyriques et de soli d'un quart d'heure, passez votre chemin. Je le dis et le répète, ici il n'y a pas la moindre trace de guitare électrique ni même du concept de l'électricité.

Tout se fait à la main, à l'ancienne.

Cornemuse, biniou, bombarde, flûte : tout est artisanal, je vous le dis.
 

(Corvus Corax au Cernunnos Fest 2013 pour une rare date en France)

Musicalement, l'album comprend tous les classiques du genre : chansons à boire, chansons aux consonances purement médiévales, chanson d'inspiration celtique (oui, ce sont ouvent les mêmes que les chansons à boire...) et même chant scandinave.

N'espérez pas comprendre les paroles, mêmes les titres en allemands ont des textes tantôt en gaélique tantôt en dialecte scandinave. Notez que le groupe semble porter à cœur une certaine authenticité, car il a fait appel à de très nombreux musiciens invités, dont Jennifer Evan Vand Der Harten, la harpiste d'Omnia pour ne citer que la plus connue, et même à des spécialistes universitaires de langues anciennes pour respecter une prononciation historique !

Il est vrai qu'entre les textes en latin, en gaélique, en islandais, en vieil anglois, on a l'impression d'assister à une conférence sur l'histoire de la musique à travers l'Europe.

Qui dit origine géographique différente, dit également sonorités différente, ce qui a permis à Corvus Corvax d'obtenir un album varié et riche en échappant ainsi au piège de ce type de musique, à savoir un air de cornemuse qui se répète à l'infini.

Pendant qu'on parle d'authenticité, profitons-en pour préciser que le titre de l'album, Gimlie, n'a rien à voir avec un certain guerrier nain qui se promène avec ses compagnons à travers la Terre du Milieu. Il s'agit ici d'un lieu de la mythologie nordique où se rendraient les survivants du Ragnarök.

En plus de ces titres historiques, un petit détail qui ne manquera pas d'échapper aux fans est la présence en bonus de deux versions de Twilight of The Thunder God d'Amon Amarth, joué sur des instruments anciens. J'avoue que si je préfère grandement la version originale, l'adaptation a le mérite d'être inhabituelle et intéressante.

Pour un fan de metal (pagan/folk/celtic...), c'est exactement ce qu'est cet album : inhabituel et intéressant. Si vous voulez vous reposer les oreilles entre deux titres de Falkenbach, Amon Amarth, Moonsorrow ou Korpiklaani, c'est exactement ce qu'il vous faut...

« Gimlie» - sorti le 15 novembre 2013 chez Behßmokum Records.

Tracklist (55 min):
01. Die Seherin (Intro)
02. Gimlie
03. Unicornis
04. Der Schrei
05. Königinnen Werden Ihr Neiden
06. Derdriu
07. Grendel
08. Beowulf Is Min Nama
09. Sigeleasne Sang
10. Intro Crenaid Brain
11. Crenaid Brain
12. Twilight Of The Thunder God
13. Krummavísur
14. Twilight Of The Thunder God (Hymnus Version)


Thomas Orlanth
 

Photos : © 2013 Thomas Orlanth  - site internet: www.thomasorlanth.com
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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