Jon Schaffer, leader du groupe Iced Earth

Jon Schaffer brise la glace

Avant que la peste ne se répande sur Babylone, Jon Schaffer, guitariste et leader d’Iced Earth, a accordé une interview à La Grosse Radio à propos du 11e album du groupe. Il y évoque le processus créatif, l’importance du chanteur Stu Block, qui signe ici son deuxième album avec le groupe, ainsi que ses influences récentes.

Bonjour Jon et merci de nous accorder cette interview. Tout d'abord, d’où vient le titre de ton prochain album, Plagues of Babylon ?

Les six premières chansons font partie d’une même histoire. Stu Bliock [chant] s’intéresse beaucoup aux zombies, donc j’ai intégré l’apocalypse des zombies dans l’univers de Something Wicked. C’est une histoire assez profonde, il n’y a pas que des trucs de zombies. Pour ce qui est du titre, si tu représentes la nouvelle Babylone par l’empire anglo-saxon, la peste ["plague" en anglais] est ce qu’ils essaient de répandre pour tuer les gens, mais cela se retourne contre eux car les morts reviennent à la vie. C’est l’histoire d’un groupe de résistants qui se rendent compte que leur gouvernement est contrôlé par des aliens. Il y a des aliens aussi, c’est vraiment complexe ! [rires] Le concept de Something Wicked remonte bien avant ce disque et on y fait allusion sur plusieurs de nos albums, pour l’intégrer à certaines époques de notre histoire, ou bien en faire une histoire d’horreur et de science-fiction, comme c’est le cas sur Plagues of Babylon.

Qu’en est-il de l’autre moitié du disque ?

Ce  sont des chansons indépendantes, elles n’ont pas de lien entre elles. Il y a "If I Could See you" que j’ai écrite pour mon grand-père, qui est décédé en 1994, mais c’est une partie très importante de ma vie, au cours de laquelle il m’a guidé. Quand un de mes amis est décédé dans un accident de moto, mon grand-père a vu que je prenais un chemin chaotique et m’a dit "il faut que tu sortes et que tu suives tes rêves", quand j’avais 16 ans. J’ai quitté mon domicile et commencé ce groupe, sans jamais revenir. Donc c’est un sujet très important pour moi, cela faisait des années que je voulais écrire quelque chose dessus et j’y suis arrivé. Parfois, ça prend du temps. Il y a aussi une chanson qui s’appelle "Peacemaker", assez différente pour Iced Earth, car je lui trouve un petit feeling hard rock, un côté Thin Lizzy. C’est du cowboy metal, avec ce côté far west… Ça vient peut-être du fait que je traine tout le temps avec Michael Poulsen ! [rires] Il y a aussi "Chtulu", une de mes préférées du disque. C’est la première chanson de l’album sur laquelle j’avais commencé à travailler. Une nuit, en trainant sur la plage avec Stu [Block, chant], nous avons parlé de ce qu’on allait faire dans l’album et il m’a dit qu’il voulait parler de l’océan. C’est un sujet large, du coup on a parlé de Chtulu, il a lu le livre entretemps, et on a pu l’écrire. Et il y a "Highway Man" aussi.

Iced Earth 2014

Pourquoi avoir choisi cette chanson en tant que reprise ?

C’est surtout grâce aux paroles. C’est une de  mes chansons préférées. J’adore la version originale de Jimmy Webb. Cela faisait un moment que je voulais la reprendre, et nous avons finalement pu le faire. Mais je ne l’aurais pas faite sans Michael Poulsen [chanteur de Volbeat] et Russell Allen [chanteur de Symphony X et Adrenaline Mob]. Pour moi, ça parle de notre fraternité, donc l’avoir dessus avec Russell Allen, c’est quelque chose de spécial, cette chanson fait partie des moments forts de ma carrière. D’ailleurs, certains de mes meilleurs amis du monde de la musique sont sur cet album. Hansi [Kürsch, chanteur de Blind Guardian], Russell, Michael et Stu, tous sur ce disque. Pour moi c’est une très belle chose de tous les avoir. Hansi chante dans la chanson "Among the Living Dead". Il a d’ailleurs enregistré des chœurs pour cinq ou six chansons.
Puisque vous êtes amis, vos tournées avec Volbeat ont bien dû se passer.

Que retiens-tu de ta dernière tournée avec Volbeat ?

Nous avions déjà tourné avec eux aux Etats-Unis et nous étions très contents de revenir en Europe avec eux. Michael Poulsen fait partie de mes meilleurs amis. Nous nous sommes vraiment amusés. Les équipes techniques de chacun de nos groupes sont comme des frères. Après le concert de Paris, il y a eu une tournée dans des salles plus grandes qui a commencé en Allemagne, du coup c’était une belle opportunité pour Iced Earth. En plus, je suis très fan de ce qu’ils font, quand tu vois toutes les influences que Michael a réussi à compiler, et créer quelque chose d’aussi spécial que Volbeat. Je pense que ce groupe a de belles années devant lui. Michael est un homme avec un grand talent et une grande intelligence, comme les autres du groupe, ce sont de bonnes personnes.

Tu as aussi cité Stu Block parmi tes meilleurs amis dans la musique. C’est son deuxième album en tant que chanteur d’Iced Earth, comment cette relation s’est-elle développée ?

Stu et moi partageons une grande amitié. Nous nous amusons beaucoup ensemble, que ce soit en tournée, en studio, pendant le processus d’écriture. Nous avons vécu pas mal de choses ensemble pendant la tournée de Dystopia, on a fait environ 150 concerts. Je pense que tu peux dire que tu connais quelqu’un à la fin d’une telle tournée. Quand tu passes ta vie avec des gens comme ça, dans les bus et les avions, tu ne veux plus les voir pendant un moment ensuite, mais avec Stu, on s’est retrouvé quatre ou cinq jours plus tard en train de parler au téléphone. L’amitié qui nous lie est très forte.

Parlons de l’implication de Stu dans le processus d’écriture de Plagues of Babylon.

Il s’est plus impliqué que n’importe quel chanteur qu’on a eu auparavant dans Iced Earth, en termes de paroles et de mélodies vocales. Je sais les écrire aussi, mais Stu a beaucoup de bonnes idées, donc on peut collaborer ensemble sur ses parties, ce qui est bien.

Jon et Stu, Iced Earth

Pour Dystopia, il était arrivé au moment où la musique était déjà écrite. Est-ce que cela a changé de l’avoir ici depuis le début.

Non, c’est la même chose. Les parties vocales font partie de ce dont on s’occupe en dernier, la musique est toujours là en premier. Du coup, son implication dans Plagues of Babylon est la même que dans Dystopia. J’ai écrit ça en Uruguay et il est venu pendant six semaines pour qu’on travaille ensemble. J’avais déjà cinq embryons de chansons sur lesquels on a pu commencer à travailler. En gros, il restait dans une autre pièce pour préparer ses mélodies vocales ou ses paroles pendant que je bossais sur de nouveaux arrangements, ça a très bien marché.

Qu’en est-il des autres influences musicales sur Plagues of Babylon. Y en a-t-il de nouvelles ?

Je ne pense pas. Parmi les nouveaux groupes existants, j’adore Ghost et Volbeat est mon groupe préféré du moment. Je reste influencé par les groupes avec lesquels j’ai grandi, comme Iron Maiden, Black Sabbath, Judas Priest

Assez de bonnes influences pour faire un bon album d’Iced Earth !

Oui, après, je n’ai jamais appris à reprendre de chanson avant qu’Iced Earth sorte son cinquième ou sixième album. Je n’ai jamais voulu jouer la musique des autres. Mais l’influence vient à toi juste en écoutant et se greffe à ton subconscient sans que tu ne puisses rien y faire. Aujourd’hui, c’est très rare qu’un groupe me rende dingue comme l’ont fait ceux avec lesquels j’ai grandi, mais Volbeat a réussi. C’est le premier groupe à me procurer cet effet depuis Metallica, j’étais jeune à l’époque. C’était Ride the Lightning qui m’a fait dire “What the fuck ?!”.

Raphael Saini et Luke Appleton ont respectivement enregistré la basse et la batterie sur Plagues of Babylon en tant que nouveaux membres. Comment cela s’est-il passé ?

Raphael est venu en un claquement de doigts. Brent [Smedley, ancien batteur du groupe] était parti et on avait besoin d’un batteur et il nous a bien aidés. Luke est génial. C’est un excellent bassiste. Il nous a pondu de belles lignes sur cet album, assez mélodique.

Ont-ils aussi participé aux arrangements ?

Non, pas vraiment. On a changé quelques trucs çà et là en studio, mais la plus grosse partie du travail s’est faite en Uruguay, j’ai travaillé les arrangements en détail là-bas.

On voit que la pochette de Plagues of Babylon est plus détaillée et agressive. On imagine qu’il y a un lien avec l’histoire de zombies.

Oui, clairement, nous avons aussi fait appel à un autre artiste qui a une approche plus réaliste. Quand il nous a approchés, je lui ai demandé de peindre notre mascotte, Set. Il n’apparait pas sur toutes nos pochettes, mais sur la plupart. Pour Plagues of Babylon, il faut qu’il y soit. J’étais très content de travailler avec cet artiste, parce qu’il a beaucoup de talent, on a pris du temps pour travailler ensemble à distance et, au final, je pense qu’on a là une de nos meilleures pochettes d’album. On va travailler ensemble à l’avenir.

Iced Earth cover 2014

Vous avez aussi sorti en 2013 un autre album, Live in Ancient Kourion, à Chypre. Peux-tu nous en parler ?

Il a été enregistré dans un ancien amphithéâtre, vieux de 6000 ans. Il était utilisé pour des combats de gladiateurs et diverses représentations par les Grecs et les Byzantins. Du coup, c’est un honneur pour Iced Earth de jouer dedans, d’autant qu’il y aura plus de groupes, le gouvernement l’a interdit après nous. Le promoteur avait réussi à avoir les autorisations, mais quand l’Etat a su ça, ils ont déclaré que cela ne se reproduirait plus. Rien à voir avec les fans et leur comportement, mais ils ne veulent pas que cela devienne récurrent. C’est un évènement spécial et les fans chypriotes sont excellents. Nous pensons faire notre prochain DVD à Mexico.

Tu vas bientôt revenir en Europe, pour une tournée en tête d’affiche. Que peux-tu dire dessus ?

J’espère que la tournée qu’on a faite avec Volbeat nous aide à amener du monde. Maintenant avec internet, on peut voir que, grâce à ça, les gens visitent plus nos pages Facebook et Wikipédia. J’espère maintenant que cela se ressentira dans les ventes d’albums et de places de concert. Je vois déjà en concert que certains étaient calmes au début de notre set et sont ensuite rentrés dedans. Ca montre qu’on arrive à les toucher.

Vous allez d’ailleurs tourner avec Warbringer, qu’en penses-tu ?

Ils ont déjà tourné avec nous aux Etats-Unis en tant que première partie aussi. Ce qu’ils font est très bien, ce genre de thrash metal old  school avec beaucoup d’énergie, c’est plaisant à voir.

Jon Iced Earth 2014

Je te laisse conclure pour les fans français.

Merci beaucoup de votre soutien, on se retrouve lors de notre prochaine tournée en tête d’affiche.

 



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